Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
nous trouvions à New York à bord dâun taxi, Lo Duca mâavait passé Radomski au téléphone et ce dernier mâavait rapidement donné quelques explications quant à lâusage des seringues et du dosage recommandé.
Sur le coup, je nâavais pas su lâidentité de mon interlocuteur. Ce nâest quâà la parution du Rapport Mitchell, dans lequel Radomski racontait avoir discuté une fois au téléphone avec moi, que jâai compris à qui jâavais eu affaire durant ce trajet en taxi.
Quelque temps après cette conversation téléphonique, Radomski avait griffonné à mon intention la posologie recommandée sur un sac de papier kraft. Et Lo Duca me lâavait remis afin dâéviter que je sois à nouveau aux prises avec les effets secondaires que jâavais ressentis lors de mon premier cycle dâutilisation.
Le réseau de distribution, de toute évidence, nâétait pas très sophistiqué. Radomski fournissait des athlètes multimillionnaires et il communiquait avec eux en rédigeant des notes sur des sacs en papier brun! Câétait tout simplement sinistre.
Au printemps 2003, donc, comme la saison dâavant, je nâai fait quâun cycle de HGH durant les semaines précédant le début du calendrier régulier. Mon intention était au départ de me limiter à quatre ou cinq semaines dâutilisation. Sauf quâune blessure mineure à un genou a limité mon temps de jeu dans la Ligue des pamplemousses et je nâai lancé que sept manches avant que la saison se mette en branle. Pour parer aux effets de cette nouvelle blessure, jâai prolongé mon cycle de HGH dâune semaine supplémentaire. En bout de ligne, jâétais tout de même prêt à 100% pour le match inaugural.
Jâai ensuite enchaîné avec lâune des meilleures et des plus surréalistes saisons de toute lâhistoire du baseball majeur, ce qui mâa valu le trophée Cy Young.
En ce qui concernait la réalité du dopage dans les majeures, jâavais à ce moment-là perdu toute ma naïveté. Presque au premier coup dâÅil, jâétais désormais capable de détecter sur le terrain les utilisateurs de produits visant à améliorer les performances.
Il était souvent possible dâidentifier un utilisateur de stéroïdes par la forme de sa mâchoire ou par sa stature. Ces joueurs mâapparaissaient un peu plus gros physiquement que la moyenne.
Dans plusieurs cas, les utilisateurs de produits dopants étaient aussi des joueurs dont le nom figurait dans lâalignement de leur équipe à chaque match. Pour quelquâun qui était bien au fait des rigueurs et des exigences physique dâun calendrier de 162 rencontres, il était assez clair quâil était difficile de sâentraîner tous les jours, de maintenir un physique statuesque et de rester en forme du début du mois dâavril jusquâau mois de septembre.
Les types de blessures que les joueurs subissaient donnaient aussi une indication quant à leur possible consommation de produits dopants. Par exemple, lorsquâun coureur se dirigeait à pleine vitesse vers le premier but et que les ischio-jambiers lui éclataient derrière les jambes, il sâagissait souvent de blessures qui survenaient parce que lâathlète nâétait pas supposé être aussi imposant et fort, et que son corps nâétait pas capable dâabsorber toute cette énergie. Le joueur courait plus vite, soit, mais il y avait aussi des articulations, des tendons et des ligaments qui devaient encaisser les chocs quelque part.
Enfin, le critère qui me semblait le plus évident était lââge des joueurs et le niveau de performance quâils étaient capables de maintenir. Dans mon esprit, le cas de Roger Clemens était assez patent. à lââge de 40, 41 et 42 ans, Clemens était encore capable de lancer plus de 200 manches par saison et de figurer parmi les lanceurs les plus efficaces du baseball majeur.
Barry Bonds constituait un autre bon exemple. En ce qui a trait à la puissance au bâton, Bonds a connu les meilleures saisons de sa carrière â et de loin â entre lââge de 36 et 39 ans.
Les consommateurs de substances visant à améliorer les performances
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