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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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m’aime bien, alors qu’elle déteste le pape, sa tribu et
ses amis. Je suis sûre qu’au fond d’elle-même, elle se réjouira de leur
déconvenue.
    – Elle
m’a tout de même enfermée dans ma chambre ?
    – Simple
acquit de conscience. Elle a laissé la clef sur la porte. Quand vous le
reverrez, embrassez Battista pour sa cousine Antonia et dites-lui...
    – Remettez-vous
en à moi. Je sais exactement ce que je lui dirai.
    Avec décision,
Fiora empoigna une brassée de branches dégoulinantes d’eau et commença à
grimper vers le sommet du mur. Elle y arriva sans trop de peine, mais dut s’agripper
pour ne pas être emportée par le vent qui frappait là de plein fouet. Une voix,
alors, lui parvint :
    – Ne
sifflez pas ! Je suis là ! Je vous ai entendue venir. Descendez
doucement à présent pour ne pas rompre l’équilibre de la barque.
    Elle
se retourna sur son mur et tâtonna avec ses pieds pour trouver des appuis.
Cette descente lui parut durer un temps infini. Et soudain, une main se referma
sur une de ses jambes, puis sur les deux.
    – Je
vous tiens. Laissez-vous aller !
    Elle
glissa, mais les mains en question étreignaient déjà sa taille, et elle se
retrouva sur un plancher mouvant qui ne pouvait être que celui de la barque. L’homme
la tenait contre lui fermement et, à sa grande surprise, elle respira un
délicat parfum d’ambre. Pourtant, ce qu’elle touchait était une étoffe rude,
une bure quelconque, et d’ailleurs la grande silhouette qu’elle distinguait à
peu près était celle d’un moine.
    – Je
vous demande pardon pour ces jours d’attente, dit-elle doucement. Ce temps
abominable...
    – Chut !
Nous causerons plus tard. Asseyez-vous là et ne bougez plus !
    Il l’installa
au fond de l’esquif, puis, empoignant une longue perche, la plongea dans l’eau
vaseuse et se dirigea vers la rive. Mais, sur les derniers mots, il avait parlé
presque normalement et Fiora avait identifié en même temps la voix et le
parfum. Tous deux appartenaient au cardinal Borgia. Elle ne put garder pour
elle sa découverte :
    – Comment,
Monseigneur ? Vous êtes venu vous-même ? C’est vous qui avez attendu
tous ces jours ?
    Elle l’entendit
rire doucement :
    – Tout
de même pas. Mon absence aurait été trop remarquée au Vatican. Simplement, mon
serviteur avait ordre de me prévenir dès que vous feriez le signal. A présent,
taisons-nous ! Ce marais passe pour hanté, mais on comprendrait mal que
des fantômes s’y entretiennent aussi agréablement que dans une salle de
compagnie.
    Fiora
garda le silence, tandis que son compagnon se consacrait à la navigation que le
vent ne facilitait pas et qui devint plus difficile encore quand ils eurent
quitté l’abri du mur. La barque glissait lentement sur l’eau épaisse et,
parfois, traversait des bouquets de roseaux qu’elle froissait. En dépit du
froid, l’odeur de vase et de végétaux pourrissants était pénible et, dans son
manteau trempé, Fiora frissonnait. Pas seulement parce qu’elle se sentait
mouillée. Un peu de crainte augmentait son malaise à se sentir aussi
complètement livrée à cet homme à qui elle n’arrivait pas à accorder une pleine
confiance. Qu’il fût venu la chercher lui-même était stupéfiant et ne s’expliquait
pas de façon rationnelle. A moins qu’il n’espérât un paiement que la jeune
femme ne se sentait pas disposée à lui donner...
    Le
petit bateau entra une dernière fois dans les roseaux, heurta quelque chose de
dur et ne bougea plus.
    – Tu
as réussi, Monseigneur ? fit une voix en espagnol.
    – Oui.
Va chercher les chevaux puis, quand nous serons partis, tu couleras la barque.
    Les
chevaux étaient abrités dans la maison en ruine que sœur Serafina avait
signalée à Fiora. Borgia prit Fiora par la taille et la hissa sur l’un d’eux
car elle était trop transie pour l’escalader seule, puis il sauta sur le sien avec
une légèreté qui trahissait une longue habitude. Il se pencha alors, et prit la
bride de Fiora :
    – Je
vais vous guider. Nous avons un bout de chemin à faire et malheureusement nous
ne pouvons pas aller vite car il nous faut passer par des rues qui sont de
vraies fondrières. Tenez-vous bien... et tâchez de ne pas trop claquer des
dents ! Vous avez froid à ce point ?
    – Je
suis gelée !
    – N’y
pensez plus ! Quand nous arriverons, vous trouverez tout ce qu’il faut
pour vous réconforter. Gardez votre esprit fixé

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