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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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homme instruit, mais il peut se mettre à parler anglo-normand ou latin. Il semble aussi en savoir beaucoup sur la vie de Mandeville. Il a, en fait, une double personnalité.
    — Il faut que je le voie, déclara Corbett. Est-il en lieu sûr ?
    — Nous l’avons installé près de l’infirmerie, expliqua Cuthbert. Belle chambre, nourriture et boisson selon son gré. L’abbé Stephen lui portait un intérêt particulier.
    — Et qu’en pensez-vous ?
    Le prieur fit la grimace.
    — Sir Hugh, je suis un moine bénédictin qui a ses devoirs et ses tâches.
    — Vous ne voyez donc point le diable épiant à chaque coin ou se cachant dans l’ombre ?
    — Pas davantage que ne le faisait le père abbé.
    La nervosité de Perditus avait disparu. Ses traits durcis arboraient une expression de défi.
    — Il n’apercevait ni démons ni lutins tapis dans les arbres ou dissimulés dans les mares. Il était persuadé que les diables étaient les seigneurs des airs et avaient le pouvoir de pénétrer certains êtres.
    — L’abbé Stephen n’a point besoin que vous preniez sa défense ! aboya Cuthbert. Les Évangiles parlent des démons. Les Gadaréniens {7} ne prétendaient-ils pas être possédés par une légion de diables ?
    Corbett montra l’archidiacre du doigt.
    — Et qu’avez-vous pensé de Taverner ?
    — C’est un cas exceptionnel, répondit Wallasby en se frottant les mains. Sir Hugh, à Londres j’ai vu des charlatans, de rusés dupeurs, mais je dois bien admettre que Taverner m’a presque convaincu.
    — Presque convaincu ?
    — Je ne dénie point l’existence de Satan et de ses légions, minauda Wallasby. Mais je n’accepte pas l’idée qu’ils puissent intervenir dans nos vies. Après tout, la volonté humaine peut être assez malfaisante sans l’appui de ceux que notre savant frère lai nomme les seigneurs des airs. Mes discussions avec l’abbé Stephen portaient sur les écrits des Pères
    — Ambroise et Augustin, par exemple. C’est cependant plutôt étrange, ajouta-t-il, pensif.
    — Quoi donc ? interrogea le magistrat.
    — Les sorciers et les nécromanciens, ceux qui étudient la Cabale, croient aux philtres puissants et aux incantations. Sir Hugh, avez-vous ouï parler du Collège des Invisibles ?
    Le clerc eut un geste de dénégation.
    — C’est la croyance selon laquelle un magicien, en usant de certains charmes, peut se rendre invisible pour quelques heures et traverser des matériaux tels que le bois et la pierre.
    Saisissant la pensée de son interlocuteur, Corbett enchaîna :
    — Vous faites allusion au meurtre de l’abbé Stephen, n’est-ce pas ?
    — Je vous ai écouté avec attention, Sir Hugh. Comment, si ce n’est par magie noire, aurait-il pu être poignardé à mort dans ses appartements ? La porte, au pied de l’escalier, était fermée, mais Perditus, le frère lai, n’a entendu monter personne. Les fenêtres et la porte de la pièce étaient closes. Il n’y a point de passage secret. Il ne semble pas y avoir eu lutte et pourtant on a retrouvé l’abbé mort. Je me demande...
    Corbett l’interrompit.
    — Avant que nous en venions à des sujets célestes, permettez-moi de vous citer, Messire l’archidiacre : la volonté humaine peut être assez malfaisante.
    — Il n’en reste pas moins que c’est un mystère, insista ce dernier.
    Le magistrat tambourina sur la table.
    — Pour le moment, oui. Dites-moi, Messire le prieur, s’est-il passé quelque chose d’extraordinaire, dans ou autour de l’abbaye, pendant les jours précédant le trépas de l’abbé Stephen ?
    — Notre maison est un endroit de calme et de sérénité, Sir Hugh. Mais vous avez vu la contrée, au-delà des murs ; ce n’est que marécages, marais, champs, bosquets de bois épais. Des coquins, comme Scaribrick, y rôdent.
    — Menacent-ils l’abbaye ?
    — En aucune façon.
    — Et Lady Margaret Harcourt ?
    — L’aversion entre elle et l’abbé était notoire. Ils ne se rencontraient jamais ni ne dépêchaient de missives.
    — Falcon Brook, intervint Dunstan le cellérier.
    Il vit l’air surpris de Corbett et expliqua :
    — C’est un ruisseau qui coule au pied de Bloody Meadow. Lady Margaret et notre père abbé s’en disputaient la propriété.
    — Mais j’ai réglé le différend, précisa Cuthbert. C’est ce que voulait le père abbé.
    Corbett contempla un tableau pendu au mur. C’était une toile tendue sur un panneau de

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