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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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incline la tête comme pour
dire :
    – C’est bien ! Tu es armé, je ne le
suis pas. Je ne tenterai rien… en ce moment, du moins !
    Et c’est la même pensée, sans doute, qui
illumine l’esprit d’Adeline comme un de ces éclairs livides qu’on
voit au fond des ténèbres par les nuits d’orage, car elle vient de
sourire d’un sourire aigu de tigresse à l’affût…
    Le regard du baron d’Anguerrand va de l’un à
l’autre, lentement. Et il ajoute :
    – Entre, Gérard… entre dans mon cabinet…
Tu vois, je t’y attendais…
    Gérard hésite ; il jette dans le cabinet
le regard rapide et sûr du malfaiteur habitué à flairer le piège, à
éviter l’arrestation.
    Rauque et rude, formidable soudain, le baron
répète :
    – Entre donc, quand je t’en donne
l’ordre !…
    Le fils se raidit, se hérisse, prêt à la
résistance suprême… à l’attaque, peut-être ! Mais la voix du
père le dompte… ou la vue du revolver… et, frémissant l’échine
basse, il se glisse dans le cabinet.
    – Entre aussi, toi ! gronde le baron
tourné vers Sapho, dans un accent d’intraduisible mépris.
    Rassérénée, la tête droite, son regard d’acier
planté dans les yeux de son ancien amant, superbe d’insolence et
d’harmonie dans les plis de sa toilette d’épousée, Adeline
obéit…
    Le baron ferme la porte…
    Il se dirige vers un fauteuil où il prend
place, son revolver près de lui, sur la table, à portée de sa
main.
    Une minute s’écoule, pleine d’un tragique
silence : on n’entend que le râle de la respiration oppressée
de Gérard, une sorte de sifflement aigu et imperceptible qui est la
respiration d’Adeline, et le froissement doux de quelques papiers
que le baron compulse avec le même calme que s’il se trouvait dans
l’étude d’un notaire…
    Gérard comprend que, coûte que coûte, il doit
dire quelque chose, essayer une tentative désespérée pour se
disculper…
    – Mon père, prononce-t-il avec une sorte
d’humilité, laissez-moi vous adresser une prière… une supplication…
Quoi que vous ayez à me reprocher… par pitié, n’oubliez pas que la
femme qui est ici… porte mon nom… Elle est mon épouse devant Dieu
et les hommes.
    Le baron redresse la tête d’un air de surprise
et contemple son fils avec une âpre curiosité… Et il
répond :
    – Quelle femme ?… Celle-ci ?…
La maîtresse que tu as volée à ton père ?… Sois tranquille, je
ne viens pas te la redemander… Et quant au nom dont tu parles, quel
nom ?… Voyons… Est-ce Charlot, impliqué dans une affaire
d’assassinat ?… Oh ! un autre assassinat que le
mien !… Est-ce Lilliers, poursuivi pour vol avec
effraction ?… Allons, Gérard, tu te vantes quand tu parles de
nom : tu ne t’appelles ni Anguerrand, ni même Lilliers ou
Charlot… tu t’appelles simplement : l’assassin…
    Gérard plie les épaules comme un
lutteur ; un funeste sourire crispe ses lèvres ; il fait
un pas rapide ; la riposte va jaillir de sa gorge, et Adeline,
de son regard de lave, le pousse, le précipite aux pensées de
meurtre…
    – Quant à l’épousée dont tu parles,
continue le baron en armant paisiblement son revolver, voyons qui
donc est-elle, ton épouse devant Dieu et les hommes ?… Au
fait, je voudrais bien savoir qui va s’appeler Mme Georges
Meyranes !… Est-ce Sapho ?… Est-ce Lise ?
    Gérard s’arrête, foudroyé.
    Lise !… Son mariage avec Lise !… Son
père sait cela, comme il sait le reste !… Qui le lui a
dit ?… Comment ?…
    Pantelant, une sueur d’agonie au front, tandis
qu’Adeline, au nom de Lise, frissonne de haine, il tente d’écarter
de son esprit la radieuse et pure image qui vient de s’y dresser,
si douce… si triste…
    Allons ! reprend rudement le baron, pas
de mots inutiles… Nous devons ici même, en cette heure même, régler
notre situation… Écoutez-moi donc, tous deux… et surtout, pas un
pas vers moi ! pas un geste !
    Son doigt touche le revolver. Gérard et
Adeline, du même signe frémissant, répondent qu’ils ont compris. Et
pourtant, ce préliminaire les rassure. Le baron parle de
« régler la situation ». Il ne vient donc pas en vengeur
prêt à tuer !… C’est donc un répit dans cette lutte où ils se
trouvent comme transportés hors de toute humanité… C’est donc une
éclaircie dans le formidable orage qui vient de s’abattre sur
eux…
    Ils écoutent, guettent,

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