Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
baseball majeur, il y a une question qui vous revient immanquablement en tête:
«Y a-t-il un de ces gars qui finira par prendre ma job parce quâil utilise ces produits et que moi, le cave, je ne les utilise pas?»
Quand Paul Lo Duca est venu me voir en janvier 2002 pour me demander si jâavais besoin de quelque chose, jâétais donc prêt à franchir ce pas.
â Si tu peux mâen avoir, je vais essayer, ai-je répondu.
Il nâa pas passé de commande pour moi, il en avait déjà en sa possession. Peu après, Paul mâen a remis une certaine quantité, ainsi quâun stock de petites seringues, et je me suis retrouvé à la maison dans la salle de bain, en train de procéder à une première injection.
Je nâavais aucune idée de ce que je faisais. Je ne savais pas quel était le protocole à respecter quant aux quantités quâil fallait sâadministrer, ou quant à la fréquence des injections. Je ne savais pas quelle était la durée normale dâun cycle. Et de toute ma vie, je nâavais jamais tenu une seringue entre mes mains.
De mémoire, jâen ai consommé pendant environ deux semaines mais je ne me souviens plus du nombre dâinjections que je me suis faites durant cette période. Je mâinjectais environ tous les deux jours.
à la fin de ces quelques semaines, toutefois, les choses se sont mises à mal tourner. Jâavais mal aux doigts, jâavais mal au cou, jâavais mal partout. Je ressentais une vive douleur aux jointures et jâavais de la difficulté à fermer les mains. Câen était rendu au point où jâavais de la difficulté à saisir et à sentir la balle entre mes doigts.
«Tabarnac! Câest quoi cette affaire-là ? Câest supposé mâaider et jâai mal partout.»
Jâai eu vraiment peur. Jâavais lâimpression de tomber en morceaux. Et jâai cessé les injections.
Je souffrais du syndrome du tunnel carpien, un effet secondaire connu des HGH . Mais un effet secondaire dont personne ne mâavait parlé.
Je mâétais injecté des doses trop fortes. Les hormones avaient eu pour effet de précipiter la régénération de tissus et dâétrangler un nerf à lâintérieur du tunnel carpien, dans le poignet.
Câétait vraiment ridicule comme situation. Je ne savais pas quâil fallait entreposer les HGH au frais. Et comme je ne voulais pas que Valérie sache que jâen consommais, je cachais le produit quelque part dans la maison. Personne, absolument personne, ne devait connaître mon secret.
En fait, je nâai jamais vraiment su ce que je faisais avec ces produits. Et câest peut-être lâaspect le plus dramatique de toute cette période de lâhistoire du baseball majeur. Il y a probablement plusieurs joueurs qui se sont retrouvés dans la même situation et qui ont hypothéqué ou ruiné leur santé en croyant quâils se faisaient du bien.
Je ne pouvais pas demander à un médecin de lâéquipe comment il fallait sây prendre. Ce sont des coéquipiers qui nous conseillaient quant à la manière de procéder. Ãa fonctionnait de bouche à oreille. Alors, au fond, je nâétais jamais vraiment sûr de mây prendre correctement.
Vers la fin de ce premier cycle de consommation de HGH , jâai révélé mon secret à Valérie. Elle était furieuse, en complet désaccord avec ma démarche.
â Tâes ben épais! Pourquoi tu fais une chose pareille?
â Câest censé aider mon genou à se rétablir. Ãa va me permettre de mâentraîner plus fort. Dâêtre meilleur.
Nous nous sommes alors assis pour en discuter.
â Ãric, je ne suis pas dâaccord avec ce que tu as fait parce que tu as le talent nécessaire pour réussir dans le baseball majeur. Tu as le talent! Et là , si tu connais une bonne saison, tu vas croire que tu as réussi à cause de ces maudites hormones!
Jâavais beau lui répondre quâun grand nombre de joueurs consommaient des HGH , rien nây faisait. Elle ne voulait pas me donner son aval.
â En ce moment tu veux en consommer pour te remettre dâune blessure et pour gagner une place dans lâéquipe, peu importe. Mais câest certain que tu finiras par
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