Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
HGH dans lâespoir de remettre mon épaule à neuf. Ce fut mon tout dernier cycle à vie. Je nâai plus jamais retouché à ce produit par la suite.
En tout, jâai donc fait cinq cycles de HGH sur une période de trois ans. Et ce fut suffisant pour ruiner ma santé, ternir ma réputation et jeter un ombrage sur les extraordinaires performances que jâai livrées dans le baseball majeur.
Quand je me suis présenté au camp dâentraînement en 2005, je me sentais bien et je croyais que les HGH avaient rempli leurs promesses. Mais je me suis soudainement mis à ressentir dâintenses douleurs au coude. Comme si quelquâun sâétait amusé à y enfoncer un couteau chaque fois que jâeffectuais un lancer.
Dans un précédent chapitre, jâai expliqué que jâavais dû me soumettre à une intervention chirurgicale pour corriger la situa-tion. Après cette opération, les chirurgiens ne mâont jamais demandé si jâavais consommé des HGH ou dâautres produits dopants. Mais ils ont pris la peine de souligner ce quâils ont appelé une «anor-malité».
Le nerf quâils avaient tenté de décoincer était cinq fois plus volumineux quâil aurait normalement dû être. Jâai immédiatement compris quâil sâagissait dâun effet secondaire des HGH .
Cette intervention chirurgicale, rappelons-le, mâa fait rater tout le reste de la saison 2005. Et quand je suis revenu au camp pour la saison 2006, les mêmes douleurs sont réapparues. Les orthopédistes nâont alors eu dâautre choix que de mâopérer à nouveau afin dâextraire ce nerf difforme de mon bras pour que je puisse renouer avec la pratique de mon métier.
Puis, en juin 2006, lorsque les médecins mâont enfin donné le feu vert pour retourner au jeu, le nerf hypertrophié nâétait plus dans mon bras mais la même douleur incisive est vite réapparue. Je nâavais que 30 ans, lââge où la plupart des lanceurs atteignent leur apogée, et mon corps, déréglé, tombait littéralement en morceaux.
Les médecins mâont alors bourré de médicaments pour chasser les signaux de douleurs que mon corps mâenvoyait. Résultat: je me suis blessé encore davantage et encore plus gravement à lâentraînement, ce qui a mené à une intervention chirurgicale au dos qui mâa laissé des séquelles permanentes.
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Je ne suis quâà la mi-trentaine. Je devrais encore être sur le terrain avec mes coéquipiers mais jâai de la difficulté à marcher. Ma démarche ressemble davantage à celle dâun homme de 60 ans quâà celle dâun athlète de mon âge.
Mes hanches et mes épaules me font souffrir. Pour descendre ou monter un escalier, je dois souvent marcher de côté pour atténuer la douleur. Et même pour sortir de ma voiture, je dois me concentrer et faire chaque mouvement au ralenti pour éviter dâavoir trop mal. Je dois dormir sur un matelas orthopédique pour être capable de trouver le sommeil, et je consomme chaque jour de grandes quantités de médicaments antidouleur afin de pouvoir vaquer à mes activités quotidiennes.
Au départ, jâavais consommé des HGH pour faire disparaître une blessure mineure à un genou et pour mâassurer de garder une place au sein des Dodgers. Et en bout de ligne, cet engrenage et cette dope ont raccourci ma carrière de quatre ou cinq années. Quatre ou cinq précieuses années que jâaurais tellement aimé vivre.
Le baseball me manque. Je ressens encore le besoin dây jouer. Et je mâennuie terriblement de lâambiance du clubhouse , du rythme de vie effréné que lâon mène dans les grandes ligues. La pression de gagner, la compétition. Ce combat quotidien que lâon doit mener 162 fois par an pour remporter des matchs et pour garder sa place au soleil. Cette bulle dans laquelle on vit et qui nous donne parfois lâimpression dâêtre à lâécart du reste du monde.
Le baseball était toute ma vie. Jâavais rêvé aux ligues majeures depuis ma plus tendre enfance et jây étais. Mais câest à cause des produits dopants que tout cela mâa été retiré prématurément. Jâen suis
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