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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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point de commettre un acte terrible. Mais qu’en était-il du meurtre du Vicaire du Christ sur terre ? Où s’arrêtait l’homme, où commençait sa sainte charge ? Je n’en avais aucune idée, vraiment, mais cela ne m’empêchait pas de craindre la réponse.
    — Peut-être que oui, peut-être que non, répondit Vittoro d’un ton destiné à me faire comprendre que selon lui, c’était sans importance. Ce qui compte, c’est qu’il soit parti. Réjouissons-nous de cela et ne nous inquiétons pas du reste.
    Nous approchions du Pons Ælius, que j’avais traversé pour la dernière fois en compagnie de Morozzi et de David, avant d’entrer au château Saint-Ange. J’observai la lugubre forteresse, et eus tout le loisir de m’étonner de ce que David et moi ayons réussi à en réchapper. Levant les yeux vers la statue de saint Michel, je lui rendis grâce en silence. Je n’eus même pas un regard pour les douves, en revanche.
    Un peu plus loin, nous entrâmes dans l’enceinte du Vatican lui-même. Au contraire du reste de la ville, l’immense place devant Saint-Pierre était fortement animée. Membres du clergé comme laïcs de Rome et des villes environnantes s’étaient précipités pour venir dès qu’ils avaient entendu la nouvelle, dans l’idée de tirer quelque avantage personnel de l’événement, de faire campagne pour leur candidat préféré ou simplement de se délecter des intrigues et de l’excitation ambiante. Ils allaient être talonnés de près par les délégations des États italiens et de la plupart des pays européens. Sous peu, toutes les auberges de Rome et de nombreuses maisons seraient remplies du sol au plafond.
    La course avait commencé pour atteindre la ville avant que le conclave ne débute, que les cardinaux ne soient enfermés dans la chapelle Sixtine et qu’il n’y ait plus rien d’autre à faire, mis à part attendre leur décision.
    Quelque part dans le vaste ensemble de bâtiments que constituait le Vatican, Morozzi s’était remis à comploter. À n’en pas douter, il savait qu’à présent son seul espoir de faire signer l’édit reposait sur l’élection d’un pape haïssant les juifs autant que lui. Un certain nombre de candidats correspondaient à cette description, mais il n’y en avait pas de meilleur que Giuliano della Rovere lui-même, qui, du temps d’Innocent, avait tiré les ficelles. À ce titre, Morozzi avait nécessairement dû obtenir son approbation concernant l’édit avant de le proposer à Innocent. Il n’était donc pas déraisonnable de penser que della Rovere était devenu, à son tour, le protecteur du prêtre fou.
    Et encore moins que le Cardinal à l’orgueil démesuré ne reculerait devant rien pour continuer à exercer son contrôle sur la papauté. S’il ne parvenait pas à se faire élire lui-même, della Rovere était encore suffisamment jeune pour faire installer sur le trône un candidat à sa convenance, et attendre ensuite patiemment son heure. Mais il en allait tout autrement pour Borgia, qui à soixante et un ans ne pouvait se permettre d’échouer à nouveau sans renoncer concrètement à tout espoir de devenir pape un jour. Cela faisait trop longtemps qu’il attendait ce moment, et rien ne le freinerait, à présent. Son ambition dévorante n’avait d’égale que celle de della Rovere.
    — Un choc de Titans, murmurai-je en regardant en direction de la façade sans ornement de la chapelle Sixtine, où la lutte finale allait se dérouler. Mis à part les cardinaux et leur suite, personne ne savait exactement ce qu’il se passait lors d’un conclave, mais le processus par lequel Dieu est censé faire savoir qui il choisit pour être Son Vicaire sur terre ne me paraît être guère plus qu’une invitation à l’avarice et la vénalité humaines.
    — Qu’est-ce que tu as dit ? fit Vittoro.
    J’ajustai ma position sur la selle pour le regarder.
    — À ton avis, jusqu’où della Rovere ira pour gagner, cette fois-ci ?
    — Aussi loin que nécessaire, tout comme Borgia, répliqua-t-il en mettant pied à terre. Ils n’accepteront jamais de reculer, ni l’un ni l’autre.
    Nous confiâmes nos rênes à un écuyer en livrée rouge et or de la maison des Borgia. Levant les yeux, j’aperçus l’étendard de la vice-chancellerie qui flottait au-dessus du palais apostolique. Pour l’instant, Borgia était le chef suprême de l’Église de Rome. Mais cela pouvait changer bien trop rapidement. Et cela

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