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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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tous les jours.
    – Oui, tous les trois ou quatre jours,
elle me monte un morceau de pain, mais jamais assez… Ce ne serait
encore trop rien… mais c’est la soif… Je brûle de fièvre, et
quelquefois je suis plus d’un jour sans eau… Alors, il me semble
que ma tête s’égare ; je vais, je viens, je parcours ce
misérable grenier, je crois entendre des gémissements et m’aperçois
que c’est moi qui pleure.
    – Pauvre infortunée !… Mangez,
buvez… ne craignez plus rien… à partir de demain, je me charge de
vous monter tous les jours le nécessaire…
    – Je me sens mieux, dit Lise… Comme vous
êtes bonne, mademoiselle !…
    – Ah ! bien, oui, parlons-en !…
Mais ce n’est pas de moi qu’il s’agit. Voyons, comment et pourquoi
La Veuve vous en veut-elle au point de vous martyriser
ainsi ?
    – Je ne connais pas cette femme, dit Lise
en frémissant. On m’a amenée chez elle après m’avoir enlevée une
nuit de la maison qu’habite mon père…
    – Mais votre père ?…
    – Je ne sais pas ce qu’il est devenu…
    – Et vous dites que vous ne connaissez
pas La Veuve ?… Ça, c’est un peu fort, par exemple. Mais
alors, elle agirait donc pour le compte de quelqu’un ?…
    – Oui… je le crois… balbutia Lise, qui
pâlit et se reprit à trembler. Et ce quelqu’un… oh !
mademoiselle… c’est affreux, voyez-vous !…
    – Mais vous le connaissez, ce
quelqu’un ?… dit Marie Charmant en saisissant une main de
Lise.
    Lise fit de la tête un signe désespéré.
    – Eh bien, voyons ! reprit la
bouquetière. Vous m’avez défendu jusqu’ici de prévenir la police.
Mais pourtant, je ne peux pas vous laisser ainsi assassiner !
Il faut que le misérable qui vous a livrée à La Veuve soit
arrêté…
    Lise se redressa comme galvanisée.
    – Arrêté ?… Lui ?… Vous ne
savez, pas ! Oh ! mais s’il lui arrive malheur, j’en
mourrai !… Arrêté par ma faute ?… Tenez, j’aime mieux
mourir de faim ici !… Je vous en supplie, oubliez-moi, oubliez
que vous m’avez vue, oubliez ce que j’ai pu vous dire, mais, par
grâce, par pitié, si je vous inspire la moindre sympathie jamais,
jamais ne dites un mot à personne de tout cela !…
    – Eh bien, je ne dirai rien, je vous le
jure ! s’écria Marie Charmant, épouvantée de l’exaltation
presque délirante où elle voyait la malheureuse. Mais, enfin, il y
a pourtant une raison qui vous guide…
    – Vous voulez savoir pourquoi je ne veux
pas qu’il lui arrive malheur… à lui ?…
    – À celui qui vous a fait enlever ?
Que vous soupçonnez de vous avoir fait livrer à La
Veuve ?…
    – Oui !… Eh bien ! écoutez
c’est affreux, mais ma destinée est ainsi faite… je
l’aime !…
    – Vous l’aimez ! balbutia Marie
Charmant avec une sorte d’étonnement et d’effroi.
    – Oui, continua Lise dont la physionomie
prit une expression de dévouement et de résignation à faire
pleurer, je l’aime !… Malheureuse ! après ce que j’ai
appris ! après ce que je sais !… Je l’aime toujours… je
l’aimerai jusqu’à mon dernier souffle !… Oh !
continua-t-elle avec une exaltation voisine de la folie, je puis
dire cela tout haut, et je ne meurs pas de honte !…
J’aime !… J’aime Gérard d’Anguerrand !…
    À peine ce nom eut-il jailli de ses lèvres
fiévreuses qu’elle eut un cri de douleur affreuse et se couvrit le
visage de ses deux mains. Marie Charmant était demeurée interdite,
frappée elle-même d’une émotion qu’elle avait peine à
maîtriser.
    – Gérard d’Anguerrand !
murmura-t-elle ; mais ne m’avez-vous pas dit que vous vous
appeliez Valentine d’Anguerrand ?…
    – Oui ! bégaya Lise.
    – Ce Gérard, dit Marie en frissonnant,
car elle entrevoyait quelque chose d’effroyable, ce serait
donc…
    – Le fils du baron d’Anguerrand !
dit Lise avec un tel calme, avec une si profonde amertume qu’elle
se trouvait comme transportée au delà des limites du désespoir.
    – Votre frère ! fit Marie Charmant
dans un souffle d’épouvante.
    Lise laissa retomber ses mains et
dit :
    – Je dois vous faire horreur, n’est-ce
pas ?… Je me fais horreur à moi-même… Je souffre, à vous faire
un tel aveu, une honte qui me fait mal, voyez-vous, là… Cela me
brûle et me glace tout à la fois… Mais, pour le sauver…, pour vous
persuader… pour vous prouver que vous ne devez pas le dénoncer, je
souffrirais mille

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