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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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sainte Mère l’Église.
    Craignant la réaction de César face à de telles paroles de défi, je voulus l’apaiser en lui expliquant que ce qu’avait dit le prêtre partait d’un bon sentiment, que c’était un vieil homme, qu’il ne fallait pas en prendre ombrage et ainsi de suite, mais avant même que j’aie pu prononcer un seul mot, un tollé s’éleva, éclipsant tout le reste.
    — Une femme !
    — Comment ose-t-elle… !
    — Sacrilège !
    — Strega !
    Sorcière. Pour avoir osé mettre le pied dans la sainte sacristie de Dieu. Ma seule présence était une source de pollution si infâme qu’ils se seraient fait un plaisir de me mener eux-mêmes au bûcher.
    Mais le vieux prêtre, et c’est tout à son honneur, ignora ses frères dans la foi. Son ton se fit sérieux lorsqu’il nous dit :
    — Je vous aiderais si je le pouvais, mais la vérité est que personne n’est venu ici à part vos compagnons et vous. À présent, vous devez partir.
    Le dégoût de César était palpable. Il regarda tour à tour ces saints hommes drapés dans leur affectation dévote, et pendant un instant je craignis véritablement qu’il ne réagisse mal. Je lui serrai le bras de façon insistante et le traînai vers la porte.
    — Nous perdons notre temps, lui chuchotai-je. Morozzi a dû prendre une autre sortie.
    Mais il tardait à sortir, continuant à les scruter tous autant qu’ils étaient. Aucun, pas même le vieux prêtre, n’avait posé de questions concernant l’enfant. Aucun n’avait exprimé de sollicitude au-delà de sa petite personne. Plus tard, lorsque César allait être si sévèrement critiqué pour ses actes envers l’Église, je me souviendrais de cet instant-là et m’étonnerais qu’il n’ait pas fait preuve de davantage de cruauté encore.
    Nous quittâmes enfin la sacristie, et nous retrouvâmes près du maître-autel. Pendant que nous étions en dessous, la lumière grise annonciatrice de l’aube avait furtivement commencé à imprégner la basilique. Je remarquai que nous nous trouvions à une dizaine de mètres seulement de notre point de départ. Quant à Morozzi, il aurait pu être partout.
    — Combien de temps nous reste-t-il ? m’enquis-je.
    César rengaina son épée et regarda autour de nous les préparatifs qui allaient bon train. Déjà, les domestiques étaient en train de disposer dans la vaste nef les bancs destinés aux ecclésiastiques suffisamment élevés dans la hiérarchie pour mériter de s’asseoir. La bière qui allait accueillir les restes d’Innocent était installée devant le maître-autel. Au-dessus, dans la tribune, le chœur se préparait à répéter. Les bannières papales, ainsi que celles du Sacré Collège, pendaient d’entre les piliers séparant les nefs principale et transversale. D’énormes cierges (un homme svelte aurait pu loger dans certains) étaient amenés.
    Au milieu de tout cela, quelques ecclésiastiques étaient d’ores et déjà occupés à s’entretenir les uns avec les autres. Certains des invités laïques étaient arrivés tôt dans le même but.
    — Deux ou trois heures, répondit César.
    Même si nous n’avions pas réussi à trouver Morozzi, j’étais plus que jamais convaincue qu’il ne laisserait pas passer une telle occasion. Prélats comme laïcs ne manqueraient pas d’être outragés à la vue d’une telle atrocité soi-disant perpétrée au cœur même de la sainte Église. Ils étaient également les plus aptes à passer en un rien de temps de la fureur aux actes sanglants. Néanmoins, comment pouvait-il réellement espérer passer inaperçu parmi les centaines de gardes postés à l’intérieur et autour du Vatican ? Quand bien même il connaîtrait les moindres recoins du sous-sol de la basilique, il allait bien être obligé d’en sortir à un moment donné.
    César avait dû en arriver à peu près à la même conclusion que moi, car il dit :
    — Je vais poster des hommes à la porte de l’autel dédié à sainte Catherine, et devant la sacristie. S’il vient de l’une ou l’autre direction, nous l’aurons.
    — Mais il y a forcément d’autres entrées et sorties, répliquai-je.
    Car assurément, les individus qui s’adonnaient à la contrebande ne pouvaient aller et venir en toute impunité à l’intérieur de la basilique. Bien qu’à y réfléchir, en songeant à la complicité si empressée dont font preuve certains prêtres, il était impossible d’écarter totalement cette

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