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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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saurait ensuite être élu.
    Le visage de César s’était considérablement assombri. Par contraste, les articulations de ses doigts qui enserraient le pommeau de son épée étaient toutes blanches.
    — Della Rovere fait déjà courir le bruit que mon père est un marrano.
    — Il est probable qu’il sache ce que Morozzi et Torquemada sont en train de comploter, même s’il tentera par tous les moyens de garder ses distances à l’égard des deux hommes. Dans tous les cas, della Rovere n’est pas important : ton père peut se charger de lui. C’est bien Morozzi que nous devons arrêter coûte que coûte.
    — Mais comment ? s’enflamma César. Je peux faire venir davantage de gardes et fouiller la basilique de fond en comble, mais nous avons si peu de temps…
    — En faisant cela tu risques d’alarmer tout le monde. Les gens vont croire que si le Cardinal Borgia devient pape, toute sa famille abusera de son nouveau pouvoir.
    Je ne lui parlai pas du bruit qui, je le savais, était en train de gronder dans la rue, selon lequel Borgia était véritablement le loup venu dévorer l’agneau. Jamais on n’avait vu homme plus ambitieux et âpre au gain tenter de s’emparer du trône de Saint-Pierre. Naturellement, toutes ces rumeurs étaient à mettre sur le compte des rivaux de Borgia. Jusqu’ici elles étaient tournées en ridicule par les Romains qui, eux aussi, avaient une influence sur cette élection par le simple fait que s’ils le décidaient, ils pouvaient faire basculer la ville dans le chaos. Il me restait à espérer que rien n’arriverait qui puisse les faire changer d’avis – ou d’allégeance.
    Je n’avais jamais vu César si lugubre ou, à y songer, si près du désespoir.
    — Alors, nous sommes finis, dit-il, et Morozzi a gagné.
    — Non ! Il nous reste encore du temps, certes peu, mais nous devons tirer parti de chaque minute.
    Je regardai autour de moi, poussée par la sensation qu’un détail m’échappait, un angle que je n’aurais pas encore envisagé. Depuis, j’ai remarqué combien il m’est utile, lorsque je suis confrontée à un problème compliqué, de considérer non seulement ce qui est, mais également ce qui n’est pas. C’est parfois dans les espaces vides que se cache la vérité qui va nous sauter aux yeux.
    Parmi tous les préparatifs pour les obsèques, qu’est-ce qui manquait, présentement, dans la basilique ?
    — Le corps d’Innocent repose toujours dans la chapelle, dis-je lentement.
    César acquiesça d’un signe de tête.
    — On le fera entrer en procession une fois les fidèles rassemblés.
    Lors de cette procession, le corps du pape serait escorté des plus hauts prélats de l’Église et des plus éminents princes laïques. Tous partiraient de la chapelle Sixtine.
    — Nous cherchons peut-être au mauvais endroit, fis-je.
    César, plusieurs de ses hommes et moi sortîmes alors de la basilique, avant de traverser le palais apostolique. On ne peut pas vraiment dire que l’on passa inaperçus. Déjà, on commençait à entendre dire que le fils de Borgia était sur les lieux, et qu’il n’était pas venu en paix. Nous fûmes accueillis par des regards furieux de la part des prêtres comme des clercs, et ils furent un certain nombre à faire exprès de s’écarter sur notre passage, comme pour éviter d’être contaminés à notre contact.
    César ne se borna pas seulement à les ignorer, il semblait totalement oublier leur existence. Tout en essayant de ne pas me laisser distancer, je lui enviai en mon for intérieur cette facilité. La force de sa présence était telle que lorsque le capitaine de la garde fit mine à notre arrivée de nous bloquer le passage, le fils de Borgia le figea sur place d’un seul regard.
    Rétrospectivement, je pense que César n’était peut-être bien jamais entré dans la chapelle Sixtine ; ce serait en tout cas cohérent avec la politique de discrétion instaurée par Borgia au sujet de ses enfants, jusqu’à ce qu’il devienne pape et que tout change de façon si spectaculaire. Ce qui est sûr, c’est que le jeune homme s’immobilisa tout à coup et se mit à tourner lentement sur lui-même, visiblement fasciné par les fresques aux murs.
    La tentation du Christ sembla retenir tout particulièrement son attention.
    — Qui est-ce qui a peint ça ? s’enquit-il.
    — Sandro Botticelli, répondis-je.
    Je ne saurais dire ce que César pensait du Diable ou du somptueux trésor que l’Ange déchu

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