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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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voûtes, dont les arêtes étaient peintes en rouge vif, encadraient un ciel étoilé immensément bleu. Les colonnes, qui se dressaient de chaque côté de la nef centrale, reflétaient dans leur marbre poli la lumière de la lampe du Saint-Sacrement, conservée là pour rappeler la présence éternelle du Christ. Tout en contemplant ces splendeurs, je tentai d’évaluer le temps que nous avions passé au château Saint-Ange et qui s’était écoulé depuis notre fuite. En tout état de cause, l’heure des complies, qui accueillent la nuit en douceur, était passée ; et nous n’en étions pas encore aux matines. Nous devions nous cacher avant que les frères n’arrivent pour le service qui annonce l’arrivée du jour nouveau.
    — Par ici, fit Rocco en indiquant d’un geste l’autel et un escalier de pierre menant à la crypte. Je le suivis à contrecœur, ayant eu mon content pour la soirée d’espaces étroits et obscurs. Heureusement, des lampes perpétuelles brûlaient pour la dizaine de tombes disposées là, dont celle de sainte Catherine elle-même. L’effigie la montrait reposant en paix, mais je songeai au corps sans tête qui se trouvait à l’intérieur et frissonnai.
    Catherine n’était pas la seule à être représentée dans une apparente tranquillité. Vers le fond de la crypte, où David et moi finîmes par nous écrouler, le visage d’une femme avait été sculpté dans le mur. Les cheveux enroulés en natte autour de sa tête, elle avait un visage qui respirait la noblesse et le bon sens.
    — Minerve ? demandai-je à Rocco.
    Il hocha la tête.
    — Probablement. À l’époque où l’endroit était son temple, il y avait un puits, ici. Les frères l’ont conservé.
    Il disparut dans l’obscurité quelques minutes, et revint avec un seau d’eau.
    Je me jetai dessus en même temps que David. Nous bûmes, et quand notre soif fut étanchée nous nous lavâmes du mieux possible, étant donné les exigences de la pudeur et le manque de vêtements propres. Ensuite, épuisés, nous nous affalâmes de nouveau contre le mur. Mes yeux étaient en train de se fermer lorsque j’entendis David demander :
    — Quelles sont les chances que quelqu’un vienne ici ?
    — Mais quelqu’un va venir, répliqua Rocco. J’y compte bien, même.
    Je sentis David se raidir près de moi. Je n’aurais su l’en blâmer, étant donné nos tribulations de cette nuit-là.
    — Ton ami ? demandai-je.
    Rocco acquiesça d’un signe de tête.
    — Il y a quelques années de cela, Guillaume a été transféré ici, au chapitre, et nous nous sommes croisés dans la rue par hasard. Il m’a reconnu, tout comme moi, et je me suis demandé s’il allait me dénoncer. Mais il a gardé mon secret.
    — Quel secret ? s’enquit David, qui n’était toujours pas convaincu, manifestement.
    Je laissai Rocco répondre, ce dont il s’acquitta avec simplicité et dignité.
    — Jadis, moi aussi j’ai été un frère dominicain.
    David émit un son qui se situait entre l’incrédulité et le dégoût. Sa réaction n’était guère surprenante. De son point de vue, il aurait tout aussi bien pu s’en remettre au Serpent lui-même pour rester en vie.
    — Je ne savais pas qu’il était possible de quitter l’Ordre, lança-t-il finalement.
    — C’est parce que ça ne l’est pas, répondit Rocco. Je me suis enfui. En me croisant par hasard à Rome, Guillaume aurait pu me causer beaucoup d’ennuis ; mais il a choisi de garder le silence.
    — Pourquoi ? demandai-je.
    — Il a ses raisons, répliqua Rocco évasivement, avant de se pencher en arrière contre le mur et de fermer les yeux, mettant ainsi un point final à la conversation.
    Nous restâmes silencieux pendant un certain temps. Je ne cessai de m’assoupir et de me réveiller en sursaut. Dans mes moments de veille, je songeai à Nando, envoyé à la campagne pour sa sécurité, et à la possibilité que son père devienne un homme traqué à cause de moi. Avec quelle insouciance l’avais-je impliqué dans mes problèmes en me persuadant que je ne pouvais faire autrement, alors que la vérité est que nous avons toujours le choix. S’il arrivait quelque chose à Rocco, je serais l’unique responsable.
    J’étais en train de ressasser cette désagréable éventualité lorsque je perçus des bruits de pas dans l’escalier menant à la crypte. Rocco les entendit également et se leva sur-le-champ. Je donnai un coup de coude à David, qui s’était

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