Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
étaient très nombreux. Mais pourtant, à ma connaissance, le sujet demeurait tabou dans le vestiaire. Les joueurs nâen parlaient jamais ouvertement. Par contre, durant les matchs, on entendait parfois des commentaires au sujet de certains de nos adversaires.
â Je suis certain que ce gars est sur le âjusâ! entendait-on assez régulièrement.
Je nâétais pas le seul, semble-t-il, à avoir développé mon sens de lâobservation en cette matièreâ¦
Par contre, je nâai jamais jugé un joueur qui consommait des substances prohibées ou des HGH .
Encore aujourdâhui, je suis convaincu que Barry Bonds devrait être considéré comme le meilleur joueur de tous les temps. Dans mon esprit, câétait un joueur qui devait disputer 162 matchs par année, qui était payé des millions pour le faire et qui prenait les dispositions nécessaires pour rester au sommet de sa forme, de manière à pouvoir honorer son contrat le mieux possible.
Dâailleurs, je reste convaincu quâun grand pourcentage dâutilisateurs de produits visant à améliorer les performances le faisaient pour les mêmes raisons.
En ce qui a trait au niveau de constance et de performance atteint, la saison 2003 fut pour moi absolument sensationnelle. Certains observateurs arguent que mes records seront extrêmement diffi-ciles à rééditer et quâils tiendront pendant plusieurs décennies. Allez savoir.
Depuis la parution du Rapport Mitchell, cependant, énormément de gens ont spéculé quant au niveau dâ«aide» dont jâavais profité grâce à lâutilisation de HGH .
Par exemple, certains croient que je me suis soudainement mis à lancer la balle avec plus de force parce que jâavais eu recours à ce produit. Pourtant, je me rappelle que mes lancers atteignaient parfois une vitesse de 95 milles à lâheure quand jâétais âgé de 18 ou 19 ans, alors que je portais les couleurs de lâéquipe canadienne. La maturation physique normale ainsi que sept ou huit ans dâentraînement intensif ont certainement contribué à me rendre plus fort par la suite, comme câest le cas pour tous les athlètes dans tous les sports.
Lorsquâon arrive dans les majeures, câest extrêmement facile de sâentraîner mieux et plus. Les joueurs ont accès au meilleur équipement, ils sont suivis par les meilleurs spécialistes et la nourriture quâon leur sert au vestiaire est conçue spécifiquement pour favoriser la performance sportive.
Par ailleurs, depuis le début de ma carrière, et grâce aux habitudes de travail que jâavais acquises au collège de Seminole, je figurais tout le temps parmi les joueurs qui sâentraînaient le plus au sein des équipes dont je faisais partie. Jâessayais toujours de mâentraîner plus fort que tout le monde parce que je nâavais quâun seul objectif en tête: être le meilleur.
La part des HGH dans tout cela? Difficile à dire. Je suis convaincu à 100% que ce produit ne mâa pas rendu plus talentueux que je ne lâétais. Par contre, il mâa certainement aidé â pendant une très éphémère période de temps â à supporter les rigueurs du calendrier et à assouvir cette insatiable soif de jouer qui mâanimait. Sans «aide» extérieure, jâaurais probablement été contraint de prendre des congés et de regarder jouer mes coéquipiers dans de nombreux moments cruciaux, ce que jâai toujours refusé de faire ou dâenvisager.
Ce que je sais cependant, câest que le Rapport Mitchell a identifié 89 utilisateurs de produits visant à améliorer les performances et quâun grand nombre dâentre eux nâont séjourné que très brièvement dans les majeures. De nombreux autres utilisateurs ont longtemps «joué sur le banc». Câest Val qui avait raison depuis le début: le talent ne sâinjecte pas.
Lorsquâon mâa officiellement décerné le trophée Cy Young le 13 novembre 2003, jâai vécu une journée complètement folle, marquée par une mégaconférence de presse au Dodger Stadium et par une foule dâentrevues individuelles avec les grands réseaux, journaux et magazines nationaux
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