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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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livré alors à la foule qui s’y roulait avec délices
dans le plus joyeux pillage.
    Borgia
frappa d’une certaine manière à une petite porte, située en retrait du grand
portail, et qui s’ouvrit instantanément, libérant un flot de lumière qui s’étala
sur la rue boueuse. Il voulut faire entrer Fiora, mais celle-ci n’en avait pas
fini avec leur sauveur :
    – Je
n’oublierai pas ton nom, dit-elle chaleureusement, et j’espère te revoir un
jour.
    – Pourquoi
ne viendrais-tu pas t’asseoir à ma table quelque jour ? proposa Borgia. Tu
es moins sauvage que tu le prétends et je sais que tu hantes certaines maisons.
    – Alors
oublie-les, car ce sont celles de gens qui ont, ont eu ou auront maille à
partir avec le Vatican. L’Infessura chez le vice-chancelier de l’Eglise ? Tu
deviendrais peut-être suspect, mais moi je le serais sûrement, au moins à mes
propres yeux.
    – Garde
dans ta mémoire cependant, homme libre, que cette demeure est un lieu d’asile.
Tu pourrais en avoir besoin.
    – Garde
cela dans ta propre mémoire, Monseigneur ! J’espère que ta maison sera un
véritable refuge pour ta jeune compagne... et rien que cela ! Quant à moi,
si le pape décide un jour de me supprimer, je ne l’attendrai pas et saurai
mourir en Romain. La mort de Pétrone m’a toujours séduit, même s’il n’avait
rien d’un républicain ! Les dieux te gardent, jeune femme !
    – Tu
aimerais peut-être mettre un nom sur mon visage, dit celle-ci vivement. Le mien
est Fiora.
    – Merci
de me le confier, mais dans peu d’heures je saurai tout de toi. Quel que soit
le lieu d’où tu as fui, les voix de la rue me l’apprendront...
    Il se
fondit dans la nuit avec ses chiens tandis que Fiora se laissait entraîner
enfin à l’intérieur du palais, non sans un obscur regret. Cet homme « libre »
ne ressemblait à aucun autre.
     
    La
demeure de Rodrigo Borgia, elle non plus, ne ressemblait à aucune autre et
Fiora crut entrer de plain-pied dans l’un de ces fabuleux palais d’Orient
décrits, jadis, par le voyageur vénitien Marco Polo et d’autres conteurs plus
récents rencontrés chez son père, ayant pu approcher les fastes turcs du
Sultan. De son Espagne natale marquée par la splendeur des rois maures, le
cardinal avait apporté le goût des pavements précieux, des plafonds sculptés
dorés et peints comme évangéliaires, des couleurs éclatantes. Ses armes – taureau
d’or sur champ de gueules – sommées du chapeau cardinalice frappaient le dessus
des portes et le cuir des sièges. Partout, ce n’étaient que tapis précieux,
coussins énormes, tentures de brocart et lits de parade tendus des plus riches
étoffes. La vaisselle d’or, d’argent ou de vermeil, les aiguières et les coupes
enrichies de pierreries surchargeaient les dressoirs et les crédences au point
de fatiguer le regard. Et Fiora, qui avait pu contempler à loisir le faste guerrier
du Téméraire et sa splendeur pleine de majesté, finit par trouver que ce
palais-là, si éloigné de l’élégance florentine, faisait un peu nouveau riche.
    En
fait, au moment de son arrivée, Fiora ne distingua pas grand-chose de toutes
ces magnificences. Elle ne fit qu’entrevoir un univers de pourpre et d’or où il
faisait délicieusement chaud et où une grande femme au teint jaunâtre la
dépouilla de ses vêtements humides et maculés de boue, l’enveloppa dans un drap
un peu rêche dont elle la frictionna vigoureusement jusqu’à ce qu’elle cesse de
claquer des dents. Puis, l’enlevant dans ses bras avec autant d’aisance que si
elle eût été une enfant, elle la porta dans un grand lit si moelleux que la
jeune femme eut l’impression de plonger dans de la plume, rabattit sur elle les
draps de soie, lui fit boire une tisane tenue au chaud près de la cheminée,
alluma la veilleuse dorée du chevet, souffla les chandelles et quitta la
chambre sans faire le moindre bruit. Déjà Fiora s’était endormie et volait à
tire-d’aile vers cet ultime refuge des malheureux : le pays du rêve.
    Quand
elle en redescendit, vers le milieu du jour, elle trouva la réalité amère car
elle ne se sentait pas bien du tout : des frissons couraient le long de
son dos, sa gorge lui faisait mal et elle se mit à éternuer une demi-douzaine
de fois, ce qui attira auprès d’elle la femme qu’elle avait vue la veille et qu’elle
avait fini par croire intégrée à ses songes. En outre, elle avait la

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