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Game Over - L’histoire d’Éric Gagné

Game Over - L’histoire d’Éric Gagné

Titel: Game Over - L’histoire d’Éric Gagné Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Martin Leclerc
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que mon bras et ma carrière soient finis.
    Elle m’a regardé un instant, incrédule. L’effet de surprise a semblé encore plus grand lorsqu’elle a réalisé que j’étais tout à fait sérieux. Dans ma tête, c’était ma responsabilité d’être sur le monticule tous les soirs. C’était ma plus grande fierté.
    Les traitements et les injections se sont donc poursuivis et j’ai continué à lancer aussi régulièrement qu’auparavant. Entre le 8 et le 19 septembre, sur une période de 11 jours, j’ai été crédité de 2 gains et de 4 victoires préservées. Mais ce n’était pas suffisant. Nous perdions un match sur deux alors que les Giants, qui s’étaient emparés du deuxième rang de notre division, ne cessaient de gagner du terrain.
    Le 22 septembre, les Giants ont décroché une neuvième victoire en dix rencontres. En deux petites semaines, l’avance de six matchs dont nous jouissions avait fondu comme neige au soleil et notre priorité sur eux ne s’élevait plus qu’à une demi-partie.
    Nous avions au moins notre sort entre nos mains. Dans les prochaines 24 heures, nous allions mettre le cap sur San Francisco pour y disputer une série de trois matchs contre nos plus grands rivaux. En fait, six des dix derniers affrontements prévus à notre calendrier impliquaient les Giants.
    Le hic, c’est que je n’étais plus capable de lancer la balle sur une distance de dix pieds! Depuis quelques jours déjà, je ne m’échauffais plus avec mes coéquipiers parce que je ne voulais pas que les autres joueurs sachent dans quel état je me trouvais. Je ne lançais donc qu’avec Todd Clausen.
    La première fois que je lui ai demandé de venir lancer en ma compagnie, Todd s’est tout de suite rendu compte que j’étais mal en point.
    â€” Câlice, Éric, qu’est-ce que t’as?
    â€” C’est mon épaule. Ça va pas pantoute!
    Je suis donc allé voir le thérapeute de l’équipe et je lui ai dit:
    â€”  Fuck , donne-moi tout ce que tu peux, man . Je m’en crisse.
    Mettons tout de suite les choses au clair: il est impossible pour un lanceur de survivre à une saison de baseball professionnel sans consommer une quantité appréciable d’anti-inflammatoires. Surtout lorsqu’on occupe un rôle de releveur.
    Dans les mineures et lors de mes premières saisons dans les majeures à titre de partant, je consommais à l’occasion des anti-inflammatoires comme des Advil, qu’on peut se procurer à la pharmacie du coin. Cependant, dès que j’ai commencé à être releveur, j’ai vraiment commencé à avoir mal partout.
    Parce que je lançais presque tous les jours, j’étais sans cesse courbaturé. J’étais «racké» chaque jour et presque chaque heure de ma vie. Il m’était donc impossible de fonctionner sans prendre une quelconque médication.
    N’importe quel autre lanceur pourra témoigner de cette réalité: personne ne peut passer à travers une saison en buvant du jus de canneberge.
    En fait, la charge de travail est tellement violente pour le corps que lors de mes deux premières années dans le rôle de closer , je devais continuer de consommer des anti-inflammatoires quotidiennement durant la morte-saison pour essayer de remettre mon coude, mon dos et mes genoux en état.
    Dans un cadre dit normal, mon métier me forçait déjà à consommer d’assez importantes quantités de pilules pour fonctionner. Mais ce n’était que de la petite bière en comparaison avec tout ce que j’ai pu recevoir durant le dernier droit de la saison 2004.
    On m’injectait de la cortisone très régulièrement. De la lidocaïne aussi. Et durant les séries éliminatoires, on m’administrait quotidiennement du Toradol, un anti-inflammatoire extrêmement puissant qui faisait totalement disparaître la douleur durant une période de cinq à huit heures.
    Quand je quittais l’hôtel ou la maison pour me rendre au stade, j’étais incapable de lancer la balle. Et le même soir, quand je me présentais au monticule, mes rapides filaient à 95 milles à l’heure.
    Le lendemain matin, j’étais encore plus mal en point que la veille. Je

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