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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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chose impossible dans la vieille
basilique où reposait le tombeau du prince des Apôtres. Ce n’était qu’une
vieille église décrépite, à peine plus imposante que l’église d’un curé de
campagne avec son clocher de travers et son toit en pente sur trois étages de
voûtes en plein cintre. On avait bien effectué quelques réparations, mais l’ensemble
demeurait affligeant et surtout plein de courants d’air. La nouvelle chapelle
serait noble, très haute pour que la musique et les chants pussent y prendre
toute leur ampleur, et magnifiquement décorée afin que les siècles à venir
conservassent le souvenir du bâtisseur. Et Sixte, qui avait décidé de l’appeler
chapelle de la Conception, espérait, en son for intérieur, que son nom y
demeurerait attaché.
    En
voyant arriver le pape, les ouvriers qui travaillaient à vrai dire assez
mollement se mirent à manier la truelle avec ardeur tandis que les grosses
pierres s’envolaient au bout des palans. Dans l’espoir évident d’éviter l’orage
qui les guettait et ne les manqua pas. Sixte IV se mit à vociférer comme un
simple mortel, déployant en furieuses invectives sa voix qu’il avait forte,
belle, puissante et douée d’une grande éloquence. Architecte et travailleurs se
retrouvèrent bientôt à genoux dans la poussière et courbant humblement la tête
en attendant que la bourrasque cessât. Même un pape devait reprendre haleine de
temps en temps.
    Profitant
d’une accalmie, l’architecte Dolci plaida le mauvais temps, source de
nombreuses maladies qui s’abattaient sur ses ouvriers.
    – Ça
suffit ! coupa Sa Sainteté. Tu as toujours de bonnes excuses toutes
prêtes, signor Dolci. Mais moi je veux ma chapelle et je la veux vite. Je suis
las d’attendre !
    – Que
Sa Sainteté prenne encore un peu patience. Les fenêtres se terminent ainsi qu’Elle
peut s’en rendre compte, et j’espérais qu’Elle en serait satisfaite. Si hautes
et si larges, ne sont-elles pas nobles et d’une grande beauté ?
    Le
pape, soudain, se mit à rire :
    – C’est
bien dans ta manière, ça ! Je te fais des reproches mérités, et tu t’arranges
pour me tirer des compliments. Tes fenêtres sont belles, j’en conviens, mais un
toit par-dessus me ferait bien plus plaisir. Je suis fatigué de voir la pluie
tomber dans ma chapelle.
     
    Les
deux personnages qui accompagnaient le pape étaient restés un peu en arrière, à
l’abri d’une porte. L’un était le trésorier du Vatican, un financier retors du
nom de Meliaduce. L’autre était le cardinal vice-chancelier, un personnage
assez remarquable pour que l’on s’y arrête un instant. C’était un prélat de
belle mine et de complexion vigoureuse, très brun de peau sous une couronne de
cheveux d’un noir de jais, avec de grands yeux très sombres à fleur de tête. Le
long nez courbe aux narines sensibles, la bouche bien ourlée mais épaisse et
sensuelle dénonçaient le jouisseur, tandis que la splendeur un peu trop voyante
des habits de pourpre et d’hermine, les fortes mains brunes et le teint
olivâtre signalaient un étranger. En fait, le cardinal Rodrigo Borgia avait vu
le jour en Espagne, à Jativa, et y serait peut-être demeuré si son oncle,
archevêque de Valence, n’avait été élevé, quelques années plus tôt, au
pontificat suprême sous le vocable de Calixte III et n’avait importé avec lui
toute sa famille. Ce Rodrigo, habile et énigmatique, avait su mener sa barque
mieux que les autres et se retrouvait, à quarante-sept ans, le troisième
dignitaire de l’Eglise. Sans compter qu’il était, tout de suite après le
cardinal français d’Estouteville, le plus riche du Sacré Collège et pourvu de
nombreux biens.
    La
scène entre le pape et son architecte semblait l’amuser. Il se pencha vers son
voisin et murmura :
    – Savez-vous,
messer Meliaduce, comment ceci va se terminer ? Dolci va pleurer qu’il est
à court d’argent, que le travertin et le carrare ne cessent d’enchérir, que le
cuivre est hors de prix et qu’en résumé il ne peut faire plus avec ce qu’il a
reçu. Le Saint-Père va tonner un peu, puis il vous appellera et on vous
demandera d’ouvrir votre caisse.
    – Mais
elle est presque vide, ma caisse ! Où Votre Grandeur veut-elle que je
prenne l’argent ? Hier encore le neveu de Sa Sainteté, le comte Girolamo,
s’est fait donner trois mille ducats.
    – Vous
ne pensez pas m’attendrir avec une pareille misère ? Vous

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