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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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bois. Les couleurs en étaient brillantes et vives, et la facture vigoureuse. Il plissa les yeux. Au début, les formes représentées ne correspondaient à rien : il distingua une tour sur un arrière-fond en flammes. Un jouvenceau en armure guidait un homme plus âgé aux yeux bandés. Corbett finit par reconnaître la scène : Énée emmenant son père hors de Troie. Il parcourut la pièce du regard. D’autres peintures présentaient des motifs similaires. Il reconnut l’épisode de Romulus et Remus, César et d’autres thèmes puisés dans l’histoire et les légendes de l’ancienne Rome. Le prieur avait suivi son regard.
    — Une particularité de notre père, dit-il. Il aimait tout ce qui concernait Rome. Je crois que, comme chevalier banneret et comme moine, il a, à maintes reprises, fait partie des ambassades envoyées au Saint
    — Père à Rome. Il s’était pris d’un vif intérêt pour les ruines et il a colligé d’anciennes légendes.
    — Il appréciait la Rome antique dans tous les domaines, intervint frère Francis le bibliothécaire. Il collectionnait les livres et les manuscrits qui en traitaient.
    — Pourquoi ? voulut savoir Corbett.
    — Je lui ai posé un jour la question, répondit l’archiviste. Il m’a répondu qu’il en admirait la gravité, l’honneur, l’amour de l’ordre et de la discipline. Nous possédons même une copie des « Actes » de Pilate {8} .
    C’était un érudit, ajouta frère Francis avec nostalgie. Il a mené une vie sage et méritait une mort meilleure.
    Corbett lança un bref coup d’oeil à Ranulf, fort occupé à écrire. Il trouvait difficile de cacher sa déception et sa frustration. L’abbé avait trépassé de malemort mais, hormis la question de Bloody Meadow, il ne décelait ni malveillance ni haine envers feu le père Stephen, et en tout cas pas assez pour expliquer un meurtre. Et comment avait-il été perpétré ? Fermant les yeux, il ressentit soudain la fatigue due à son trajet précipité. Le roi avait été fort pressé de les voir se mettre en route sans délai. Corbett avait envie de s’étendre, de cacher sa tête sous les couvertures, de dormir et de rêver.
    — Sir Hugh ?
    Il s’empressa de rouvrir les yeux.
    Le prieur Cuthbert eut un sourire conciliant.
    — Y a-t-il d’autres questions ? Le travail quotidien de l’abbaye nous réclame et nous devons célébrer le requiem.
    Le magistrat présenta ses excuses et acquiesça. Le concilium se retira, suivi par l’archidiacre Adrian et Perditus. Corbett attendit que Chanson eût fermé la porte derrière eux. Ranulf jeta sa plume sur la table et se plongea le visage dans les mains.
    — Rien, Messire, rien du tout ! Voilà un abbé, un savant, un théologien qui s’intéressait aux antiquités et qui était aimé et respecté de sa communauté.
    — Mais n’est-ce pas là qu’apparence ? N’y a-t-il pas autre chose ?
    Dépité, il abattit son poing sur la table. Il allait continuer quand on frappa à la porte. L’archidiacre Adrian entra.
    — Il y a un élément, Sir Hugh, dont les frères n’ont pas parlé.
    Il prit le siège que lui proposait Ranulf.
    — Je ne suis ici que depuis quelques jours...
    — Et que pensez-vous de la congrégation ? l’interrompit Corbett. Après tout, Messire Wallasby, vous êtes archidiacre, dénicheur de scandales et de péchés.
    Ce dernier ne s’offusqua pas.
    — Je serai franc, Sir Hugh. L’abbaye est bien dirigée. Si je faisais une visite officielle...
    Il hocha la tête.
    — Les offices sont ordonnés et bien chantés. Les frères travaillent avec assiduité à la bibliothèque, au scriptorium, aux cuisines et aux champs. Les femmes ne sont pas autorisées à franchir la clôture. Il existe, bien sûr, les petites rivalités ordinaires, mais rien de très significatif, sauf...
    — Et c’est pour cela que vous êtes revenu ?
    — C’est le chasseur, avoua l’archidiacre. Deux nuits avant le décès de l’abbé, comme je ne pouvais dormir, je suis allé faire un tour dans l’enceinte. J’ai d’abord cru avoir imaginé la première sonnerie, mais deux autres ont suivi, semblables à celles que l’on ouït dans une chasse avant que la meute soit lâchée. J’ai appris, en bavardant avec quelques-uns des frères les plus âgés, que l’époux de Lady Margaret Harcourt, celui qui a disparu, s’amusait à sonner de la trompe la nuit en faisant semblant d’être le fantôme de Sir Geoffrey

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