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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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soin...
    – Philippe !
cria Fiora voyant qu’il remettait le pied à l’étrier, tu ne vas pas me quitter ?
    Elle
se leva, courut à lui mais il était déjà en selle et son sourire s’effaça :
    – Il
le faut, Fiora ! On se bat là-bas et mon prince n’a guère de chances d’emporter
la journée. Je dois le rejoindre ! Merci à vous, amis, et merci à
monseigneur René qui, en vrai chevalier, m’a permis de rejoindre les miens une
fois ma femme à l’abri...
    – Philippe !
hurla Fiora à s’en faire éclater le cœur, reste ! Tu vas te faire tuer !
    – J’espère
bien que non, parce que je t’aime !
    Il
piqua des deux et Fiora voulut s’élancer sur sa trace mais Mortimer la saisit à
bras-le-corps et la retint :
    – Restez
tranquille ! fit-il rudement. Il ne vous par donnerait pas de ne pas le
comprendre : il y va de son honneur !
    Au
même instant, le mugissement lugubre des grandes trompes montagnardes se fit
entendre. Il était un peu plus de midi et la bataille était engagée...
    Elle
ne dura guère en dépit de la défense désespérée de la petite armée
bourguignonne. Tel un bélier gigantesque, la phalange suisse hérissée de piques
avait jailli de la forêt de Saurupt pour enfoncer par le travers les troupes
ennemies qui devaient faire face en même temps à l’assaut frontal des Lorrains.
Deux ou trois fois encore, tandis que l’armée se débandait, que Galeotto blessé
se retirait vers la Meurthe avec ce qu’il restait de ses hommes, on aperçut
dans la mêlée le Téméraire qui se battait furieusement avant de disparaître...
    Au pas
lent de son cheval, Démétrios longeait le ruisseau Saint-Jean, se dirigeant
vers l’étang du même nom. Les cadavres couvraient le sol où la neige, sous les
piétinements, était devenue boue sanglante. Déjà les pillards, habituels
vautours des champs de mort, étaient à l’ouvrage cependant que sonnaient
éperdument toutes les cloches de la ville délivrée.
    En
arrivant près de l’étang, le Grec crut entendre une plainte, un faible appel.
Il mit pied à terre et prit son sac de médecine. L’étang était gelé mais la
glace avait cédé par endroits sous le poids des corps sans vie. Avec
précaution, il s’avança parmi les roseaux, tâtant le sol de la pointe du pied
avant de le poser. La plainte se fit plus proche et, soudain, il le vit. Couché
au milieu des plantes givrées, les pieds trempant dans l’eau, son armure dorée
souillée de sang. Le Téméraire était là, devant lui, une longue pique enfoncée
dans sa poitrine, une autre transperçant l’une de ses cuisses. Le casque au
lion d’or reposait contre son épaule mais Démétrios n’avait pas besoin de cet
emblème pour reconnaître l’homme qu’il haïssait depuis si longtemps.
    Le
blessé sentit sa présence et ouvrit les yeux :
    – Sauve...
Bourgogne ! souffla-t-il et Démétrios se pencha. Son ennemi était là,
pantelant, à sa merci. Il n’avait qu’un geste à faire pour assouvir enfin sa
vengeance et déjà sa main cherchait à sa ceinture la poignée de la dague mais
il entendit :
    – Au
nom du Dieu vivant... aidez-moi !
    Alors,
le Grec se souvint qu’il était médecin et qu’en aucun cas un médecin n’a le
droit de tuer. Ses mains qui allaient frapper n’étaient pas faites pour cela
mais pour panser les plaies, pour soigner et pour guérir... et le goût amer de la
vengeance quitta sa bouche Empoignant l’arme qui clouait le corps au sol, il la
tira lentement avant de la jeter au loin, puis il déboucla l’armure et l’ôta
avec d’infinies précautions :
    – Ne
bougez pas, dit-il. Je suis médecin... Je vais vous soigner puis j’irai
chercher de l’aide...
    Il se
détourna et se releva pour chercher son sac qu’il avait déposé derrière lui. Le
coup arriva à cet instant. Lancée d’une main sûre, une hache vint s’enfoncer
dans le crâne de Charles qu’elle ouvrit. Le duc expira aussitôt et Démétrios,
stupéfait, regarda fuir l’assassin. Il n’y avait plus rien à faire. Cette fois,
le Téméraire était bien mort... et la Bourgogne avec lui sans doute.
    Le
Grec resta là un moment, à le contempler, cherchant en face de cette dépouille
tragique à retrouver sa vieille hargne. Les armes de Lorraine qu’il portait sur
sa manche le préservaient des hommes à la recherche d’un butin quelconque et l’on
s’écartait de sa silhouette noire penchée sur ce nid de roseaux où commençait à
se

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