Fiora et le Téméraire
de la région,
souhaitaient séjourner quelque temps à Dijon et donc y découvrir une maison
agréable à habiter, au centre si possible, pour n’être pas trop éloignés des
halles, etc. Elle se montra enchantée d’une idée qui allait lui permettre de
rencontrer pendant quelque temps cette chère Léonarde mais lui fit remarquer,
avec un brin d’amour-propre froissé, que l’auberge de son frère était malgré
tout et sans conteste l’endroit le plus agréable pour tout séjour, fût-il long.
– A
condition d’être en bonne santé, riposta Léonarde. Or donna Fiora est
souffrante ce matin. Le long voyage depuis Florence l’a fatiguée. Elle a besoin
de repos et de calme. En outre, messire Lascaris, qui est un savant, n’aime pas
séjourner trop longtemps dans une hostellerie, même aussi bonne que la nôtre.
Il a en cours d’importants travaux et il lui faut le silence d’une pièce bien à
lui...
– Mais,
objecta Magdelaine qui, bien qu’étant une âme simple, ne manquait ni de logique
ni de mémoire, je croyais que ce grand médecin se rendait auprès du roi de
France ?
Démétrios
prévoyait cette objection lorsqu’il fit remarquer à Léonarde qu’elle avait eu
la langue trop longue...
– Le
roi est aux armées en ce moment et ne nous attend qu’à l’automne. Nous le rejoindrons
alors en son château du Plessis-lès-Tours sur le fleuve de Loire...
Ainsi
éclairée, Magdelaine se déclara satisfaite et ajouta même qu’elle aurait
peut-être le moyen de contenter rapidement cette amie d’autrefois :
– Avez-vous
gardé souvenance, lui dit-elle, de la noble dame Symonne Sauvegrain qui est
veuve de l’ancien gouverneur de la Chancellerie, messire Jehan Morel ?
– Celle
qui fut autrefois la nourrice du Téméraire et qui, en échange de son lait, a
reçu un titre de noblesse ?
– Plus
récemment encore, elle a donné, pendant près de trois ans, ses soins à la jeune
princesse Marie, fille unique de notre duc, ce dont Monseigneur lui garde de la
reconnaissance.
– Si
je me souviens bien, feu Jehan Morel avait fait construire un grand et bel hôtel
rue des Forges ?
-Un
hôtel devenu trop grand pour dame Symonne. Elle y vit seule avec son fils
Pierre depuis le mariage de sa fille Ysabeau et je suppose qu’elle louerait
volontiers le bâtiment qui est voisin du Suzon. Voulez-vous que j’aille voir
son intendant ?
– Allons-y
ensemble ! Le temps de m’habiller pour sortir et de demander à donna Fiora
si elle serait d’accord...
C’était
d’ailleurs façon de pure révérence car Fiora n’avait aucune raison de refuser
une maison située presque en face de celle de son ennemi et, donc, à un
emplacement stratégique inespéré.
La
maison que Jehan Morel avait construite, quarante ans plus tôt, pour sa femme à
laquelle il vouait une vraie dévotion, était, avec ses fenêtres en double
accolade, ses vitraux de couleur et l’élégant balustre sculpté qui soulignait
son toit de tuiles brillantes, l’une des plus belles de la ville. Construite en
U, son bâtiment arrière avait vue sur le Suzon, et possédait une installation
indépendante qui permettait de l’isoler du reste de l’hôtel. Ce pavillon se
composait d’une salle commune, d’une cuisine et de quatre petites chambres. Ce
n’était certes pas immense mais c’était commode, bien meublé et, surtout, l’orientation
de certaines des fenêtres permettait d’observer les allées et venues du logis
appartenant à du Hamel. Seule la largeur du Suzon qui, à cet endroit,
disparaissait sous la rue du Lacet séparait les deux maisons. Quant à l’entrée,
elle donnait sur la rue des Forges ce qui la laissait hors de vue puisque, pour
atteindre la porte, il fallait traverser par un couloir toute la largeur de l’hôtel
Morel-Sauvegrain et une cour que l’on franchissait sous galerie.
Pensant
que c’était vraiment là un présent du ciel, Léonarde se hâta de conclure
engagement et versa trois mois de location à Jacquemin Hurtault, l’intendant
des Morel qui fournissait en outre une servante pour l’entretien... Le prix
était au demeurant raisonnable compte tenu du fait que la maison, confortable,
ne manquait de rien.
Pendant
ce temps, dans sa chambre, Fiora causait avec Christophe qui avait souhaité lui
parler. Grâce à Esteban qui avait couru la ville dès potron-minet pour lui
procurer des vêtements convenables, le jeune homme avait à présent meilleure
allure avec son
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