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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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de Borgia était toujours là.
    – Cette
nuit, chuchota-t-elle, je vous accompagnerai jusqu’au mur pour vous montrer l’endroit
où j’ai jeté le voile. Reprenez confiance à présent ! D’autant qu’il ne
pleut plus...
    Ce n’était
qu’une accalmie. Pendant le repas du soir que les moniales prenaient toujours
au son d’une pieuse lecture, la tempête reprit de plus belle et Fiora,
incapable de s’intéresser à la Cité de Dieu de saint Augustin, écoutait avec
quelque inquiétude les rafales de pluie sur les vitres et le sifflement du vent
sous la porte du réfectoire. De temps en temps, elle cherchait le regard de sœur
Serafina, mais celle-ci offrait un visage tellement serein qu’elle finit par se
rassurer. Après tout, mieux valait, pour réussir une évasion, ce temps à ne pas
mettre un chien dehors qu’une belle nuit douce, claire et constellée d’indiscrètes
étoiles.
    Après
le dernier office et la révérence à la mère prieure, Fiora regagna sa cellule
pour y attendre que son amie vînt la chercher. Elle ne se déshabilla pas, se
contentant de s’étendre sur sa couchette après avoir soufflé sa chandelle.
Comme il faisait vraiment froid, Cherubina, toute à son chagrin, ayant oublié d’allumer
le brasero, elle étendit son manteau sur elle. Soudain, elle entendit un bruit
qui lui glaça le cœur : au-dehors, quelqu’un était en train de tourner la
clef dans sa serrure.
    La
déception fut si violente qu’elle faillit crier. Tous ses espoirs s’envolaient
d’un seul coup et elle allait devoir subir le choix abominable que lui avait
ménagé Hieronyma : épouser ce Carlo inconnu et qui d’avance lui répugnait
ou se laisser mener à la mort : l’autel ou l’échafaud !
    – Philippe !
gémit-elle du fond de sa détresse, pourquoi m’as-tu abandonnée ? Sans ta
passion de la guerre, nous serions heureux à présent.
    Combien
de temps resta-t-elle ainsi, les yeux grands ouverts sur les ténèbres de sa
chambre, écoutant le vent mugir sous la galerie et faire craquer les branches
des arbres ? Il était impossible de l’évaluer mais, de toute façon, elle
ne fermerait pas les yeux avant que. revienne le jour... Et puis, tout à coup,
il y eut à la porte un léger bruit et une forme noire, plus noire encore que l’obscurité,
se glissa jusqu’à son lit :
    – Vous
êtes prête ? chuchota sœur Serafina. Instantanément, Fiora fut debout :
    – Comment
avez-vous fait pour entrer ? Quelqu’un avait fermé ma porte et j’ai
entendu la clef tourner dans la serrure.
    – Sans
doute notre mère Girolama. La dame Boscoli a dû prendre ses précautions mais,
heureusement, on a oublié d’enlever la clef. Venez à présent, mais d’abord enveloppez-vous
dans votre manteau. Il faut être aussi peu visible que possible.
    Elle-même
se fondait complètement dans la nuit et, sans l’étreinte rassurante de sa main,
Fiora eût pu croire qu’elle parlait à un fantôme. L’une derrière l’autre, elles
sortirent dans le promenoir puis plongèrent à la fois dans la tempête et dans
le jardin. Fiora eut l’impression de s’enfoncer dans une forêt sous-marine. Il
n’y avait pas une branche, pas une feuille qui se tînt immobile et qui ne
secouât sa charge d’eau.
    – Je
n’y vois rien ! souffla-t-elle aveuglée par une gifle mouillée qui lui
arriva en pleine figure.
    – N’ayez
pas peur, je connais le chemin par cœur. Je pourrais vous conduire au mur les
yeux fermés.
    – Pour
ma part, qu’ils soient ouverts ou fermés ne change rien. Quelle nuit !
    – Réjouissez-vous-en !
Les gardes du couvent se sont mis à l’abri où ils pouvaient et, sur le marais,
il ne doit pas y avoir un chat. Tenez, nous arrivons !
    Peu à
peu, l’accoutumance venait et Fiora distingua, droit devant elle, une masse plus
noire encore qui était le mur couvert de plantes. Sœur Serafina guida la main
qu’elle tenait jusqu’à ce qu’elle se referme sur une branche épaisse :
    – Voilà
l’aristoloche. Grimpez ! Quand vous serez en haut, sifflez ! Ou je me
trompe fort ou celui qui vous attend doit être près du mur... Que Dieu vous
garde, à présent !
    A
tâtons, Fiora chercha la tête de la novice et l’embrassa.
    – Pourquoi
ne viendriez-vous pas avec moi ? J’ai peur que vous ne soyez en danger
quand on s’apercevra de ma fuite.
    – Soyez
sans crainte. Même si mère Girolama se doutait de quelque chose, elle n’en
soufflerait mot. Elle

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