Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
années complètes, jâavais été comme une espèce de lion en cage, incapable de lancer la balle avec puissance. Et soudainement, je me retrouvais équipé dâun bras-canon, supervisé par des entraîneurs qui professaient les bienfaits de lâintimidation et des lancers hauts à lâintérieur.
â High level! Throw at his fucking face! Throw at his fucking face! répétait souvent Dean Trainor.
En plus, Trainor nâavait pas fait ses classes dans le monde, disons un peu plus aseptisé, du baseball professionnel. Il était issu du baseball collégial américain et il ne cessait de narguer nos adversaires durant les matchs. Jâadorais ça! Câétait comme une ambiance de match de hockey!
Dâailleurs, nous nous bagarrions assez régulièrement avec nos adversaires.
Cette saison-là , je me suis certainement battu plus souvent que la plupart des joueurs de la Ligue de hockey junior majeur du Québec! Chaque fois que jâétais désigné pour entreprendre un match, il y avait de fortes chances que la bagarre éclate.
Je me souviens particulièrement dâune rencontre que nous disputions contre les Diablos dâEl Paso, le club-école des Diamondbacks de lâArizona. Nous détestions les joueurs de cette équipe.
à un certain moment, lâun de leurs joueurs latinos a cogné un double à mes dépens. Et lorsquâil est arrivé au deuxième coussin, il se faisait aller la trappe. Je connaissais beaucoup de succès cette saison-là et le type était visiblement fier de lui. Il me provoquait et, malheureusement pour lui, jâavais la mèche plutôt courte.
â Si tu ne fermes pas ta gueule, je vais atteindre le prochain gars qui va se présenter au bâton!
â Ouais, ouais! Essaye donc pour voir! a-t-il répondu.
Ma promesse sâest vite réalisée. Jâai atteint le casque du frappeur suivant. Et aussitôt que la balle a atteint la cible, je me suis retourné et jâai chargé en direction du deuxième but!
Les bagarres qui surviennent au baseball sont souvent extrêmement sournoises. Généralement, les premiers instants se passent assez bien parce que les coups sâéchangent à un contre un. Mais les bancs des deux équipes se vident très rapidement et quand les autres joueurs arrivent en courant, on se fait la plupart du temps tabasser de tous les côtés.
Durant cette fameuse bagarre, je me suis donc retrouvé sous une importante mêlée, incapable de me servir de mes bras pour mâen extirper. Jâétais couché sur le dos, littéralement enseveli sous un paquet de types qui se battaient. Soudainement, au cÅur de ce tourbillon de coups, dâinsultes et dâempoignades, une petite ouverture sâest dégagée au-dessus de ma tête.
Je vois encore la scène au ralenti. Lâun des joueurs adverses, Erubiel Durazo, sâest alors approché. Durazo, un Mexicain qui faisait 6 pieds 3 pouces et qui pesait 240 livres, a clairement vu que jâétais sans défense. Et il mâa asséné deux solides coups de pied au visage, en prenant bien soin dây enfoncer ses crampons.
Il nây a pas de mots assez forts pour décrire à quel point jâai tenté de lui remettre la main au collet par la suite. Après le match, jâai même tenté de mâintroduire dans le vestiaire des Diablos. Disons les choses comme elles sont. Je ne voulais pas lui donner une raclée. Je voulais lui câlisser la volée de sa vie!
Je ne me rappelle pas du nombre de types qui ont dû sâinterposer pour mâempêcher de franchir la porte de ce vestiaire, mais ils étaient nombreux!
En quittant le stade, Valérie et moi nous sommes rendus à lâhôpital. Jâavais des contusions à un rein ainsi quâà la cage thoracique. Je pissais du sang. Témoin de la scène, Valérie a failli sâévanouir pendant que je subissais mon examen.
Elle avait beaucoup dâadmiration pour la combativité que je déployais durant les matchs et elle était toujours dâaccord quand je vengeais un coéquipier qui avait été atteint par le lanceur adverse. Mais elle nâaimait pas quand je me battaisâ¦
Peu de temps après cette mémorable mêlée, nous avons disputé une autre série de matchs
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