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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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monde pénétra dans
l’auberge où Magdelaine, qui ressemblait fort à son frère de par son tour de
taille et son bon visage épanoui, embrassa Léonarde et offrit à Fiora sa
meilleure révérence. Puis elle les précéda dans l’escalier pour les conduire à
la plus belle chambre de la maison, une grande pièce blanchie à la chaux mais
réchauffée d’une tapisserie de laine, à personnages, meublée d’un grand lit à
courtines de velours vert et de quelques beaux meubles bourguignons luisants de
bonne santé et de cire fine dont le parfum embaumait plus encore que le grand
bouquet de genêt qui mettait un éclaboussement de soleil sur un coffre de chêne
sculpté.
    Léonarde
la reconnut aussitôt car, en dépit des années écoulées, cette chambre, grâce au
plus soigneux entretien, était celle-là même où Francesco Beltrami avait
rapporté l’enfant arrachée à la fureur haineuse de Regnault du Hamel, le mari
de sa mère, et où la petite Fiora avait reçu le baptême. Elle l’apprit à cette
grande Fiora qui regardait autour d’elle avec des yeux pleins d’émotion et
choisit de l’y laisser seule un moment pour redescendre à la cuisine où elle
était certaine de rencontrer maître Huguet. Tout à l’heure, en effet, elle lui
avait trouvé un son de voix bizarre quand il avait constaté que Francesco
Beltrami n’était pas venu à la Croix d’Or depuis longtemps, un peu comme s’il
en éprouvait de la satisfaction. Il aurait aussi bien pu ajouter, du même ton :
« Dieu en soit loué ! » Et la vieille demoiselle tenait à savoir
pourquoi.
    Elle
surprit son cousin occupé à mesurer les précieuses épices qu’il destinait à un
pâté de veau dont un de ses marmitons avait entrepris la confection. Sachant l’importance
d’une telle opération, elle attendit qu’il en eût terminé puis l’entraîna à
part dans la petite pièce où l’aubergiste faisait d’ordinaire ses comptes :
    – Tirez-moi
d’un doute, mon cousin ! Tout à l’heure, lorsque vous avez dit n’avoir pas
vu messire Beltrami depuis longtemps, il m’est apparu que vous n’en étiez pas
autrement désolé ?
    – Comment
pouvez-vous penser cela, Léonarde ? C’était un si bon client...
    – ...
et un client qui, la dernière fois, vous a laissé une belle somme en paiement
des petites choses inhabituelles qu’il vous avait demandées. Les... folies de
ce brave homme vous ont rapporté pas mal d’or. Cela pourrait justifier pour le
moins un regret ?
    Les
joues vernies de maître Huguet passèrent au rouge ponceau et il jeta un rapide
regard à la cuisine en pleine activité pour s’assurer que personne n’écoutait :
    – Pas
mal d’or, en effet mais aussi pas mal d’ennuis. Avez-vous l’intention de
séjourner ici longtemps ?
    – Eh
bien, fit Léonarde estomaquée, vous pouvez vous vanter d’avoir une curieuse
façon de comprendre l’hospitalité, sans parler de votre sens du commerce !
Nous pouvons payer largement, vous savez ?
    – Je
n’en doute pas mais vous comprendrez mieux tout à l’heure qu’en disant cela je
ne pense pas seulement à moi mais aussi à vous et surtout à cette belle jeune
femme. Qui pourrait imaginer, à lui voir cette allure de reine, qu’elle est la
même que ce pauvre petit être...
    – Vous
célébrerez la beauté de donna Fiora plus tard ! Dites-moi plutôt ce qui s’est
passé ici après notre départ !
    La
voix de l’aubergiste baissa de plusieurs tons au point que sa compagne dut se
pencher pour mieux l’entendre :
    – Une
véritable catastrophe ! On avait négligé de nous dire que la petite fille « trouvée »
était, en réalité, l’enfant de ces deux malheureux exécutés le jour même... Et
nous ne savions pas davantage que messire Beltrami avait abandonné le sire du
Hamel, ligoté et bâillonné, dans l’ancien hospice des pestiférés où il a failli
mourir de froid...
    -Failli
seulement ? C’est bien dommage ! Quant au reste, je ne vois pas
pourquoi on vous en eût fait part. Messire Francesco était homme à savoir ce qu’il
faisait et ne jugeait pas utile de le crier sur les toits. Ainsi du Hamel en a
réchappé ? Qui est l’auteur de ce joli coup ?
    – Un
paysan qui passait par là en allant aux tanneries et qui a entendu des
gémissements. C’est lui qui a appelé à l’aide. Mais vous étiez déjà partis
depuis plus de vingt-quatre heures...
    – C’est
encore heureux ! Et comment cela s’est-il

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