Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
Dodgers nâont jamais voulu coucher une offre formelle sur papier. Si jâavais reçu une proposition valable, je lâaurais acceptée sur-le-champ. Et puis, à partir dâun certain moment, lâorganisation a tout simplement cessé de retourner nos appels.
Le message était assez clair.
Jamais je nâaurais pu imaginer une pire façon de rompre les liens avec cette organisation.
Avant de quitter la ville, jâai acheté une publicité dâune demi-page dans le Los Angeles Times afin de remercier les partisans des Dodgers. Avec la permission de lâorganisation, nous avons publié une photo de moi dans lâuniforme de lâéquipe, dont tous les logos ont cependant été effacés à lâinfographie.
Mon petit mot se lisait comme suit:
To the fans of Southern California and the city of Los Angeles: it was a privilege and an honorâ¦
Thank you for your support,
Ãric Gagné
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chapitre 12
La haine
Quand il fut clair que je nâallais plus porter lâuniforme de la seule organisation que jâavais connue dans les rangs professionnels, il a fallu se rasseoir et réfléchir. Je mâapprêtais à bénéficier de mon droit à lâautonomie pour la première fois de ma carrière et les enjeux, sportifs et financiers, étaient importants. Ce nâétait certainement pas le moment dâimproviser.
Dans la courte carrière dâun athlète professionnel, avoir le droit dâoffrir ses services à toutes les équipes est un fait saillant, une rare occasion de monnayer son talent à la juste valeur du marché. Câest aussi une chance de choisir un environnement où la famille pourra sâépanouir et une équipe dont les chances de succès, à court ou moyen terme, sont plausibles.
Jây avais parfois pensé lors de mes meilleures saisons.
En 2002, je touchais un salaire de 300 000 $ quand jâavais réalisé 52 sauvetages et mérité une place au match des étoiles. Et lors de saison 2003, qui sâétait soldée par 55 sauvetages et la conquête du trophée Cy Young, mon salaire sâélevait à 550 000 $ alors que dâautres lanceurs de lâéquipe touchaient 3, 5, 8, 12 ou 15 millions.
Cette situation ne me contrariait pas. Je savais que la convention collective était ainsi faite et que mes années dâancienneté allaient un jour me faire bénéficier des mêmes avantages et du même pouvoir de négociation que les autres vedettes de la Major League Baseball.
Par contre, je mâétais assez vite rendu compte que dans le monde du baseball, personne ne faisait de cadeau à personne. Quelques semaines après avoir remporté le Cy Young et avoir connu lâune des meilleures saisons de lâhistoire du baseball majeur, les Dodgers, mon agent et moi nous étions tout de même retrouvés en arbitrage, incapables de nous entendre sur les termes de mon prochain contrat.
Et les Dodgers avaient déployé tout leur arsenal afin de minimiser lâampleur de mes performances, dans lâespoir de limiter la hausse salariale quâils allaient devoir me consentir. Cet épisode mâavait fait découvrir un côté sombre du sport professionnel.
Cependant, à lâautomne 2006, je ne débarquais pas sur la grande place du marché en position de force comme je lâavais imaginé lors de mes plus belles années. Jâétais meurtri. Jâavais passé la plus grande partie des deux précédentes saisons sur la liste des blessés, je venais à peine de subir une intervention chirurgicale au dos et mes préoccupations nâétaient plus simplement pécuniaires ou sportives.
Scott et moi avons convenu quâil fallait dénicher un endroit qui allait convenir à mon état de santé et qui allait, dans la mesure du possible, faciliter mon plein rétablissement. Par exemple, la ville de Chicago fut lâune des premières à être écartées parce que son climat venteux et froid en début et en fin de saison aurait fini par affecter ma santé et mes performances.
Nous recherchions un endroit chaud et sec pour favoriser mon dos. Et nous recherchions une organisation dont le personnel médical était réputé, afin de sâassurer du meilleur suivi possible.
Le directeur général des
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