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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Mandeville. J’ai aussi appris qu’on avait souvent entendu la trompe au cours de ces quatre ou cinq derniers mois.
    Il se leva.
    — Mais je n’en sais pas davantage.
    — Que va-t-il arriver à Taverner ? s’enquit Corbett.
    Wallasby haussa les épaules.
    — Je présume que les bons moines lui donneront un peu d’argent, de la nourriture, quelques hardes et le renverront. Pourtant frère Richard m’a dit qu’il avait demandé à séjourner céans quelque temps et notre généreux prieur est enclin à autoriser ce genre de chose.
    Il sortit sans bruit. Corbett se tourna vers ses compagnons.
    — Ranulf, Chanson, allez donc vous promener dans l’abbaye. Comportez-vous, si vous en êtes capables, comme des innocents émerveillés, précisa-t-il avec un grand sourire.
    — Autrement dit, il faut que nous mettions notre nez dans le linge sale ? rétorqua Ranulf.
    — Pour parler sans détour, oui.
    Les deux hommes sortirent. Leur maître regarda autour de lui et se leva. La pièce était bien meublée, ornée de tableaux et de crucifix pendus au mur et de statues de la Vierge et des saints dans de petites niches. Le plancher était ciré et les nombreuses chandelles de cire d’abeille parfumaient l’air de leur odeur particulière. Dans un recoin, on avait dressé un étroit lit à quatre montants, à courtines et à baldaquin, garni d’oreillers et couvertures. Le sol était en partie recouvert de tapis de laine aux couleurs variées. Corbett les écarta en quête d’une entrée secrète ou d’une trappe, mais en vain. Les murs étaient en pierre dure et les reluisantes lames de bois du plancher étaient intactes. Il déplaça le lit et les tables, mais ne découvrit rien.
    Il s’approcha alors des coffres. Ses trouvailles – quelques anneaux et babioles – ne firent que confirmer la nature ascétique de l’abbé Stephen. Le grand coffre contenait des pièces d’armure, un surcot, un ceinturon, des reliques du temps où leur propriétaire servait comme chevalier. Rien de remarquable ni de significatif. Le clerc rassembla documents et livres qu’il posa sur la table et se mit à les feuilleter avec lenteur. Rien ne retint son attention. Lettres, notes, traités pour la plupart concernaient l’administration de l’abbaye, les voyages de l’abbé à l’étranger et, bien sûr, ses travaux d’exorciste. Quelques livres étaient des ouvrages d’histoire sur la Rome antique ou des écrits des Pères de l’Église sur la démonologie et la possession. L’obituaire dressant la liste de ceux pour qui l’abbé Stephen devait dire une messe ne présentait, lui non plus, rien de révélateur. Corbett prit le morceau de vélin portant la citation de Saint Paul – voir dans un miroir obscurément – et mentionnant les feux follets, et la maxime énigmatique de Sénèque. Qu’est-ce que cela signifiait ? Il en examina le griffonnage, le schéma, à la fin. Il l’avait déjà vu sur d’autres bouts de parchemin. Il représentait une roue – avec un moyeu, des rayons et une jante – dessinée à l’encre. Y avait-il là une signification spéciale ?
    Il repoussa le document et posa les yeux sur la porte. « Voilà un homme, pensa-t-il, un ecclésiastique, entre cinquante-trois et cinquante-cinq ans, qui a conservé fort peu de traces de son passé. » Exaspéré, Corbett quitta la chambre et descendit dans les vastes cuisines de l’abbaye quérir viande, pain et bière. Les frères qui s’y trouvaient furent affables, mais réservés et le magistrat comprit que l’abbaye se préparait à la messe solennelle de requiem. Il rencontra Ranulf et Chanson qui erraient comme des âmes en peine dans les couloirs et les galeries. Ils rapportèrent que si envers eux aussi les moines avaient été plutôt aimables, ils n’en avaient rien appris de nouveau. Corbett les renvoya à l’hôtellerie et regagna l’appartement de l’abbé. En reprenant les missives et les livres, il ne trouva aucune clé, aucune raison expliquant pourquoi la vie de ce saint abbé avait connu un terme si brutal.
    Un serviteur vint lui annoncer que la messe de requiem allait commencer. Corbett rejoignit la communauté dans la grande église abbatiale à la longue nef et aux transepts ombreux, séparés du choeur par un jubé sculpté. C’est là qu’étaient rassemblés les frères lais ; les moines, eux, avaient pris place dans leurs stalles. Le prieur entra, portant les magnifiques vêtements sacerdotaux noir et

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