Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
absolument remporter cette fameuse triple couronne. Jâétais donc motivé et concentré comme jamais.
En cinquième manche, donc, jâétais en train de réaliser un méchant carnage. Jâavais déjà 11 retraits sur des prises en poche quand Lance Parrish a quitté lâabri. En le voyant marcher dans ma direction, je me demandais ce quâil pouvait bien avoir à me dire.
Quand il est arrivé à mes côtés, il mâa simplement tendu la main pour que je lui remette la balle.
Jâétais assommé. Je nâen revenais pas.
â Pourquoi me sors-tu du match? Ãa va bien! Je me sens bien, tout est OK!
â Ferme-la et va tâasseoir dans lâabri.
Je lui ai remis la balle et je suis rentré au banc dâun pas décidé, furieux.
Lorsquâil est revenu à son tour, jâai tenté de retrouver un peu mon calme et je suis retourné le voir.
â Est-ce que tu peux mâexpliquer ce qui se passe?
â Si je ne te sors pas du match, tu ne pourras pas lancer en Floride dans quatre jours. Youâre on a pitch count. Youâre going to the Majors!
â Tâes pas sérieux!
Jâétais tellement heureux! Je nâen revenais pas, jâétais incapable dâarrêter de sourire. Mes coéquipiers sont alors venus à ma rencontre, me signifiant leur joie par de solides accolades et de retentissants high five .
En revenant à la maison, jâai appelé ma mère. Jâétais incapable de mesurer lâampleur de cette annonce. Et je me répétais sans cesse:
«Calvaire! Ãa se peut pas, câlice!»
Je nâavais jamais pensé ou envisagé que les Dodgers allaient me rappeler. Même si je connaissais une saison extraordinaire au niveau AA, je ne mâétais même jamais imaginé en train de graduer dans les majeures.
Dans ma tête de petit gars de Mascouche, elles étaient tellement loin, les grandes ligues.
Â
chapitre 7
The Delivery Man
Miller Park de Milwaukee, le mardi 9 juillet 2002
Il était clair dans ma tête que je nâallais pas lancer une courbe ou un changement de vitesse dans le cadre du match des étoiles. Même si jâen étais à ma toute première participation à cette prestigieuse classique, je ne mâétais pas présenté à Milwaukee avec lâintention dâimpressionner ou de récolter des retraits sur des prises.
Jâavais récolté mon 32 e sauvetage de la saison trois jours auparavant, ce qui me plaçait au premier rang des releveurs de la Ligue nationale, tout juste devant le vétéran John Smoltz (31), des Braves dâAtlanta.
Smoltz avait connu une carrière absolument phénoménale à titre de partant dans les années 1990, période durant laquelle les Braves faisaient la pluie et le beau temps dans la Ligue nationale. En 1996, une saison de 24 victoires lui avait même valu le trophée Cy Young.
Malheureusement, sa carrière avait été interrompue durant toute la saison 2000 parce quâune blessure au coude lâavait contraint à subir une greffe de tendon. à son retour au jeu, comme cela avait été le cas pour moi, son articulation était nettement plus forte, ce qui lui permettait de lancer la balle avec plus de puissance. Et les Braves, qui misaient sur un bon mélange de vétérans et de jeunes bras au sein de leur rotation de partants, avaient décidé de faire tourner cette situation à leur avantage en convertissant Smoltz en closer.
La cadence que Smoltz et moi avions maintenue en première moitié de saison était nettement au-dessus des normes établies dans le passé. Jamais le baseball majeur nâavait été le théâtre dâun tel duel entre deux closers . à la mi-saison, nous menacions tous deux dâéclipser le record de la Ligue nationale (53 sauvetages en une saison) établi par Randy Myers des Cubs en 1993.
En fait, nous étions même en mesure de viser le record du baseball majeur (57 sauvetages) que Bobby Thigpen, des White Sox de Chicago, avait réalisé 12 ans auparavant, en 1990.
Quand nous sommes arrivés à la pause du match des étoiles, les Dodgers détenaient une avance de deux matchs et demi en tête de la division Ouest de la Nationale. Et comme il lâavait promis, Jim Tracy me confiait la balle chaque fois
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