Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
frappeurs à me faire face étaient Carlos Delgado, David Wright et Endy Chavez.
Jâai lancé plus de courbes quâà lâhabitude ce soir-là . Je nâutilisais presque jamais ma courbe en temps normal mais câétait le seul lancer qui ne mâobligeait pas à faire une extension complète de mon bras avant de relâcher la balle. Ãa faisait mon affaire parce que les autres lancers mâinfligeaient une douleur indescriptible.
Delgado et Wright ont été retirés sur des prises, tandis que Chavez a rendu les armes sur un ballon au champ centre. Aussitôt le dernier retrait enregistré, Russell sâest précipité au monticule pour me sauter dans les bras et célébrer «notre» premier sauvetage.
Jâaurais aimé être dans le même état dâesprit que lui. Mais jâétais trop désemparé.
Pour la dernière fois de ma carrière, je venais de défendre les couleurs des Dodgers de Los Angeles.
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Près dâun mois après ce match, le 4 juillet, Val mâa trouvé couché au sol en position fÅtale, paralysé par une douleur insupportable. La scène était tellement surréaliste quâelle a cru que je lui faisais une blague.
â Je suis plus capable de bouger! Je suis plus capableâ¦
En matinée, un chauffeur était venu me cueillir à la maison pour me conduire à lâaéroport en compagnie de Todd, mon entraîneur perÂÂsonnel. Nous étions supposés prendre un vol à destination dâAtlanta afin de rencontrer un neurologue réputé et obtenir une deuxième opinion médicale. Je tentais de trouver un spécialiste capable de déterminer pourquoi je continuais à avoir mal au coude malgré lâablation du nerf qui, supposément, mâavait empêché de jouer durant un an.
Mais nous avions été obligés de faire demi-tour parce que jâavais été frappé dâune horrible douleur au dos qui mâempêchait de bouger. Jâétais totalement «barré». Aucune position ne parvenait à atténuer le mal.
Peu après mon retour à la maison, je me suis mis à vomir. Et je me tordais de douleur. Aucun dâentre nous ne comprenait ce qui était en train de se produire.
Jâai demandé à Todd et à Valérie de me traîner jusquâà la piscine. Lorsque jâétais plongé dans lâeau, la douleur était légèrement moins aiguë. Je restais donc accroché au bord de la piscine et je vomissais continuellement.
Valérie était dans tous ses états.
â Ãa se peut pas!
Cette scène surréaliste était lâaboutissement des centaines de pilules qui mâavaient été prescrites depuis ma dernière présence au monticule, le mois précédent.
Jâétais allé consulter un premier neurologue au début de juin. Et selon ce médecin, jâavais effectué tellement de lancers alors que jâétais blessé que mon cerveau transmettait désormais à mon corps des signaux «préventifs» de douleur.
Alors, pour corriger la situation, le spécialiste mâa prescrit un médicament censé bloquer les signaux que le cerveau dirigeait vers le système nerveux. Immédiatement après cette consultation, à mon arrivée au stade, le personnel médical des Dodgers sâétait informé du diagnostic du spécialiste. Puis le thérapeute de lâéquipe mâavait refilé un autre médicament, le Lyrica, qui était prétendument plus performant que celui prescrit par le neurologue.
â Prends-en tant que ton estomac est capable dâen prendre. Et essaie autant que possible de les prendre le soir, mâa-t-il conseillé, alors que la posologie recommandée était de deux ou trois comprimés par jour.
Très rapidement, je me suis retrouvé à consommer cinq fois la dose recommandée, en plus des anti-inflammatoires. Et comme le Lyrica mâempêchait de dormir, je consommais aussi des somnifères. Puis, le matin, des pilules pour me réveiller. Jâétais rendu à une quinzaine de comprimés par jour.
Le Lyrica était une drogue extrêmement puissante. à un point tel que ce médicament transformait les signaux de douleurs en sensations positives. Des gestes qui me faisaient normalement mal au gymnase
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