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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Isabelle de Castille que je
suis prêt à périr. Tes soldats foulent et meurtrissent les terres qui sont
siennes...
    – Pas
depuis longtemps et par mariage. Sans compter que la libre Catalogne ne lui a
jamais appartenu. C’est à l’Aragon que nous avons eu affaire. Il serait bon que
chez les frères du grand saint Dominique on apprenne un peu l’histoire et la
géographie ? Hé ? Mais je ne te crois pas. La vérité c’est que le
pape Sixte t’envoie. Il est l’allié du Téméraire et rien ne le réjouirait tant
que notre mort. Qu’obtiendrait-il si tu avais réussi ?
    – Qu’est-ce
que j’en sais ? Tu es l’Antéchrist, le suppôt de Satan ! Tôt ou tard,
tu recevras la punition de tes crimes, tôt ou tard tu sauras ce que pèse la
malédiction. Pour avoir osé porter la main sur moi, tu seras excommunié, tu seras...
    – Et
pourquoi mon royaume ne serait-il pas mis en interdit ? ironisa Louis XI.
Dieu que ce moine est fatigant ! Kennedy, mon ami, ôtez-le de là avant que
la colère ne nous gagne...
    – Et
que faut-il en faire ?
    – Faites-le
conduire en notre château de Loches, sous bonne escorte. Il s’y trouve, si nous
ne faisons pas erreur, une cage vide dans la salle où soupire ce cher Jean
Balue. Mettez-les ensemble. Ils feront ainsi connaissance puisque apparemment
ce fol est venu implorer la grâce d’un homme qu’il n’avait jamais vu. Ils
devraient s’entendre.
    Écumant
de rage et de fureur, crachant le venin et l’anathème, fray Ignacio fut
entraîné par quatre solides Ecossais qui le portaient plus qu’ils ne l’encadraient.
Les pieds du moine battaient l’air de façon grotesque... « Cher Ami »
apaisé s’était recouché aux pieds du roi. Commynes prit Fiora par le bras :
    – Vous
venez, dit-il. Je crois qu’il n’y a plus rien à voir. Elle le suivit sans se
faire prier. Les hurlements de son ennemi résonnaient dans son cœur comme des
chants d’allégresse... Ce moine qui semblait attaché à ses traces comme une
malédiction, vivant rappel de la fureur aveugle qui l’avait précipitée en
enfer, voilà qu’elle en était délivrée ! Elle ne savait pas où était ce
château de
    Loches
mais, où qu’il soit, il mettait au moins entre elle et son ennemi l’épaisseur
de ses murailles, de ses portes solides, de ses cachots profonds et de ses
chaînes dans les cages...
    – Il
faut que cet homme soit fou, commenta Commynes. Venir attaquer notre sire au
cœur de son royaume, dans l’un de ses châteaux, au milieu de ses gardes, de ses
serviteurs et de ses amis ? Comment espérait-il en réchapper s’il avait
réussi ?
    – Le
mieux du monde, j’imagine. Il se croit à la fois l’épée et la foudre de Dieu.
En chaque prince temporel il voit un tyran. Il comptait sur la joie
reconnaissante des esclaves libérés...
    – Eh
bien, si c’est là tout ce que le pape trouve à nous envoyer comme ambassadeur !
Je le croyais habile ?
    – Il
l’est peut-être plus que vous ne le pensez ? Réfléchissez : si l’attentat
avait réussi, Sixte IV était débarrassé du plus puissant allié de Florence et
donc d’un ennemi dangereux. Et comme fray Ignacio a échoué, il est débarrassé
de toute façon d’un homme encombrant et dont il ne savait peut-être plus que
faire lui-même. Ces fanatiques ont du bon – si j’ose dire – quand on sait s’en
servir.
    Commynes
considéra Fiora avec une sincère stupeur puis éclata de rire :
    – Moi
qui me prenais pour un fin politique, je reçois là bonne leçon... Ah ! maître
Olivier, veuillez nous laisser pénétrer chez le roi. Cette jeune dame doit l’attendre
dans son oratoire.
    La
dernière phrase s’adressait à un homme qui sortait de l’appartement royal,
tenant sous le bras un petit coffre. Vêtu de noir, le cheveu brun coupé court,
le visage étroit d’une statue de bois, il avait des lèvres minces et des yeux
qui possédaient l’immobilité et l’indéfinissable couleur d’un marais. Il s’inclina
un rien trop bas et Fiora qui n’aimait pas sa figure le jugea obséquieux. La
voix d’ailleurs était un peu trop douce :
    – Monseigneur
le prince de Talmont n’a pas besoin qu’un modeste barbier le laisse pénétrer
chez son maître. Il n’a qu’à paraître en personne !
    Fiora
crut déceler une trace de fiel dans ces dernières paroles. L’homme cependant
ouvrait la porte avec une nouvelle courbette.
    – Allons
donc, maître Olivier ! protesta Commynes

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