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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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en refermant soigneusement la porte et sans
s’inquiéter de celle qu’avec un accent de féroce ironie elle venait
d’appeler SA FILLE !…

Chapitre 20 LE BASTION 27
    La Veuve s’arrêta quelques minutes chez elle,
sans allumer la lampe. Elle grommelait des mots sans suite qui,
sûrement, n’avaient pas trait à la scène qui venait de se passer
dans le galetas. Elle finit par prendre une résolution et
gronda :
    – Oui, ça tout d’abord ! Une fois
Jean Nib à l’ombre, on verra !
    Un instant encore, elle demeura méditative,
puis elle dit :
    – Zizi sera certainement précieux dans
tout cela. il s’agit de l’empaumer…
    Alors elle sortit de son logis, et, descendue
à l’étage inférieur, elle frappa à la porte du logement qu’avait
occupé Magali.
    Zizi, qui dormait à poings fermés, finit par
entre-bâiller la porte.
    Ayant reconnu La Veuve, il fit une grimace et
grogna :
    – Pouvez pas laisser pioncer le
pauv’monde, vous ? Quoi que vous me voulez ?
    – Mon petit Zizi, veux-tu te venger du
marquis de Perles ?…
    – Oui, fit Zizi les dents serrées.
    – Eh bien ! en ce cas, habille-toi
et suis-moi. Et, surtout, silence !…
    Zizi obéit. En quelques instants, il fut prêt
et suivit La Veuve.
    Côte à côte et sans dire un mot, ils
marchèrent vers le bout de la rue qui aboutit aux fortifications.,
Mais, cette fois, La Veuve ne franchit pas la barrière ; elle
se dirigea vers l’un de ces postes-casernes, constructions
massives, carrées, d’allure militaire mais non guerrière, qui
forment autour de Paris la p1us inesthétique des ceintures. À cette
époque, ce poste servait de dépôt de literie.
    La Veuve s’approcha de la grille du
poste-caserne et jeta un cri :
    – Pi… ouïtt !…
    Puis, de nouveau, le silence régna. Alors,
quelque chose comme une ombre se glissa à travers la cour ;
bientôt la grille s’entr’ouvrit ; La Veuve et Zizi suivirent
l’homme qui, sans un mot, était venu ouvrir.
    Quelques instants plus tard, tous trois
pénétraient dans une pièce du rez-de-chaussée. Il y avait un lit de
camp, une de ces énormes et grossières tables qu’on voit dans
toutes les chambrées de soldats ; la fenêtre grillée
disparaissait derrière une couverture, une
couverte
en
laine gris marron empruntée au dépôt de literie. La lueur pâle
d’une chandelle éclairait un homme qui était assis sur le bord du
lit de camp. C’était Jean Nib.
    Quant à celui qui avait ouvert à La Veuve,
c’était Biribi.
    – Qu’as-tu fait de la petite
bouquetière ? lui demanda La Veuve à voix basse – Elle est en
face, répondit le bandit. Elle m’a griffé, la gueuse ! Mais
j’en viendrai à bout.
    – Ainsi, reprit La Veuve, la bouquetière
est avec le baron d’Anguerrand ?
    – Oui, fit Biribi.
    – Et Rose-de-Corail ?…
    – Elle est de planton devant la porte du
baron, mais elle s’embête.
    – Bon ! gronda La Veuve, on la
relèvera de faction bientôt… Salut, Jean Nib ! ajouta-t-elle
en se tournant vers le lit de camp.
    – Bonsoir, La Veuve, dit Jean Nib. On m’a
dit que vous êtes venue me chercher aux Croque-Morts. De quoi
retourne-t-il ?…
    – Que comptes-tu faire du baron ?…
Il serait temps de prendre une décision.
    – La décision est prise, dit
tranquillement Jean Nib. « Rose-de-Corail et moi, nous avons
résolu de relâcher l’homme.
    – Quand cela ? fit La Veuve dont le
visage n’eut pas un tressaillement, mais qui se sentit
défaillir.
    – On le gardera encore une quinzaine, et
puis bonsoir.
    – Dans une quinzaine ? dit vivement
La Veuve.
    – Oui… Et le même jour, je viendrai chez
vous reprendre la petite.
    – Si je relâche le père, il faut bien que
je relâche la fille !… Ces gens ne me sont de rien ; j’en
ai assez de ce malaise qui me tourmente…
    – Des remords ? ricana La Veuve.
    – Si c’est ce qu’on appelle le remords,
murmura-t-il, je comprends maintenant des choses que je n’ai jamais
comprises. Qu’est-ce que je suis, moi ? Un escarpe. Un voleur.
Eh bien ! dix fois j’ai eu l’idée d’entrer au premier
commissariat en disant : « Arrêtez-moi, j’ai commis le
crime de séquestrer un homme et de le séparer de sa fille… »
Les vingt-cinq mille francs de Charlot ?… Je n’y ai pas
touché. J’ai défendu à Rose-de-Corail d’y toucher !… Je vous
dis que j’en ai assez…
    Jean Nib s’interrompit brusquement par un
geste

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