Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
alors que jâavais accepté de bon gré de participer à son show.
Mais à ce jour, le fait demeure. De toute ma carrière, Jimmy Kimmel est la seule personne qui ait osé me poser directement une question quant à ma possible consommation de produits dopants.
Le Rapport Mitchell a plus tard révélé que les dirigeants des Dodgers entretenaient des soupçons à mon endroit et envers plusieurs autres joueurs de lâorganisation, dont Paul Lo Duca et le lanceur Kevin Brown. Mais jamais un entraîneur ou un dirigeant dâéquipe nâa tenté dâaborder ce sujet avec moi. Jamais! La seule exception étant ce médecin qui, en 2002, sâétait avancé pour me recommander une posologie et mâéviter des effets secondaires fâcheux.
Dans les jours qui ont suivi lâentrevue avec Kimmel, je me suis rendu à New York pour recevoir mon trophée et je suis rentré au Québec, où ma famille a passé lâhiver avant le camp dâentraînement.
Par la suite, dès mon retour à Dodgertown, jâai repris la routine dâentraînement habituelle et renoué avec la consommation de HGH dans les quatre ou cinq semaines précédant le début de la saison 2004.
Jâignorais alors que la fontaine de jouvence était sur le point de tomber à sec. Jâétais à la veille de découvrir que le sentiment de sécurité (les promesses de régénération et de guérison rapide) que mâavaient procuré les HGH au cours des deux années précédentes nâétait quâillusion.
Quand nous avons atteint la pause du match des étoiles à la mi-juillet 2004, nous occupions le premier rang de la division Ouest mais nous nâavions quâun demi-match dâavance sur les Giants de San Francisco. Dâun point de vue personnel, ma saison se déroulait exactement selon les standards que jâavais établis lors des deux années précédentes. Jâavais réussi 23 sauvetages en 24 occasions et je présentais une moyenne de points mérités de 1,85.
Mais quelque chose clochait. Je commençais à ressentir des douleurs inhabituelles à lâépaule droite.
Les blessures aux épaules constituent le pire cauchemar des lanceurs du baseball majeur. Lâépaule est lâarticulation la plus complexe du corps humain. Et lorsquâils doivent sây aventurer avec un bistouri, les orthopédistes nâaffichent pas un aussi bon taux de succès que lorsquâils réparent des coudes ou des genoux.
Les vieux hommes de baseball sâentendent généralement pour dire que lorsquâun lanceur commence à se faire opérer à lâépaule, sa date dâexpiration nâest pas très loin. Pour un lanceur, le moindre malaise à cette articulation est donc toujours pris très au sérieux.
Après le match des étoiles, nous avons attaqué la deuxième portion du calendrier avec beaucoup dâaplomb, remportant nos six premières rencontres et neuf de nos dix premiers matchs. Ce fut un moment clé de notre saison puisque nous entreprenions une séquence de 18 matchs en 18 jours.
Nous savions tous quâil fallait battre le fer pendant quâil était brûlant et jâai énormément lancé durant cette période fructueuse. Dâautant plus que Paul DePodesta avait vidé notre enclos des releveurs en procédant à plusieurs transactions.
Pour la première fois, dans lâespoir de me tirer de lâimpasse où cette blessure semblait me diriger, jâai alors décidé de faire un deuxième cycle de HGH au cours dâune même saison. Jâen ai finalement consommé pendant une dizaine de jours.
La saison a suivi son cours et la guérison miraculeuse que jâespérais nâest jamais survenue. Comme je le racontais précédemment, je suis ensuite devenu (en toute connaissance de cause) le plus grand cobaye des fournisseurs de lidocaïne, de Toradol et autres puissants anti-inflammatoires quâon retrouvait dans la clinique du Dodger Stadium. Jâai aussi eu droit à une multitude dâinjections de cortisone afin de pouvoir conclure le calendrier.
Après notre élimination rapide aux mains des Cardinals de Saint Louis au premier tour éliminatoire, je suis rentré à la maison et jâai à nouveau consommé des
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