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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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mais je n’avais plus aucun doute sur le fait que nous ne pouvions rester plus longtemps dans le castel sans finir par nous faire repérer.
    Nous arrivâmes enfin dans une immense salle remplie de pots en argile maintenus droits par un cadre en bois, qui m’arrivaient à la taille : la réserve d’huile de la forteresse. Parvenu tout au bout, Vittoro s’arrêta devant l’entrée d’un autre conduit.
    Au loin nous entendions des bruits de pas, entrecoupés d’ordres criés.
    — C’est là que les choses se compliquent, annonça Vittoro.
    Je n’avais guère envie d’entendre cela en ce moment précis, mais je le gardai pour moi et le laissai continuer.
    — Cette cheminée a été creusée sur toute la longueur des murs du castel , et débouche juste au-dessus des douves. (Il nous regarda tous deux.) Vous savez nager ?
    Je hochai la tête, David aussi. Tous deux étions moyennement enthousiastes à l’idée de devoir plonger dans les douves, qui seraient certainement aussi répugnantes en réalité que dans notre imagination.
    — Ne risque-t-on pas d’être vus ? demanda David.
    Vittoro fit non de la tête.
    — À cet endroit-là il n’y a ni entrée ni passage, rien à part un mur plein. La procédure habituelle est de regrouper les hommes à la porte principale et de déployer des troupes plus petites sur les deux côtés où se trouvent des entrées cachées. C’est là qu’ils monteront la garde.
    Tout en parlant, Vittoro déroula la corde dont il s’était servi pour nous sortir du guet-apens de Morozzi.
    — L’autre raison pour laquelle ils ne se fatiguent pas à mettre quelqu’un de faction de ce côté-là de la forteresse, c’est que la cheminée a été creusée quasiment à la verticale. Le malheureux qui tomberait de cette hauteur se tuerait.
    — Donc, on ne peut pas simplement se laisser glisser ? demanda David.
    — Non, à moins que tu ne sois impatient à l’idée de rencontrer ton Créateur.
    Il soupesa la corde, et nous en tendit une extrémité.
    — Qui veut passer en premier ? fit-il en nous adressant un large sourire.

19
    D avid défit le lien qui retenait sa cape noire, puis passa sa robe blanche de dominicain par-dessus sa tête. Sans regret, il abandonna les habits par terre.
    — Ils m’alourdiraient inutilement dans l’eau, expliqua-t-il en voyant mon air de surprise – mais il avait mal interprété ma réaction. Je comprenais parfaitement la raison pour laquelle il avait ôté son accoutrement ; toutefois, s’il pensait qu’il allait passer en premier, il se trompait.
    — On ne sait pas quelle largeur fait ce boyau, n’est-ce pas ? fis-je remarquer. Je suis plus à même d’y arriver que toi, et une fois dedans je pourrai évaluer tes chances de passer. Dans le cas contraire tu pourrais fort bien rester coincé, sans moyen de t’en sortir.
    — Elle n’a pas tort, confirma Vittoro à contrecœur. Il m’est arrivé d’y lancer une corde, mais je n’y suis jamais descendu moi-même. Je ne saurais dire avec précision la largeur qu’il fait.
    — C’est trop dangereux, insista David. Elle se retrouverait seule dans l’eau.
    — Tout ira bien pour moi, fis-je.
    Sans leur donner le temps d’approuver, j’enlevai ma propre robe et, pour faire bonne mesure, ma robe du dessus. Vittoro avait fait une boucle à une extrémité de la corde. Je m’en saisis et la passai par la tête, puis l’ajustai sous mes aisselles.
    Jetant un œil dans le conduit sombre, je respirai un grand coup.
    — Je suis prête.
    À la vérité je ne l’étais pas, bien sûr, mais comment se préparer à pareille chose ? Il était bien plus simple d’en finir au plus vite. Suivant les instructions de Vittoro, je m’assis au bord de l’ouverture.
    — Prends ton temps pour descendre, expliqua-t-il. Je donnerai du mou à intervalles réguliers. Si la corde serre trop, tu peux appuyer tes jambes et tes bras contre les parois, cela te soulagera un peu. S’il y a un problème, tu tires sur la corde et je te remonte.
    Je hochai la tête comme si je comprenais, alors qu’en fait je ne savais qu’une chose : je m’apprêtais à pénétrer dans un trou noir et humide qui, si je survivais à la descente, m’éjecterait dans d’ignobles douves. Au dernier moment, juste avant d’empoigner la corde, je levai les yeux vers David et lui dis :
    — Quand tu seras dans l’eau, quoi qu’il arrive, fais en sorte de ne pas en avaler. Si tu te retrouves sous la surface, bloque

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