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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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tenait sa cour au château de Senlis. Cour étrange, dont
les dames étaient absentes à l’exception d’une seule et qui ressemblait plus à
un conseil de guerre qu’à l’habituelle réunion d’un souverain qui souhaite
prêter l’oreille aux doléances de son peuple. Il y avait là plus d’armures que
de pourpoints et de justaucorps. A peu près seul de son espèce, Louis XI
portait une longue robe vert sombre ouverte devant pour laisser passer ses
jambes maigres vêtues de chausses noires et ses pieds chaussés de poulaines de
cuir qu’il tenait croisés. Sur le chapeau dont la pointe offrait un parallèle
amusant avec son long nez, les médailles brillaient, astiquées. Ainsi vêtu, il
offrait un contraste frappant avec les cottes de soie multicolores, les chaînes
d’or dont se parait son entourage, et les tenues superbes de la Garde
Ecossaise. Quelques-uns de ses amis se tenaient auprès de lui : le vieux
seigneur du Bouchage et le seigneur du Lude qu’il avait surnommé « Jean
des Habilités », Tanneguy du Chastel, mais aucun de ceux-là n’était
vraiment appelé en ses conseils. Seul, Commynes, le plus jeune pourtant,
pouvait, à Senlis, se targuer de ce titre auprès d’un souverain dont on disait
que « son cheval portait tout son Conseil ». Il était debout auprès
de lui, prêt à répondre au moindre signe... Un grand lévrier blanc, « Cher
Ami », le favori, était couché aux pieds de son maître qui siégeait sous
un dais fleurdelisé.
    Seule
exception féminine dans cette assemblée d’hommes, et parce qu’elle y avait été
conviée impérieusement, Fiora, vêtue de noir, ses cheveux sévèrement tressés
couverts d’une coiffe basse en velours dont les pans n’en laissaient pas
dépasser une mèche, était debout auprès de Démétrios dont la haute silhouette
la masquait en partie. Rarement, elle s’était sentie aussi fébrile car depuis
trois jours elle tournait en rond dans sa chambre d’auberge sans parvenir à
entreprendre quoi que ce soit de valable, hantée par la pensée qu’à chaque
instant Philippe pouvait être conduit au supplice, et se raccrochant au faible
espoir que lui avaient laissé les dernières paroles du roi ; « Nous
reparlerons de tout cela à loisir... »
    Elle
avait espéré d’abord que Démétrios serait mandé auprès du souverain et qu’elle
pourrait l’accompagner, mais il n’en avait rien été.
    – Je
croyais qu’il ne pouvait pas se passer de toi ? fit-elle presque
agressive.
    – Il
ne peut surtout pas se passer de l’onguent que je lui ai concocté avec des
feuilles de sureau et de ronce broyées dans la graisse fine et que l’on
applique sur ses hémorroïdes après lavage avec une décoction froide de
millepertuis. Il s’en trouve à merveille...
    – Tellement
bien qu’il n’aurait plus même besoin de toi ! N’importe quel médicastre
peut se servir de ta recette...
    – A
condition de la connaître et je ne donne jamais mes compositions. Sauf à toi,
bien sûr. Sois tranquille, le roi aura encore besoin de moi...
    L’avant-veille,
n’y tenant plus, Fiora avait réclamé son cheval. Elle savait que Compiègne n’était
pas loin et elle voulait s’y rendre dans l’espoir d’apprendre quelque chose, si
peu que ce soit, sur Philippe, mais elle s’était aperçue, alors, que s’il était
aisé d’entrer dans Senlis, il l’était beaucoup moins d’en sortir sans un ordre
du roi ou du gouverneur de la ville. La voyant au bord des larmes, Démétrios s’était
efforcé de la réconforter.
    – Prends
patience ! Je suis persuadé que messire de Selongey n’est pas en danger
immédiat. En te faisant venir, notre sire, comme dit le jeune Commynes, avait
bien une idée derrière la tête puisqu’il n’ignore rien des liens matrimoniaux
qui t’attachent à son prisonnier. Il faut lui laisser le temps de l’exprimer...
    – Parlons-en
de Commynes ! Lui aussi a complètement disparu ! On ne l’a pas revu.
    On le
revit au matin de ce troisième jour. C’est lui qui vint signifier aux deux
étrangers de se rendre au château pour le plaid royal. Quant à Esteban, il
était demeuré fermement suspendu aux basques de fray Ignacio grâce à qui il n’avait
pas raté un seul office. L’unique promenade un peu divertissante avait été
quand le moine, voulant se rendre à l’abbaye de la Victoire, s’était fait
refouler par les gardes de la ville. En dépit de la protection de

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