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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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plupart des hommes.
    — Eh bien ? renchéris-je sans révéler l’étendue de mes connaissances à ce sujet.
    — Certains de ces garçons auraient un autre rôle à jouer au sein de l’école, expliqua Sofia, un rôle qu’Innocent a décrété comme plus important.
    — Le garder en vie ? subodorai-je.
    Ben Eliezer acquiesça d’un signe de tête.
    — Apparemment on leur permet de rester intacts car le pape craint que sa propre virilité, ou ce qu’il en reste, pâtisse s’il reçoit le sang de castrats. Mais ils sont bien peu à survivre à cette méthode par laquelle on le… fournit.
    — Pour quelle raison ?
    — Peut-être parce qu’ils sont saignés trop fréquemment, précisa Sofia. Quoi qu’il en soit, ton père avait dans l’idée qu’il serait possible de remplacer le sang prélevé sur ces garçons par le sang de quelqu’un en train de mourir de maladie. Son espoir était que le pape, lui aussi, tombe malade et meure.
    — Une tentative a-t-elle été déjà faite ? m’enquis-je.
    — Nous ne le savons pas. Giovanni avait rompu tout contact avec nous pour notre protection, comme je te l’ai déjà dit. Mais la maladie n’est jamais bien loin, à Rome. Il est possible qu’il ait réussi à obtenir du sang contaminé ailleurs. Peut-être a-t-il même trouvé le moyen de le transfuser à Innocent.
    — L’état du pape a réellement empiré à peu près à ce moment-là, me rappela Ben Eliezer. Malheureusement, nous ne savons pas avec certitude s’il faut rendre grâce à ton père pour cela. Et de toute façon, Innocent n’est pas mort.
    Pour sûr, il ne l’était pas. Il était même encore bien en vie, et à en croire ce qui se murmurait dans les rues de Rome, il jouissait même présentement d’une rémission.
    — Comment reçoit-il le sang ?
    Mon esprit cherchait déjà une solution au problème. Comment avait-on procédé ? Et comment procéder maintenant, de manière à ce que nos efforts soient couronnés de succès ?
    — Il le boit, répondit Ben Eliezer. Peut-être croit-il que Dieu le transmue en vin pour lui.
    Il éclata de rire à cet instant, tout comme plusieurs des autres restés dans l’obscurité. L’idée du guide suprême de la chrétienté embarqué dans une telle parodie de la messe sacrée aurait également pu m’amuser, si je n’avais songé au même moment aux jeunes garçons.
    — Qui le prépare pour lui ?
    — Nous pensons que ce sont ses médecins, dit Sofia. Et non, si tu te poses la question, aucun d’entre eux n’est juif. Innocent n’en laisserait jamais un l’approcher, juif ou musulman d’ailleurs.
    — Qu’en est-il des conversi  ? demandai-je alors en me rappelant de ce que Borgia m’avait dit.
    — C’est une autre histoire, admit Ben Eliezer. Pour sûr, il y a des rumeurs, mais nous n’avons aucune certitude de trouver de tels individus au Vatican.
    — Vous seriez les derniers à l’apprendre.
    Un converso éviterait tout contact avec les juifs par crainte d’être découvert. Si mon père avait bien été l’un d’eux (et je dis bien si), il faisait figure d’exception. Mais pour autant que je fusse réticente à cette idée, elle pourrait expliquer ce qui lui était arrivé.
    Nous restâmes tous silencieux un moment. J’étais en train de songer à ce que je venais d’apprendre et à la façon dont le tourner à mon avantage lorsque Sofia me demanda doucement :
    — Entends-tu nous aider ?
    Je n’hésitai pas une seconde. Ma réponse fut claire et sans équivoque :
    — Non. Jamais de la vie.

11
    C es mots étaient soit les plus osés, soit les plus sots à être un jour sortis de ma bouche. Je n’étais jamais allée aussi loin, même lorsque j’avais défié Borgia de faire de moi son empoisonneuse.
    Ben Eliezer, Sofia et les autres juifs étaient catastrophés, suspendus comme ils l’étaient en équilibre au bord du précipice. Au vu de ce que je savais à présent, ils étaient tout à fait en droit de me considérer comme un intolérable danger. En clair, s’il ne leur était pas encore venu à l’idée qu’ils ne sauraient me laisser partir vivante de la cave, cela n’allait pas tarder.
    Pourtant, je n’avais pas le choix ; je le sentais.
    — Je ne vous aiderai pas, expliquai-je. Cette affaire est bien trop délicate pour rester entre vos seules mains.
    Sans leur laisser le temps de soulever d’objection, j’ajoutai :
    — Toutefois, j’accepte que vous m’aidiez.
    Dans d’autres

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