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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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maître.
    — Parlons sans détour, dit-il. Je ne veux point vous faire prêter serment, mais l’abbé Stephen avait-il des ennemis dans la congrégation ?
    — Pas le moindre, répondit frère Richard sans hésiter. C’était notre père abbé. Il était exigeant, mais il pouvait aussi se montrer affable et compréhensif ; c’était un véritable érudit, un saint homme.
    Il jeta un regard plein de défi vers ses compagnons.
    — Frère Richard dit vrai, déclara Cuthbert.
    — Allons, dans une communauté comme celle-ci il existe toujours des jalousies, des rivalités...
    — Il était au-dessus de ça, Sir Hugh.
    — Accusez-vous l’un d’entre nous ? intervint le sous-prieur. Sir Hugh, nous ne sommes point les seuls moines dans cette maison !
    — Frère Hamo, je croyais que vous ne poseriez jamais cette question. Vous êtes ici pour trois raisons. D’abord parce que vous êtes tous membres du concilium. Vous aviez des rapports directs avec l’abbé, alors que ce n’est pas le cas des autres frères. Ensuite, parce que j’ai cru comprendre que vous aviez tous votre propre chambre. Par conséquent, si vous vous absentez pendant la nuit, on ne le remarquera pas, comme cela serait noté dans les cellules et les dortoirs des autres moines. Enfin, continua Corbett, impitoyable, parce qu’on accède aux appartements de l’abbé par un escalier. La porte qui donne sur la cour est toujours fermée à clé la nuit. Je pense, frère Perditus, que c’est vous qui étiez chargé de la clore, n’est-ce pas ?
    Le frère lai acquiesça.
    — Seuls le serviteur de l’abbé et les membres du concilium ont une clé.
    — Vous accusez donc l’un d’entre nous ? releva le prieur.
    — Je n’accuse personne. Je réponds seulement à la question de votre sous-prieur. Revenons donc aux relations avec le père abbé. Il n’y avait nul grief ?
    L’aumônier, frère Richard, commença à s’agiter et à lancer des regards furieux à Cuthbert.
    — Il y avait bien une difficulté, n’est-ce pas, frère Richard ? De grâce, faites-m’en part !
    — C’est inutile, affirma le prieur. Nous avions en effet un différend avec le père abbé. Nous possédons un champ appelé Bloody Meadow, au centre duquel se trouve un tumulus, un tertre funéraire. Selon la légende locale, il y a des siècles, l’un des premiers rois chrétiens, Sigbert, fut supplicié et enterré là. Nous, les membres du concilium, estimions que cette prairie aurait été le site parfait pour ériger une hôtellerie plus vaste. L’abbé Stephen n’était pas de cet avis. Il prétendait que pré et tertre étaient sacrés et qu’il ne fallait point y toucher.
    Corbett scruta le prieur. « Voilà une réponse trop prompte, pensa-t-il, comme s’il ne s’agissait que d’une affaire mineure à vos yeux. Je la crois pourtant très importante pour vous. Mais pourrait-elle expliquer le meurtre ?... »
    Il jeta un coup d’oeil oblique vers l’archidiacre Adrian Wallasby qui, l’air de s’ennuyer, se curait les dents.
    — Et vous ? interrogea le clerc en le désignant. Vous étiez dans l’abbaye quelques jours avant que le meurtre ait lieu, n’est-ce pas ? Avez-vous rencontré l’abbé Stephen ? Vous a-t-il remis une clé de ses appartements ?
    Tiré de son ennui, l’archidiacre se gratta la joue avec nervosité.
    — L’abbé était un exorciste réputé, répliqua-t-il. Il pratiquait ses rituels, ici comme à Londres, en présence d’érudits et de théologiens.
    Il prit le temps de choisir ses mots avec grand soin.
    — Vous n’ignorez pas, Sir Hugh, que l’inquisition papale est constituée de dominicains qui ont pour rôle d’extirper l’hérésie et la magie. Maints d’entre eux sont à présent de mon avis : soit les prétendus possédés ont l’âme malade, soit il s’agit de supercherie, soit c’est simple folie.
    — Et l’abbé Stephen le réfutait ?
    — La réfutation était savante et consistait en un échange de missives. Il y a quelques semaines, l’abbé m’a écrit au sujet d’un homme nommé Taverner qui était venu à St Martin quérir son assistance. Taverner se disait habité par l’esprit démoniaque de Geoffrey Mandeville.
    Surpris, Corbett tressaillit.
    — Le baron voleur qui ravageait cette contrée ?
    — Lui-même.
    — Et comment Taverner exprime-t-il cela ? s’enquit Ranulf avec curiosité.
    — Je l’ai interrogé, répondit Cuthbert. Ce n’est point un

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