Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
les mineures a duré huit ans avant quâil ne puisse graduer dans les grandes ligues.
Pour ma part, après une saison marquée par plusieurs allers-retours entre les mineures et les majeures en 2000, ma carrière sâest poursuivie presque exclusivement dans les majeures en 2001. Et ce fut une saison difficile, comme je lâai précédemment raconté dans cet ouvrage.
Câest durant cette saison 2001 que, au fil de nos conversations, Lo Duca a commencé à faire des allusions à la possibilité de me procurer des substances pouvant améliorer mes performances. Il ouvrait toujours cette porte sur un ton badin.
â Hey, tiens-moi au courant si tu as besoin de quelque chose!
Lo Duca mâavait expliqué quâil pouvait me procurer des growth et quâil connaissait un type fiable et capable de lui faire parvenir cette substance de façon régulière.
La première fois, je ne comprenais rien à ce charabia. Je ne savais pas que son fournisseur avait travaillé pour les Mets de New York. Je ne savais rien, jâétais vraiment innocent en cette matière. Jâarrivais de Mascouche et jâavais fait un détour par Seminole en Oklahoma, dans un collège où nous nâavions même pas le droit de songer à prendre une bière. Et là , jâavais devant moi un coéquipier qui me parlait dâinjections et de produits que je ne connaissais pas.
Des injections? Jâavais toujours eu peur des aiguilles à en mourir. Je ne voulais pas de ça. Et je me disais:
« Fuck off! Je ne toucherai jamais à ça.»
Câest aussi durant cette saison 2001, alors que je regardais la télé dans la salle dâentraînement du Dodger Stadium, que jâai entendu un médecin et un soigneur de lâéquipe vanter les mérites des hormones de croissance humaine ( HGH ), ainsi que leur légalité et leur indétectabilité. à cette époque, contrairement aux stéroïdes, la consomma-tion de HGH nâétait effectivement pas prohibée dans le baseball majeur. Et la possession de cette substance nâétait interdite par aucune loi.
Les HGH , disaient-ils, ne promettaient pas à leurs utilisateurs de les rendre plus forts. Aucune étude scientifique nâest dâailleurs parvenue à démontrer que les hormones de croissance peuvent avoir de tels effets. Câétait un produit dont on disait quâil combattait le vieillissement et quâil accélérait considérablement le processus de guérison des blessures. On disait:
â Tu seras moins courbaturé le lendemain des entraînements, ce qui tâaidera à tâentraîner sur une base plus régulière et à faire des entraînements de meilleure qualité. Ãa tâaidera donc vraiment si tu dois lancer à tous les jours.
De fil en aiguille, ma position sur le sujet a donc évolué. Et durant lâhiver suivant, quand je me suis blessé à un genou juste avant de me présenter au camp de mise en forme à Los Angeles (avant le camp dâentraînement officiel à Vero Beach), mon gagne-pain était en jeu et lâidée de recourir à ces produits ne mâapparaissait plus aussi effrayante quâauparavant. Dâautant plus quâon mâavait souligné que les effets secondaires des HGH nâétaient nullement comparables aux nombreux effets secondaires indésirables des stéroïdes.
Aussi, jâavais appris quâil y avait pas mal plus de consommateurs de HGH dans notre vestiaire que je ne le croyais au départ.
Au cours des années, plusieurs personnes ont essayé de quantifier le nombre dâutilisateurs de produits visant à améliorer les performances dans lâensemble du baseball majeur. Et jâai toujours trouvé ces évaluations farfelues parce que personne au monde nâavait accès à tous les vestiaires des majeures sur une base suffisamment régulière pour se rendre compte de lâétendue de ces pratiques ou de cette culture. Câétait dâailleurs un sujet que les joueurs, entre eux, évitaient le plus possible â un sujet tabou.
Par contre, jâai fini par connaître intimement le vestiaire dans lequel je vivais. Et je dirais que 80% des joueurs des Dodgers en consommaient. Dans ces conditions, et dans une jungle aussi impitoyable que celle du
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