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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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l’heure des matines. Mes frères seront dans l’église, au-dessus, mais personne ne viendra s’aventurer ici. Quand il fera jour, nous prendrons si nécessaire d’autres dispositions. Cela vous convient-il ?
    Lorsque nous l’eûmes chaleureusement remercié, il ajouta :
    — Avant l’heure de la prime, je devrais être en mesure de revenir avec de quoi manger et, si possible, des nouvelles. Jusque-là, restez ici et reposez-vous.
    Rocco le raccompagna jusqu’à l’escalier tandis que David et moi reprenions place contre le mur. Juste avant de céder au sommeil, il me vint à l’esprit que j’avais enfin rencontré l’homme que j’avais cru entrevoir en Morozzi, en quête de vérité au sein même de notre Mère la sainte Église. S’il en existait d’autres comme lui, et s’ils avaient le courage de Guillaume, on pouvait peut-être encore espérer voir un jour vaincus tous les Torquemada qui existaient dans notre bas monde.
    Je m’endormis alors d’un sommeil lourd et sans rêves, et plus tard n’entendis que très vaguement, résonnant sur les murs de la crypte, le chant des frères en train de réciter l’office divin : En Dieu seul, le repos de mon âme. De lui vient mon salut .

20
    — Francesca ?
    Une voix lointaine, comme étouffée. Une main m’effleurant le bras. J’ouvre les yeux. Rocco est agenouillé à mes côtés, le visage tendu. Je dirige mon regard vers les escaliers menant à l’autel : le jour commence à poindre, dirait-on.
    — Quelle heure est-il ? demandai-je en luttant pour me réveiller. Ces quelques heures de sommeil profond n’avaient servi absolument à rien. J’avais les idées embrouillées et le corps tout endolori. Rocco tendit une main pour m’aider à me relever. Je l’acceptai avec gratitude, tant pour la solidité physique que morale dont il faisait preuve depuis le début.
    — L’office de la prime va bientôt commencer, répondit-il. Guillaume a apporté à manger, et il a des nouvelles pour nous, comme promis.
    — Quelles nouvelles ? demanda promptement David, qui venait de se réveiller lui aussi. Il se leva d’un bond, comme s’il venait de passer une bonne nuit de repos dans un lit somptueux.
    — La ville est calme, expliqua Rocco. Aucune fuite du castel n’a été signalée la nuit passée, et il n’y a pas non plus de signe de troubles près du ghetto, ou dans les autres rues. Tout semble en ordre.
    C’était une bénédiction, pour sûr, tant que cela durerait. Le raisonnement de Vittoro s’était donc confirmé : sans preuve tangible d’un complot contre le pape, Morozzi ne pouvait parler sans s’exposer au courroux de Borgia. Toutefois, cela ne l’empêcherait pas d’obtenir la signature de l’édit et ce faisant, de condamner les juifs. Seule la mort d’Innocent pouvait tout arrêter.
    — Aucune nouvelle du pape ? demandai-je.
    Rocco secoua la tête.
    — Rien de nouveau.
    Je ne pouvais croire que nous avions surmonté tant d’obstacles pour au final échouer, même si je savais que le succès n’avait jamais été garanti. Car si j’avais réussi à faire l’échange du sang, je n’avais aucune certitude qu’Innocent l’ait ensuite bu. Et même si c’était le cas, cela ne lui avait peut-être pas fait le même effet qu’à Rébecca. Néanmoins, il était encore possible qu’il meure à cause de ses propres actes de débauche, qui étaient légion. Ou bien Dieu, dans Son infinie miséricorde, déciderait peut-être d’ôter la vie à Son serviteur par quelque autre moyen, avant qu’il ne puisse faire davantage de mal. Il y avait tant d’inconnues, dans cette situation, qu’une seule solution s’offrait à nous.
    — Nous devons découvrir coûte que coûte ce qui se passe au castel , m’exclamai-je, résolue à me mettre en route sur-le-champ. Mais mon estomac en avait décidé autrement. Sentant l’odeur de la nourriture, il émit un grognement que n’aurait pas renié un loup affamé. Au même instant, les cloches sonnèrent l’heure de la prime.
    En attendant que le service soit fini et que les frères quittent l’église, nous dévorâmes le pain et le fromage que Guillaume nous avait apportés. Lorsque la voie fut enfin libre, nous montâmes furtivement l’escalier de la crypte et sortîmes par la même porte latérale. Émergeant ainsi d’un endroit confiné et peu éclairé, nous nous retrouvâmes à cligner des yeux dans une lumière matinale si éclatante qu’elle donnait mal à la

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