Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
croire que tu réussis à cause de ça. Câest un engrenage. Est-ce que tu te rends compte que ce sera difficile dâarrêter?
à ses yeux, il était ridicule de croire que la consommation de HGH allait réellement mâaider. Pour elle, il sâagissait dâune vulgaire béquille...
â Si tu injectes ça à quelquâun qui nâa pas de talent, il nâen aura pas davantage par la suite. Ãa ne donne pas du talent, une injection, arguait-elle.
Ce printemps-là , au camp dâentraînement, à lâoccasion des examens physiques annuels, une conversation survenue dans le cabinet dâun des médecins de lâorganisation mâa convaincu que les dirigeants des équipes du baseball majeur savaient exactement ce que leurs joueurs consommaient et quâils feignaient de ne rien voir.
à ma grande surprise, le médecin qui était en train de mâexaminer a pris soin de me souligner que si je consommais des HGH , je devais le faire dâune façon précise, en respectant un protocole quâil a rapidement déballé, comme sâil parlait à un connaisseur.
Aussitôt que jâai compris quâil me parlait de HGH , jâai baissé le niveau dâécoute à zéro. Je ne voulais pas avoir lâair intéressé par ce quâil disait. La situation était plutôt embarrassante. Il ne mâavait pas demandé si jâen consommais. Il avait plutôt été affirmatif en disant:
â Si tu consommes ce produit, tu dois le faire de telle ou telle manière, sinon tu ressentiras des effets secondaires indésirables.
Quand je suis sorti de son cabinet quelques minutes plus tard, il était clair dans ma tête que les tests sanguins que nous subissions chaque année ne révélaient pas seulement notre taux de vitamine ou de glucose. Si un joueur était en train dâutiliser un produit dopant, il y avait certainement des pointes qui surgissaient quelque part dans le graphique quâon remettait au médecin. Et comme les médecins étaient rémunérés par les équipes, il me semblait très difficile de croire que lâinformation ne se rendait pas jusquâau sommet de la pyramide organisationnelle.
Et puis, si les joueurs eux-mêmes étaient capables de différencier les utilisateurs de produits dopants des joueurs «propres» sur le terrain, comment pourrait-on croire que les médecins qui examinaient et soumettaient ces athlètes à des batteries de tests sophistiqués ignoraient tout de leur consommation?
Toujours est-il que je nâai plus retouché aux HGH durant cette saison 2002, qui a marqué mes débuts comme releveur dans le baseball majeur et durant laquelle Jim Tracy mâa rapidement confié le rôle de closer des Dodgers.
Durant les semaines et les mois suivant ce premier cycle de consommation de HGH , les effets secondaires indésirables se sont dissipés et je me suis peu à peu rendu compte que jâétais effectivement moins courbaturé ou fatigué après les séances dâentraînement. Cela me permettait donc de mâentraîner davantage. Et comme je mâentraînais davantage, je me sentais plus fort.
Physiquement, je nâai noté aucune différence majeure. Jâai gagné cinq ou sept livres de poids mais il sâagissait dâun effet secondaire connu et attribuable à une plus grande rétention dâeau.
Dâun point de vue sportif, jâétais en train de mâépanouir pleinement. Comme je lâavais ressenti dans le passé avec lâéquipe nationale canadienne, le rôle de closer me convenait parfaitement. Je me sentais à lâaise et je pouvais â pour la première fois dans les majeures â exploiter ma vraie personnalité quand je mâinstallais au monticule. Je pouvais enfin déployer la formidable intensité que jâavais réfrénée dans un rôle de partant.
Depuis ma toute première injection, je savais parfaitement que jâavais fait quelque chose de répréhensible même si le produit que jâavais consommé nâétait pas illégal. Je savais que ce nâétait pas bien de consommer des HGH . Et même en étant conscient quâun très fort pourcentage de joueurs de mon équipe avaient recours à des substances semblables,
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