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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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ça.
    Perditus, à présent hors de lui, se retourna vers le magistrat auquel il fit face pendant tout son discours.
    — Oh, je n’en doute pas ! approuva Corbett. Voyons, vous étiez bien mercenaire de métier, à la solde des nobles et des riches marchands de Germanie ? Vous et l’abbé Stephen débattiez du Traité de l’art militaire de Végèce. Vous avez donc dû être un soldat de métier, jadis.
    — J’étais un Ritter, un chevalier, déclara Perditus. Mon vrai nom est Franz Chaudenvelt. Je menais ma propre compagnie, ajouta-t-il avec fierté, la tête rejetée en arrière, comme s’il évoquait ses souvenirs avec des amis dans une taverne, les yeux brillant d’orgueil. Je commandais des cavaliers, des écuyers et des archers.
    Perditus affrontait crânement son interlocuteur.
    « Admire-t-il ma sagacité, s’interrogea Corbett, ou s’enorgueillit-il de ses sanglants exploits ? »
    — J’ai commis des erreurs, n’est-ce pas ? avoua le frère lai. Je savais que je n’aurais pas dû laisser ce livre traîner sur le plancher. Et, bien sûr...
    — Oui, intervint Corbett, désireux de mener à nouveau la conversation à sa guise. Vous avez parlé de phalanges et avez décrit la façon dont on pouvait défendre l’abbaye. Et, l’ironie de la chose, c’est que vous évoquiez la manière de la défendre contre vous-même !
    — C’est lui l’assassin ? C’est lui qui les a tous tués ? s’exclama le prieur Cuthbert, en hochant la tête comme s’il ne pouvait en croire ses oreilles.
    — Bien entendu, acquiesça Corbett. Perditus se considérait comme l’exécutant de la justice de Dieu, celui qui accomplirait Sa vengeance contre les hommes qui avaient poussé l’abbé à la mort.
    — Il m’a dit, voyez-vous, s’exclama Perditus, il m’a dit que ces chiens lui mordaient les talons, toujours à exiger... L’abbé Stephen ne craignait aucun d’entre vous ! gronda-t-il.
    — Vous a-t-il expliqué ce que contenait le tertre funéraire ? demanda Corbett. Non, n’est-ce pas ?
    Perditus fit un signe de dénégation.
    — Il se contentait de dire qu’il ne fallait pas le violer. Il faisait de mystérieuses allusions au tumulus qui aurait été le moyeu de sa vie : il n’a pas précisé ce que cela signifiait.
    Il adressa un sourire à Corbett.
    — Vous êtes un clerc astucieux. L’abbé Stephen dessinait toujours cette figure de roue. Quand je suis monté en haut du tertre j’ai compris ce qu’il voulait dire. Rien d’étonnant à ce qu’il ait admiré cette mosaïque dans la cave.
    Il éleva la voix en désignant les moines.
    — Mais ce sont eux les véritables assassins. Leurs supplications, leurs insinuations, leurs menaces ont affolé l’abbé Stephen. Oh, au fait, Messire le prieur, railla-t-il, il m’a raconté que vous nous aviez vus à Bloody Meadow. Il m’a parlé de votre façon de faire pression et de vos méchantes intimidations. Si j’avais pu agir à ma guise, j’aurais tranché votre cou décharné, mais l’abbé Stephen ne voulait pas de violence.
    — Vous étiez l’amant de l’abbé, n’est-ce pas ? intervint frère Dunstan.
    — Taisez-vous, espèce de gros rustaud luxurieux ! Que savez-vous de l’amour, sauf de celui que vous trouvez entre les cuisses d’une fille d’auberge ? Racontez-leur, Corbett, puisque vous semblez tout savoir !
    — L’abbé Stephen aimait Perditus, expliqua le magistrat d’un ton calme. Mais ce n’était point un vice contre nature ; c’était un amour des plus normaux : Perditus est son fils.
    Dans d’autres circonstances la mine des moines aurait fait rire Corbett.
    — Son fils ? s’indigna frère Aelfric. Comment un prêtre pourrait-il avoir un fils ?
    — Ne soyez pas stupide ! gronda Perditus. Les bâtards de prêtres pullulent d’un bout à l’autre de la chrétienté !
    — L’abbé Stephen, précisa Corbett, n’a point engendré son enfant quand il était moine, mais alors qu’il faisait partie de la cour d’Édouard, qu’il était chevalier banneret. Perditus ?
    Le frère lai leva la tête, les yeux pleins de larmes.
    — L’abbé vous a-t-il parfois parlé de votre mère ?
    La réponse vint, à peine audible.
    — Non. Jamais. Il n’a jamais voulu. Il m’ajuste dit qu’elle était morte et qu’elle s’appelait Héloïse. Mais, depuis son trépas et les événements de ce matin...
    — C’est-à-dire ce que nous avons découvert dans le tertre

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