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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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apparaître démentiel : abattre Charles le Téméraire, l’homme
qui était peut-être le plus puissant d’Europe et cela, selon toute
vraisemblance, au milieu de l’armée qu’il ne quittait plus depuis qu’il s’était
mis en tête de devenir roi. Mais Démétrios croyait fermement aux miracles et,
plus encore, à son inflexible volonté...
    En
fait, autour de cette table, Esteban était à peu près le seul à trouver la vie
vraiment belle. Il avait goûté pleinement, en amoureux des grands horizons, le
voyage depuis Florence, au long du rivage méditerranéen puis à travers la
Provence pour rejoindre les vallées du Rhône et de la Saône. A présent, il
découvrait, après quelques autres libations en chemin, la magnificence des vins
de Bourgogne... et y prenait un plaisir extrême. Les yeux mi-clos et la mine
épanouie il ne voyait pas plus loin, pour l’instant, que son gobelet empli d’un
chaleureux vin de Chambertin...
    Léonarde
ne s’était guère mêlée à la conversation dont Démétrios avait heureusement fait
les frais en homme qui a beaucoup vu et beaucoup retenu. Elle attendit que le
dernier plat eût été emporté et la table débarrassée à l’exception d’une ultime
bouteille. Elle avait conscience, en effet, de ce que pouvait représenter d’exceptionnel
cette réunion avec le jeune Brévailles. Fiora souriait et c’était quelque chose
qui importait fort à sa gouvernante.
    Néanmoins,
quand la porte de la chambre se fut refermée sur le dernier valet, elle se
leva, marcha vers la cheminée où l’on avait allumé un feu en raison de la
fraîcheur du soir, lui tendit ses mains qu’elle frotta un instant l’une contre
l’autre. Puis, se retournant, elle fit face à ses compagnons. Esteban étant
précisément en train de constater que cette auberge de la Croix d’Or était sans
aucun doute la meilleure de toute la chrétienté :
    – C’est
certainement vrai, le coupa-t-elle. Le malheur est que nous ne puissions guère
y séjourner longtemps. J’ai un certain nombre de choses à vous dire...
    Tous
parurent se figer : Fiora assise au pied du lit, Démétrios sur la bancelle
près de la cheminée, Christophe sur un escabeau. Seul Esteban alla remplir son
verre une dernière fois mais il ne souriait plus. Tous avaient conscience que l’instant
privilégié venait de prendre fin...
     

CHAPITRE II LA MAISON SUR LE
SUZON
     
     
     
    La
décision de Fiora fut instantanée : puisque Regnault du Hamel habitait
Dijon, elle y resterait tout le temps qu’il lui faudrait pour débarrasser cette
terre de l’homme qui avait martyrisé sa mère et tenté de massacrer un bébé Mais
l’appréhension justifiée que montrait maître Huguet à garder chez lui des
voyageurs compromettants posait un cas de conscience car la peur est mauvaise
conseillère. Dans une autre auberge, d’ailleurs, le risque encouru serait le
même :
    – La
meilleure solution, suggéra Démétrios, me paraît de louer, si cela est
possible, une maison pas trop éloignée de celle qui vous intéresse. Pour une
affaire de ce genre, il faut savoir prendre son temps, étudier les habitudes de
l’ennemi, épier... et patienter.
    La
patience ! Elle était l’arme préférée du médecin grec et il s’efforçait
inlassablement d’inculquer cette rare vertu à celle dont il faisait, jour après
jour, à l’aide d’une infinité de petites leçons, la meilleure des élèves... Ce qui
n’était pas le cas d’Esteban.
    – Nous
n’allons tout de même pas nous installer ici : protesta-t-il. Ne
devons-nous pas aller à Paris ?
    – Chaque
chose en son temps. Nous avons largement celui de rejoindre le roi, qui d’ailleurs
n’est pas à Paris Et, pour l’heure présente, c’est ici que nous avons à faire
Est-il possible de nous trouver un logis convenable pour quelques semaines,
dame Léonarde ?
    – C’est
toujours possible. Reste à savoir si nous en trouverons un bien situé !
    C’est
le problème qu’elle alla, dès le matin, soumettre à Magdelaine, la jeune sœur
de maître Huguet qu’elle avait connue lorsqu’elle avait l’âge de Fiora et qui
avait témoigné, en la revoyant, d’une joie sans arrière-pensée. Il y aurait, de
ce côté-là, une aide assurée sans qu’il soit besoin, peut-être, de nombreuses
explications.
    Magdelaine,
en effet, était une âme simple. Elle écouta sagement Léonarde lui exposer que
ses « maîtres », séduits par la beauté de la ville et

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