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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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surveillent,
rassemblent leurs idées et leurs forces… car ils sont d’accord… il
ne faut pas que le père sorte vivant de ce cabinet !… Car le
père… ce sont les vingt millions !…
    Voici, reprend le baron, mon acte de décès.
Mort je suis, mort je resterai pour tous… puisque vous m’avez tué…
Tué… oui ! Seulement, vous m’avez mal tué, voilà tout… Lorsque
vous m’avez précipité, si vous aviez mieux regardé, vous eussiez vu
ce que j’ai vu, moi, en tombant : un rien… une simple voile
blanche, une goélette qui passait, rasant les rochers… Difficile à
voir dans la nuit, j’en conviens, mais vous eussiez dû la
voir ! Moi, je l’ai vue, et ce rien a suffi… J’eusse donc pu
dès le lendemain me montrer à vous. Mais je voulais savoir, et
maintenant je sais ! Je voulais choisir mon heure, et mon
heure est venue !… Donc, je suis mort, moi ! Et moi mort,
vous avez dû lire les papiers que je laissais, et où j’expliquais
pourquoi et comment la fortune de Valentine et d’Edmond devait vous
être sacrée… Vous les avez lus ?…
    Adeline, d’un signe hautain et bref, Gérard,
d’un signe ironique et menaçant, affirment qu’ils ont lu… qu’ils
savent l’histoire du baron.
    – Bien ! reprend-il. Maintenant,
écoutez. Voici des actes que j’ai fait préparer : ils
constituent Valentine et Edmond vos légataires universels après
votre décès. Ces actes, vous allez les signer…
    Notre décès ?… balbutie Gérard, dont le
front s’inonde d’une sueur froide.
    – Notre mort… répète Adeline, qui, malgré
sa toute-puissance sur elle-même, frissonne d’un long frisson
glacé.
    Le baron se lève, saisit son revolver et,
d’une voix terrible de simplicité, prononce :
    – Signez, ou je vous abats tous deux
comme des chiens enragés…
    Adeline et Gérard échangent un coup d’œil.
Cela leur suffit… ils se comprennent !
    Sans hésitation apparente, d’une main ferme,
ils ont signé !
    Ils gagnent ainsi dix minutes, cinq minutes,
pendant lesquelles ils trouveront
sûrement
l’occasion de
sauter à la gorge du baron, de lui arracher son arme et de
l’étrangler !…
    Hubert d’Anguerrand repousse sur la table les
papiers qui viennent d’être signés, et continue :
    – Voici maintenant un acte où vous
déclarez tous deux que, vous jugeant criminels et indignes de
vivre, vous vous donnez volontairement la mort… Signez !…
    Un regard de Gérard sur son père, plus rapide
que la foudre… Non ! la seconde n’est pas favorable… le père
est sur ses gardes, le doigt sur la gâchette du revolver.
    Un éclat de rire nerveux, éclatant, sinistre…
C’est Adeline qui, la première, signe, et donne la plume à Gérard
en jetant ces mots :
    Notre contrat d’épousailles, mon
cher !
    Et Gérard signe à son tour, guettant du coin
de l’œil si, en se relevant, il ne pourra pas bondir sur son père…
Mais le baron s’est mis à trois pas de distance et, alors, avec une
pesante tristesse, avec l’accent de ce qui est irrévocable, il
prononce :
    – Maintenant, vous allez mourir. Moi, je
me constitue le gardien de la fortune que vous léguez. Je n’y
toucherai pas, puisque,
mois aussi, je suis mort
… J’ai
voulu vous épargner les hideurs de l’échafaud. Je veux vous
épargner aussi les souffrances d’une agonie que je vous infligerais
en vous abattant à coups de revolver… Voici, dans ces deux verres,
un poison sûr, foudroyant… buvez !…
    Les yeux hagards d’Adeline et de Gérard
aperçoivent alors ce qu’ils n’avaient pas encore vu sur la
table : deux verres, dont chacun contient un doigt d’un
liquide clair comme du cristal de roche.
    Les deux misérables tremblent convulsivement.
Pas de fuite possible. Ils savent qu’au premier mouvement le
terrible baron, si redoutable incarnation de la froideur et presque
de l’impersonnalité du bourreau, les « abattra à coup de
revolver » selon la mortelle expression. Ils savent toute
supplication inutile. Pas de grâce ! Pas de pitié dans ces
yeux fixes !… Rien ne bat dans cette large poitrine… Ce n’est
pas un homme qui leur donne l’ordre de mourir… c’est un
spectre !…
    Quelque chose comme un murmure confus gronde
pourtant sur leurs lèvres blafardes :
    – Par pitié !… Laissez-moi
vivre !… oh ! rien que la vie !… rien que
vivre !…
    – Buvez ! répète le baron livide et
glacial, buvez… ou je fais feu !…
    Son bras se

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