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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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possibilité.
    — Nous allons tout faire pour les retrouver, dit-il.
    Son sourire était sincère, lorsqu’il ajouta :
    — Ne désespère pas, Francesca. Je compte sur toi pour m’aider à garder la tête froide.
    C’était sa façon bien à lui de reconnaître qu’il s’était laissé emporter par une peur irraisonnée avant de prendre conscience que Morozzi n’était qu’un homme.
    Ses paroles me redonnèrent courage, mais la sensation fut de bien courte durée.
    Les hommes que Borgia avait envoyés à ma demande chez Rocco étaient revenus, et n’apportaient pas une bonne nouvelle. Le verrier avait disparu. Selon ses voisins de la Via dei Vertrarari il était parti précipitamment la veille, et personne n’avait eu de ses nouvelles depuis.

34
    S i je n’osais songer à ce que signifiait la disparition soudaine de Rocco, je ne pouvais m’empêcher de penser que David et moi étions à blâmer pour être allés lui demander de l’aide, cette fameuse nuit après notre fuite du castel. J’étais en train de questionner fébrilement les gardes pour tenter d’établir mot pour mot ce que les voisins leur avaient dit lorsque César, ayant fini de donner ses ordres, vint nous rejoindre.
    — Pourquoi cette mine renfrognée ? s’enquit-il.
    Lui-même semblait de mauvaise humeur, mais cela avait moins à voir avec les circonstances actuelles qu’avec le fait que notre futur cardinal ne s’était jamais senti à l’aise dans aucune église.
    — J’ai peur qu’il ne soit arrivé quelque chose à un ami, répondis-je. Il n’est pas à son échoppe, et personne n’a l’air de savoir où il est parti.
    Les chances pour que César témoigne d’un quelconque intérêt (sans même parler d’une quelconque préoccupation) à l’égard d’un commerçant étaient prodigieusement faibles, étant donné qu’il connaissait à peine l’existence de cette catégorie d’individus. Mais il me surprit.
    — Qui est-ce ?
    Lorsque je le lui expliquai, il me dit :
    — Et tu penses que Morozzi aurait pu lui faire du mal ?
    J’hésitai. Rocco était un homme fort et capable. Contre un guerrier tel que César, il n’aurait peut-être guère de chances, mais contre le prêtre…
    — Je ne sais pas… cela paraît improbable, mais…
    Mais Rocco n’était pas le genre d’homme à s’en aller sans rien dire à quiconque, d’autant plus dans la situation actuelle.
    César me regarda avec un intérêt renouvelé.
    — Tu tiens à cet homme ?
    Rien qu’à l’idée qu’il puisse être véritablement en danger, je me sentais au plus mal. Je parvins seulement à hocher la tête et à préciser :
    — C’est un ami qui m’est très cher.
    — Et sa femme aussi t’est très chère ?
    — Il est veuf, mais a un jeune fils…
    Brusquement, je compris ce qu’il avait en tête. Cela me laissa si pantoise que je lui décochai les premiers mots qui me vinrent en tête.
    — Pour l’amour du ciel, César, tu ne te soucies tout de même pas que je…
    Mais il semblerait que si, tout au moins suffisamment pour qu’il me fasse soudain l’effet d’un garçonnet en train de bouder car il allait devoir partager un jouet qu’il pensait être exclusivement à lui, jusqu’alors.
    — Ça m’est bien égal, tout ça, s’exclama-t-il. Simplement, ce n’est pas le moment d’être distraite.
    — Alors aide-moi, l’implorai-je dans l’espoir d’apaiser son tempérament de feu et de lui faire prendre une direction plus constructive.
    Je dus le toucher car il s’adoucit visiblement, et au bout d’un moment, hocha la tête.
    — Où ce Rocco Moroni aurait-il bien pu aller ?
    Vite, je tentai de penser aux différents lieux où il pourrait se trouver présentement. S’il avait véritablement des ennuis, j’osai croire qu’il serait venu me voir, en admettant qu’il soit libre de ses mouvements. Mais le palazzo comme le Vatican étaient tous deux cernés par les gardes. Il était fort possible qu’on l’ait refoulé à l’entrée. Il n’y avait donc qu’une seule autre possibilité.
    — Il a un bon ami au chapitre dominicain, expliquai-je. Frère Guillaume. Lui saurait peut-être nous dire où est Rocco.
    — Est-ce le même ami qui selon toi nous préviendrait si Morozzi tentait de trouver refuge auprès de Torquemada ?
    Lorsque j’acquiesçai d’un simple signe de tête, César se tourna vers ses hommes, les faisant bondir au garde-à-vous. Il leur expliqua brièvement qui était Rocco, puis leur

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