Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
blessure et je me disais que son histoire de verre tombé nâavait aucun bon sens. Mais ce nâétait pas le temps de discuter avec lui. Jâai donc pris mon téléphone et jâai contacté Matt Wilson, notre thérapeute athlétique adjoint.
â Matt, nous avons un maudit problème ici. Je ne sais pas ce qui sâest passé mais Beimel est rentré à lâhôtel et je veux absolument que tu le voies. Sa main gauche est coupée et ça a lâair grave. Come to his room right now!
Nous étions alors au beau milieu de la nuit. Tel un bon Samaritain, Wilson est arrivé avec sa trousse de premiers soins. Et après un rapide examen, il a conclu quâil ne pouvait pas faire grand-chose.
â Je ne peux rien faire avec ça! Il aura besoin dâune chirurgie, a-t-il tranché.
Jâai continué à questionner Beimel quant à la façon dont il sâétait infligé cette coupure, et il répétait sans cesse quâil avait laissé tomber un verre. Encore aujourdâhui, je ne sais pas ce qui sâest véritablement passé dans ce bar ou durant le trajet quâil a effectué pour rentrer à lâhôtel.
Wilson a nettoyé la plaie et enrubanné sa main. Câest tout ce quâil pouvait faire à ce moment-là . Puis il a dit à Beimel:
â Demain matin, tu dois absolument passer au stade vers 8 h 30 ou 9 h. Nous allons voir le médecin sur place. Ne sois surtout pas en retard!
Nous sommes alors retournés à nos chambres. Et avant de mâendormir, jâai téléphoné à Val pour lui raconter la scène absolument hallucinante à laquelle je venais dâassister.
Le lendemain, je suis monté à bord du car de lâéquipe vers 14 h afin de me rendre à la séance dâentraînement et je me suis assis avec Casey Deskins. Durant la nuit, alors que je cherchais à savoir ce qui avait pu se produire avec Beimel, Casey mâavait raconté quâil était rentré à lâhôtel peu après moi et quâil nâavait pas eu vent de lâhistoire.
Le bus était sur le point de partir. Casey a alors eu lâidée dâenvoyer un texto à Beimel pour savoir à quel genre de diagnostic il avait eu droit en matinée.
Pas de réponse.
Casey a alors décidé de lui téléphoner.
â Hey buddy, howâs your hand?
â Oh my God! I was still sleeping!
Beimel ne sâétait jamais levé pour se présenter au rendez-vous que lui avait fixé Matt Wilson! En plus, il avait raté lâautobus qui transportait lâéquipe vers le stade!
Lorsquâil est arrivé au Shea Stadium, nous étions sur le point de sauter sur le terrain et il devait y avoir 150 journalistes sur place. La scène était désolante. Beimel avait lâair dâun zombie, avec ses cheveux longs et ses énormes cernes bleus sous les yeux. Il nâétait pas surnommé lâ undertaker pour rien. Et sa main gauche était enveloppée dâune serviette rouge.
Beimel en était à sa première saison avec les Dodgers. Je le connaissais très peu parce que je nâavais à peu près pas accompagné lâéquipe à lâétranger durant la saison. Je le regardais arriver et je me disais:
«Tabarnac! Câest quoi ça?»
Les journalistes ont sauté sur cette affaire comme la misère sur le pauvre monde. Et Ned Colletti, notre directeur général, a fort mal paru. Il ne savait pas quoi répondre aux questions qui lui étaient posées parce quâil nâavait pas été mis au courant de lâhistoire.
Matt Wilson, lui, se trouvait pris entre deux feux. Sâil se mettait les joueurs à dos, il allait lui être impossible de faire son job. En plus, il était totalement innocent dans cette histoire. Il nâavait voulu quâaider.
â I donât know, I donât know, I donât know , répondait-il aux questions que ses supérieurs lui posaient.
Aux journalistes qui lui demandaient ce qui sâétait produit la veille, Beimel répondait quâil sâétait coupé en laissant tomber un verre dans sa chambre dâhôtel, et non dans un bar, comme il le prétendait la veille.
Les dirigeants de lâéquipe ont finalement dû rayer le nom de Beimel de lâalignement. Et ils
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