Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
américains.
Le lendemain, mon horaire était presque aussi chargé. Mais cette fois, je faisais la tournée des plateaux de télévision et des stations radiophoniques de Los Angeles. La dernière apparition de cette journée du 14 novembre était prévue à Jimmy Kimmel Live , lâun des talk-shows de fin de soirée les plus regardés aux Ãtats-Unis.
Au cours des heures précédant mon apparition à cette émission,le baseball majeur avait annoncé quâentre 5% et 7% des joueurs sélectionnés au hasard pour subir des tests anti-dopage au cours de la saison 2003 avaient produit des tests positifs pour usage de stéroïdes.
Cette démarche découlait dâune entente qui était survenue en 2002 entre lâAssociation des joueurs et les dirigeants du baseball majeur. Les deux parties avaient convenu que des contrôles au hasard allaient être menés pendant la saison 2003 auprès dâun échantillon de joueurs et que, si cette démarche produisait plus de 5% de résultats positifs, tous les joueurs du baseball majeur allaient être soumis à des tests inopinés obligatoires à compter de la saison 2004.
Cette entente de 2002 avait aussi marqué lâajout de lâandrosténedione à la liste des produits interdits au sein de la MLB. Par contre, lâutilisation des HGH nâétait toujours pas prohibée en vertu de cette nouvelle entente, parce que ce produit ne figurait toujours pas sur la liste des substances contrôlées, en vertu des lois fédérales américaines (Rapport Mitchell, p. 54).
Il faut noter que si un joueur refusait de se soumettre aux contrôles anti-dopage menés en 2003, son résultat était automatiquement comptabilisé comme étant positif. On a par la suite appris quâun grand nombre de joueurs â qui ne consommaient pas de stéroïdes â avaient refusé de se soumettre à ces tests. ÃcÅurés par lâampleur quâavait pris le phénomène du dopage dans le baseball majeur, ces joueurs avaient tout simplement voulu ajouter le plus grand nombre possible de résultats positifs dans la balance afin de sâassurer que la barre des 5% soit franchie et que des contrôles obligatoires soient instaurés en 2004.
Avant dâaccorder cette entrevue à Jimmy Kimmel, donc, jâavais demandé à lâadjointe de mon agent de sâassurer auprès des recherchistes de lâémission que le sujet du dopage nâallait pas faire partie des sujets abordés.
Cette demande se justifiait parfaitement. Je venais de remporter le Cy Young, il sâagissait pour moi dâun moment de célébration et je ne voulais pas parler des problèmes qui accablaient le baseball et qui ternissaient son image. Mais aussi, et surtout, ma consommation de HGH constituait un lourd fardeau que je portais depuis le tout premier jour. Câétait un secret que je parvenais tant bien que mal à cacher à mes proches et avec lequel je vivais mal.
Je ne voulais surtout pas me retrouver dans une position embarrassante et être obligé de mentir à la télévision nationale.
Mon entrevue avec Jimmy Kimmel sâest bien déroulée⦠jusquâau moment où lâanimateur a fait référence à la nouvelle du jour et à tous ces contrôles positifs qui avaient été comptabilisés par le baseball majeur.
â Et toi, Ãric? Est-ce que tu utilises des produits semblables? Est-ce que tu consommes des produits dopants? a-t-il questionné.
Il venait de me placer exactement dans la situation que jâavais voulu éviter. Et câétait comme si jâavais senti des millions de paires dâyeux se tourner vers moi.
Tout en essayant de garder mon air cool , jâai baragouiné quelque chose à lâeffet que ces résultats étaient malencontreux et je lâai bien sûr assuré que je ne figurais pas parmi les utilisateurs de produits dopants.
Dès que ma présence sur le plateau ne fut plus requise, jâai quitté le studio en vitesse avec lâadjointe de Scott et les quelques amis qui mâaccompagnaient. Jâétais furieux de la tournure des événements et jâai demandé que lâon rappelle le personnel de Jimmy Kimmel pour se plaindre du manque de politesse dont il avait fait preuve à mon endroit,
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