Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
ressentais encore et toujours des douleurs au coude qui mâempêchaient de lancer comme je le voulais. Jâai alors décidé que jâen avais plein mon casque. Et je me suis dit:
« Fuck off! Je vais mâarracher le bras puis ce sera fini. Je ne suis plus capable dâendurer ça.»
Ãa faisait des mois et des mois que le personnel médical me recommandait de lancer la balle le plus fort possible afin de me débarrasser des tissus cicatriciels qui sâétaient fort probablement formés dans mon coude après lâintervention chirurgicale. Mais à la façon dont mon corps réagissait, jâavais lâimpression que mon bras allait lâcher si je forçais la note.
Ce jour-là , jâai demandé au partenaire avec qui jâétais en train de lancer la balle de sâéloigner à 250 ou 300 pieds.
â Si ça fonctionne, tant mieux. Sinon, ça prouvera aux médecins que leurs maudits tissus cicatriciels nây étaient pour rien et que mon bras ne pouvait pas tenir le coup.
Pendant de longues minutes, jâai lancé la balle avec une rare violence. Je voulais que ça finisse. Que la douleur parte ou que lâarticulation lâche, et quâon nâen parle plus.
Puis à un certain moment, jâai entendu un effroyable bruit de déchirure. Et jâai sérieusement cru que câétait la fin des émissions.
Jâai ensuite tenté un autre lancer, histoire de bien mesurer lâampleur des dégâts. Et, comme par enchantement, tout semblait être revenu à la normale!
Le lendemain, abasourdi, je ne ressentais plus la moindre douleur. Incrédule, je ne cessais de me répéter:
«Tabarnac, jâai plus mal!»
à partir de là , je me suis mis à lancer la balle avec beaucoup plus de force que par le passé. Du même coup, on aurait dit que cette déchirure et la disparition de la douleur avaient libéré une bête qui sommeillait en moi depuis deux ans.
Comme je le mentionnais plus haut, lâéquipe de San Antonio était dirigée par Lance Parrish, qui était un gérant vraiment intense.
Parrish voulait que ses joueurs démontrent beaucoup de comÂbativité. Par exemple, il faisait courir ses joueurs dans nâimporte quelle circonstance, que le pointage soit de 1-1 ou de 8-0 en notre faveur.
Les gérants adverses, cependant, nâappréciaient pas cette manière de voir les choses.
â Voyons donc! On ne vole pas de buts quand le pointage est de 8-0! protestaient-ils.
Mais Parrish répondait que notre mandat ne consistait pas à remporter ou perdre des matchs.
â Nous sommes ici pour apprendre, plaidait-il. à chaque présence sur le terrain vous avez la chance dâimpressionner quelquâun. Alors il nâest pas question de se soucier du respect ou de la susceptibilité de lâadversaire. Nous nous en foutons et nous allons faire ce que nous avons à faire.
Incroyablement, notre entraîneur des lanceurs Dean Trainor était encore plus intense que Parrish. Dans les ligues mineures, beaucoup de gens disaient de lui quâil était un chasseur de têtes.
â If you canât control your fastball, you canât pitch in the big leagues , prêchait-il.
Et il avait parfaitement raison. Câest pourquoi, sous sa direction, environ 95% de nos lancers étaient des balles rapides. Et encore là , Trainor nous incitait à lancer de façon très combative.
â If a hitter hits you on time, hit him back! répétait-il souvent.
Jâappréciais beaucoup Dean Trainor. Il est lâun des entraîneurs qui mâont le plus influencé au cours de ma carrière. Câest sous sa direction que jâai vraiment commencé à comprendre toute la complexité du métier de lanceur.
Pour survivre, un lanceur qui utilise presque uniquement sa balle rapide nâa pas le choix dâatteindre les coins du marbre. Ses options se limitent alors à atteindre le coin extérieur et le coin intérieur, avec un lancer haut ou avec un lancer à la hauteur des genoux.
Au fond, je nâavais donc que quatre choix à ma disposition.
La combativité de mes entraîneurs et leur manière dâenseigner le baseball me convenaient parfaitement. Mais en même temps, cela créait une situation tout à fait explosive.
Pendant deux
Weitere Kostenlose Bücher