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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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l’archiprêtre,
lui aussi devait attendre que le roi soit disposé à le recevoir. Mais sa
présence irritait Fiora qui, par crainte de le rencontrer, ne mit pas le pied
hors de l’auberge des Trois Pots.
    Louis
XI semblait d’excellente humeur ce matin-là. De sa place, Fiora pouvait le voir
rire et bavarder amicalement avec le sire du Lude. Il accueillit avec faveur
quelques suppliques de bourgeois venus faire appel à sa justice et distribua de
larges aumônes à la prieure d’un couvent de l’extérieur qui avait subi des
déprédations du fait des mouvements de troupes. Cela fait, le roi se leva :
    – Messeigneurs,
dit-il en frottant l’une contre l’autre ses longues mains sèches, nous avons
pour vous des nouvelles qui réjouiront le cœur de tous nos bons sujets comme
elles ont réjoui le nôtre. La menace que faisait peser sur notre royaume l’ambition
folle de notre cousin de Bourgogne qui a convaincu l’Anglais de passer la mer
pour s’emparer de notre pays, cette menace vient de s’éloigner. Il y a eu grave
dispute suivie de brouille entre le roi Edouard et Charles le Hardi qui lui est
venu reprocher de ne point faire marcher ses troupes contre nous et d’accueillir
avec faveur l’idée d’un accord. Notre beau cousin de Bourgogne qui était revenu
à Péronne est parti, hier, rejoindre son armée en Luxembourg sans esprit de
retour. Demain nous irons rendre grâce au Seigneur Dieu et à Madame la benoîte
Sainte Vierge, notre protectrice, et les prier afin qu’ils veuillent bien
épargner à notre bon peuple douleur et affliction car c’est laide chose que la
guerre...
    Les
acclamations emplirent la salle faisant voltiger la rangée de bannières pendues
en haut des murs. Fiora et Démétrios, surtout pour ne pas se faire remarquer,
joignirent leurs voix aux autres d’autant plus volontiers pour la jeune femme
qu’elle voyait là une excellente occasion d’essayer d’obtenir la grâce de
Philippe, indignement abandonné par ce maître qu’il aimait tant et qui,
apparemment, n’avait rien tenté pour l’arracher de sa prison.
    Elle
était sur le point de se diriger vers le trône quand, à la porte de la salle, un
huissier royal frappa le sol par trois fois de son bâton et lança d’une voix
forte :
    – Plaise
au roi recevoir Mgr l’archiprêtre de la cathédrale et Sa Révérence le prieur de
l’abbaye Saint-Vincent qui souhaitent présenter à lui un saint moine venu de Rome !
    Sur un
signe de Louis XI, les portes s’ouvrirent pour laisser passer les trois
religieux.
    A la
vue du moine espagnol, Fiora eut un frisson de répulsion et d’horreur comme si
une vipère venait de se dresser sur son chemin. Il était toujours le même. Plein
de dédain et d’arrogance, il s’avançait entre les deux dignitaires, les mains
enfouies au fond de ses manches, ne regardant personne sinon ce roi qui s’était
levé pour accueillir des hommes d’Église. Le dôme dénudé de son crâne luisait
dans la lumière pauvre de ce jour chargé de nuages et, en entendant gronder le
tonnerre dans le lointain, Fiora se demanda si Dieu lui-même n’avait pas choisi
de mettre le roi de France en garde contre l’être malfaisant qui marchait à sa
rencontre...
    A
mesure qu’il s’avançait, « Cher Ami » se redressait. Quittant sa pose
élégante d’animal héraldique, le chien se leva et gronda. Le roi posa vivement
sa main sur son collier orfévré :
    – Paix,
mon fils, paix ! Recouche-toi !
    Mais
Fiora remarqua que les yeux de Louis XI avaient curieusement rétréci. De
mauvaise grâce, en montrant les dents, « Cher Ami » obéit. Le moine
ne lui avait pas fait l’honneur d’un regard et même répondit à peine au salut
plein de révérence que lui adressait le roi.
    – Cet
homme doit être fou, chuchota Démétrios. Quelle curieuse façon de se présenter
devant un souverain ! Ma parole, il se prend pour le pape !
    – Je
ne suis pas même certaine qu’il ne se croie pas un peu au-dessus. Mais chut !
...
    Louis
XI, en effet, adressait une bienvenue aimable au voyageur venu de la ville
sanctifiée par le tombeau de l’Apôtre et ajoutait :
    – C’est
toujours une grande joie, pour un cœur chrétien, d’accueillir un envoyé de
notre Très-Saint-Père.
    – Ce
n’est pas pour te réjouir que le pape Sixte m’envoie vers toi, roi de France,
car son cœur est lourd et plein de colère.
    – De
colère contre nous ? Cela est impossible. Nous ne nous

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