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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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noir.
    Mais c’était compter sans l’épaisse masse de toiles d’araignée qui m’avait empêchée d’y voir à mi-distance quelques minutes plus tôt, et me barrait à présent le chemin. À ma grande horreur elles se collèrent à mon nez et à ma bouche, m’empêchèrent de respirer, s’emmêlèrent dans mes cheveux et parurent s’agripper à tout ce qu’elles pouvaient, comme un millier de doigts décharnés courant sur moi. J’étais visiblement à bout de nerfs – et encore, il ne me semblait pas avoir croisé les propriétaires des toiles. Une araignée n’est rien d’autre qu’une araignée, à écraser si elle est dangereuse et à laisser tranquille dans les autres cas. Je m’efforçai de m’en convaincre et continuai à avancer jusqu’à ce que finalement, haletante et crasseuse, je me sois libérée.
    Comme tant d’autres choses dans la vie, c’était à la fois un bienfait et un méfait. Car si j’y voyais plus clair devant moi, cela signifiait également que l’on pouvait me voir.
    La silhouette qui se trouvait toujours à une cinquantaine de mètres devant se tourna brusquement et regarda dans ma direction. Elle était penchée en avant, comme si elle cachait quelque chose ; je la vis se redresser et laisser tomber à terre ce qu’elle avait dans les bras.
    La seconde d’après, elle se dirigeait vers moi.
    Je possède un instinct de survie comme tout le monde, du moins je crois, mais il y a des moments où je ne peux faire autrement que de passer outre. C’en était un.
    Je ne pensai pas, je n’hésitai pas, je ne me souciai pas du cri poussé par César derrière moi : je me mis à courir. Par deux fois mon pied passa à travers le plancher, et je trébuchai à plusieurs reprises, au point de me voir déjà à terre, mais à chaque fois je réussis à me redresser au dernier moment.
    Rapidement, je vis à mon immense soulagement que la silhouette était bien celle de Morozzi. Il portait sa soutane, à n’en pas douter pour pouvoir circuler dans la basilique sans être questionné. En outre, il n’était pas seul : je distinguai un petit enfant blotti à terre, là où il l’avait lâché.
    — Salaud ! hurlai-je à pleins poumons, avant (peut-être y a-t-il sincèrement quelque chose qui cloche dans ma tête) de m’élancer à corps perdu sur lui.
    Nous nous heurtâmes de plein fouet, et l’impact nous envoya tous deux à terre.
    — Monstre !
    Je l’empoignai par sa chevelure dorée, frappant sa tête contre le plancher. En toute honnêteté, j’aurais pu répéter ce geste inlassablement, jusqu’à voir gicler son cerveau sur mes vêtements, si Morozzi n’avait eu une autre idée en tête.
    — Strega ! s’époumona-t-il, avant de me saisir par les épaules et de me jeter au loin, avec une force qui me coupa le souffle.
    Alors que je tentai de me relever pour redescendre dans l’arène, j’eus la joie de voir César, épée tirée, se diriger droit sur Morozzi. Mais le prêtre fou se releva aussi et prit aussitôt la fuite, non sans avoir auparavant empoigné Nando.
    Tout ce tumulte avait attiré l’attention de Rocco. Comprenant ce qu’il se passait, il imita César en poursuivant Morozzi. Je tentai d’en faire de même mais ne réussis qu’à trébucher et à tomber, m’étalant face contre terre sur un objet dur mais étrangement familier. En me relevant pour voir ce qui se trouvait sous moi, je me rendis compte avec horreur que j’étais étendue sur une croix en bois de la taille d’un enfant, à peu près.
    Poussant un cri, je me remis debout comme je pus et repris ma course – tout en songeant que vu la configuration du grenier, assurément, Morozzi était fait comme un rat : il faudrait qu’il s’envole comme l’archange saint Michel pour nous échapper !
    Du moins le crus-je. Un prêtre fou, un petit garçon terrifié, un père tout aussi effrayé, un guerrier, une demi-douzaine d’hommes d’armes, et moi… Tous lâchés dans le labyrinthe des combles de Saint-Pierre. Tous courant (sauf Nando) sur un plancher dangereusement branlant, tandis qu’en bas…
    Qui sait ce qui se passait en bas justement, pendant ce temps-là ? Levèrent-ils les yeux en se demandant quels étaient ces bruits étranges qui semblaient provenir du ciel étoilé ? S’imaginèrent-ils que des démons avaient élu domicile là ? Je n’en ai aucune idée, et n’eus pas le temps d’y songer, à vrai dire. Mon attention tout entière était tournée vers

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