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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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était assez claire pour que l’on pût se
priver d’éclairage. Fiora s’installa auprès du Grec et demanda :
    – En
vérité, je ne sais que penser de cet homme. Il me déroute. Il semble la
franchise, la loyauté, l’honnêteté mêmes et il doit être facile de lui accorder
son amitié, pourtant...
    – Tu
ne vas pas, à présent, lui reprocher d’avoir abandonné le Téméraire pour le roi
Louis ?
    – Ne
le devrions-nous pas ? Dans toutes les langues du monde, c’est un traître ?
    – Pas
dans la mienne, car la faute n’incombe pas au sire de Commynes mais bien à ce
prince démesuré, fou d’orgueil et inaccessible à tout sentiment humain qui n’a
pas su retenir un tel serviteur. Car je te le dis, c’est un grand serviteur que
ce Commynes et il est allé naturellement vers une intelligence en laquelle il
reconnaissait la sienne. Il a l’étoffe d’un homme d’Etat et Louis XI ne s’y est
pas trompé... Il sait que l’on a les dévouements que l’on mérite. Le Téméraire
ne le sait pas et ne le saura jamais...
    – Il
a su s’attacher pourtant... messire de Selongey, murmura Fiora avec amertume...
    – Parce
qu’ils se ressemblent : ce sont des hommes de guerre, de ces féodaux que
ceux de Florence redoutent et méprisent un peu parce qu’ils achètent leurs
services. Ton Philippe est le reflet que le Téméraire peut voir s’il lui arrive
de se regarder au miroir.
    – Ce
n’est pas mon Philippe !
    – Et
cependant ton cœur est ravagé d’angoisse depuis que tu le sais voué à l’échafaud.
Ne dis pas non. Je lis en toi comme dans un livre, tu le sais bien.
    – Tu
lis aussi dans l’avenir. Va-t-il mourir ?
    – Je
n’en sais rien. Pour te répondre, il faudrait que je sois auprès de lui...
    – Mais
tu es près de moi ! Que vois-tu ?
    – Une
longue route, le fracas des batailles... du sang et des larmes. M’écouteras-tu,
Fiora, si je t’ordonne de retourner à Paris, auprès de Léonarde et des Nardi ?
Les combats qui se préparent sont trop rudes pour une femme. Je t’aime assez
pour souhaiter te les épargner.
    – Je
ne veux pas être épargnée, fit-elle avec une soudaine violence. Je hais le
Téméraire plus encore aujourd’hui que je ne le haïssais hier. Et si Philippe
venait à mourir à cause de lui...
    Un
bruit de course dans la rue lui coupa la parole. Elle reconnut la silhouette
trapue d’Esteban qui rentrait à l’auberge après une soirée passée sans doute
dans quelque cabaret avec les soldats qui protégeaient la ville. Depuis qu’il
avait quitté Paris, le Castillan aspirait l’odeur violente de la guerre par
tous les pores de sa peau et il ne perdait jamais une occasion de s’approcher
des troupes pour partager, ne fût-ce qu’un instant, une vie pour laquelle il
avait de tout temps été créé. Démétrios n’ignorait rien de cette attirance. Il
fallait qu’Esteban fût vraiment attaché à lui pour résister à son envie de s’engager.
Mais résisterait-il encore longtemps dans ce pays où l’on rencontrait plus d’hommes
d’armes que de civils ?
    Du
haut de la fenêtre, il l’appela et lui ordonna de monter le rejoindre.
    – De
toute façon, je serais venu, dit Esteban en entrant dans la chambre, car j’avais
quelque chose à dire à donna Fiora.
    – A
moi ?
    – A
tous les deux serait plus juste. Le moine espagnol !
    – Eh
bien ?
    – Il
est ici. Peu avant la fermeture des portes je l’ai vu entrer, monté sur une
mule. Il s’est allé loger chez l’archi-prêtre de la cathédrale.
    – Quel
moine espagnol ? demanda Démétrios qui tombait des nues. Tout de même
pas... ?
    – Si,
fit le Castillan avec un rictus féroce. C’est bien ça. Donna Fiora l’a vu à la
messe de l’Assomption à Notre-Dame de Paris et moi je l’ai suivi ensuite et j’ai
fait parler l’un des moines chez qui il habitait. Il paraîtrait qu’il vient ici
pour voir le roi.
    Démétrios
demeura silencieux quelques instants, le temps sans doute de se faire à l’idée
de voir Ignacio Ortega resurgir dans sa vie :
    – 
bien, soupira-t-il enfin, il ne nous manquait plus que ça ! Esteban, mon
garçon, je suis désolé mais il va falloir que tu surveilles cet olibrius de
près...
    – Ça
va, fit le garçon avec désinvolture. On sera dès la première messe à la
cathédrale ! Une de plus une de moins...
     

CHAPITRE VII LOUIS, PAR LA
GRÂCE DE DIEU ROI DE FRANCE...
     
     
     
    Trois
jours plus tard, le roi

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