Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
me rendais au stade, je recevais de nouvelles doses et je retournais lancer comme si de rien nâétait. Et toute cette médication était considérée comme légale.
Dans les séries éliminatoires ou dans les matchs décisifs, il nây avait aucune limite à la quantité de médicaments disponibles. Absolument tous les membres de lâorganisation veulent participer aux séries et se rendre jusquâà la Série mondiale. Les joueurs autant que les préposés à lâéquipement ou les soigneurs. Tout le monde veut se rendre jusquâau bout.
Les joueurs touchent jusquâà 35% des recettes enregistrées aux guichets durant les séries éliminatoires. Et la plupart du temps, ils partagent le magot avec le personnel de soutien de lâéquipe. On parle de montants pouvant aller jusquâà 350 000 $ ou 375 000 $ par joueur et par employé.
Pour les membres du personnel, qui sont loin dâêtre millionnaires, ce sont des sommes qui changent une vie. Qui nâa pas rêvé un jour de pouvoir se présenter à la banque et de régler son hypothèque en signant un seul chèque?
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Le 23 septembre, Tracy a fait appel à mes services pour préserver une victoire de 9 à 6 contre les Padres, à San Diego. Et le lendemain je me suis retrouvé à San Francisco, sur la butte du SBC Park, pour défendre une mince avance de 2-1 face aux Giants.
Après deux retraits, jâai accordé trois buts sur balles consécutifs, dont une passe gratuite à Barry Bonds. Jâétais déréglé. Aussi loin que je pouvais remonter dans ma mémoire, jâétais incapable de me rappeler de la dernière fois où jâavais accordé trois buts sur balles au cours dâune même manche.
Heureusement, le receveur des Giants, Yorvit Torrealba, a mis fin au match en cognant un solide coup en flèche dans les mains de Jayson Werth, dans la gauche.
Le lendemain, les Giants nous ont vaincus, pour ainsi réduire notre avance à une partie et demie. Lâenjeu du troisième match, the rubber game , était donc crucial. Nous détenions le premier rang de façon ininterrompue depuis le 7 juillet. Il nâétait pas question de laisser les Giants nous souffler dans le cou et nous ravir notre place au fil dâarrivée. Nous voulions donc les repousser avant de rentrer au Dodger Stadium, où il nous restait sept matchs à disputer: quatre contre les Rockies du Colorado et trois contre les Giants.
Dans cette troisième partie face aux Giants, nous détenions une avance de 7 à 4 en huitième quand Tracy mâa envoyé au monticule. Il voulait sâassurer de fermer les livres en me confiant les deux dernières manches.
Après avoir liquidé les Giants dans lâordre en huitième, je suis retourné sur la butte pour affronter Michael Tucker, Pedro Feliz et Barry Bonds la manche suivante.
Même si je suis parvenu à retirer les deux premiers frappeurs de la manche, il mâa fallu 30 lancers pour venir à bout des Giants, alors quâil y avait deux coureurs sur les sentiers.
à grands coups dâinjections et de comprimés antidouleur, je fonctionnais de peine et de misère, en carburant sur les cendres déjà tièdes de ma domination passée.
Jâai préservé ce soir-là ma 45 e et dernière victoire de la saison 2004.
Notre place en séries éliminatoires ne sâest finalement confirmée que le 2 octobre, à la fin de notre 161 e et avant-dernier match du calendrier.
Nous étions alors au cÅur de notre dernière série de la saison au Dodger Stadium et nos adversaires étaient les Giants, qui accusaient deux matchs de retard sur nous. San Francisco se retrouvait donc dans lâobligation de nous battre deux fois dâaffilée pour créer une égalité en tête de la division Ouest.
Lorsque nous nous sommes présentés au bâton en fin de neu-vième manche, les hommes de Felipe Alou jouissaient dâune avance de 3 à 0. Et tout indiquait que nous allions devoir défendre notre peau le lendemain pour empêcher nos plus grands rivaux de nous rejoindre en tête.
Le closer des Giants, Dustin Hermanson, a cependant entrepris la manche en accordant un simple et trois buts sur balles, ce qui nous a éventuellement permis de remonter la pente et de
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