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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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pauvre séquestrée, je le sais exactement,
puisque la Gibelotte m’a dit cent fois que
j’avais trois
ans
lorsque je fus trouvée ;
il y a donc au juste
quatorze ans que je fus ramassée une nuit, dans la
neige
 …
    – Où cela ? râla Lise en proie à une
sorte d’hallucination vertigineuse. Vous devez le savoir !… Je
veux que vous me disiez où vous avez été ramassée !…
    – Calmez-vous, ma mignonne… Si cela peut
vous intéresser, je vous dirai donc que ces gens avaient dit à la
mère Gibelotte
qu’ils venaient d’Angers

    – Angers ! cria Lise dans une
véritable clameur de folie.
    – Oui, il paraît comme ça que la chose
s’est passée
pas bien loin d’un bourg qu’on appelle les
Ponts-de-Cé…
    Lise voulut parler : la voix s’éteignit
dans sa gorge. Elle voulut saisir Marie Charmant par les
bras ; ses mains retombèrent inertes, et dans l’instant qui
suivit, elle s’affaissa…
    – Mon Dieu, mon Dieu !
qu’avez-vous ? s’écria la bouquetière en s’agenouillant et en
soulevant la tête de Lise dans ses mains. Ce sont toutes ces
histoires qui vous retournent le sang… et toutes les misères que
vous avez subies… Courage, ma chère mignonne ! Nous vous
sauverons !…
    Lise faisait un effort surhumain pour parler,
pour traduire la pensée qui tourbillonnait avec une violence de
tempête dans son cerveau. Et cette pensée, c’était :
    – Nous avons été trouvées la même nuit,
au même endroit, nous avons le même âge… L’une de nous deux
s’appelle Valentine d’Anguerrand… MAIS LAQUELLE DE NOUS
DEUX ?…
    Il y avait dans son regard une joie si intense
que Marie Charmant murmura :
    – Oh ! la malheureuse ! Elle
devient folle ! Il faut que j’appelle au secours !…
    Et cette joie qui étincelait dans les yeux de
Lise, tandis qu’il lui était impossible d’articuler un mot, cette
joie terrible, d’une mortelle douceur, d’un infini ravissement,
venait de cette autre pensée qui heurtait de ses ailes la tête
endolorie de Lise :
    – Si je ne m’appelle pas Valentine
d’Anguerrand, je puis aimer Gérard !
Et lui peut m’aimer,
puisqu’il ne m’a abandonnée que parce qu’il me croyait sa
sœur !…
Et j’ai, moi, la conviction absolue, la croyance
indéracinable que celle de nous deux qui s’appelle Valentine
d’Anguerrand… CE N’EST PAS MOI !…
    À ce moment, la porte du galetas s’ouvrit
doucement, sans bruit… Une ombre noire se dressa, demeura immobile,
avec un ricanement silencieux au coin des lèvres… Et derrière cette
forme sinistre, funèbre, sur l’étroit palier, se profilait une
forme violente, massive, des épaules énormes, un cou de taureau,
une tête de brute avec des mâchoires de dogue…
    – Parlez-moi, balbutiait Marie Charmant
agenouillée. Mon Dieu, mais c’est terrible… je vous ai juré de ne
rien dire à personne de votre situation… il vous faut pourtant du
secours !…
    À cet instant précis, une main sèche et dure
s’abattit sur son épaule.
    D’un bond, elle fut debout, et demeura
pétrifiée :
    – La Veuve !
    – Biribi, dit tranquillement La Veuve, je
t’ai promis de te donner celle que tu aimes. Prends la bouquetière
et emporte-la, elle est à toi !…
    Elle s’effaça, et derrière elle apparut la
silhouette monstrueuse du bandit. Terrorisée, frappée de stupeur,
Marie Charmant essaya pourtant de reculer en bégayant :
    – Cet homme ? Ce misérable qui me
poursuit partout !… À moi !… À nous !… Au sec…
    Elle ne put achever le cri qui jaillissait de
ses lèvres, d’une ruée, Biribi fut sur elle et, avec dextérité, lui
enroulait un foulard autour de la tête. En même temps, la pauvre
bouquetière sentit qu’on lui attachait solidement les mains, qu’on
la soulevait, qu’on l’emportait !…
    Elle s’évanouit…
    Pendant ce temps, La Veuve se penchait vers
Lise, et ricanait :
    – Alors, comme ça, on a appelé du
secours ?… Alors, on est parvenue à se faire entendre et à
ouvrir la porte ?… Bien, bien,
ma fille !…
Ça
m’apprendra à ouvrir l’œil… Ah ! gronda-t-elle, tu voulais me
lâcher sans crier gare ! ingrate !… Moi qui t’aime
comme une mère !…
Mais pas de ça, Lisette !
acheva-t-elle dans un grincement de haine, je t’ai, je te garde,
Valentine d’Anguerrand !…
    Et La Veuve, Jeanne Mareil, la mère de la
petite Suzette perdue une nuit de Noël sur la route d’Angers aux
Ponts-de-Cé, sortit

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