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George Sand et ses amis

George Sand et ses amis

Titel: George Sand et ses amis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Albert le Roy
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pourtant ce roman avait été conçu et commencé parmi les pires angoisses du procès qui mettait tout en cause pour George Sand, son avenir, sa fortune, le sort de ses enfants. Quand Mauprat parut dans la Revue des Deux Mondes, du 1er avril au 15 juin 1837, ce fut un cri d'admiration. Les exagérations sentimentales d'Indiana, de Valentine et de Jacques, les déclamations éloquentes de Lélia cédaient la place à une intrigue attachante dans un décor pittoresque. La Roche-Mauprat dressait la redoutable image du château-fort occupé par des hobereaux dégénérés, devenus des brigands. Edmée, qui appartient à la branche honorable de la famille, trouverait dans ce repaire, où elle s'égare au terme d'une partie de chasse, soit le déshonneur, soit la mort, si elle n'était sauvée par son petit cousin, Bernard Mauprat. Elle emmène et veut apprivoiser le louveteau. Autour de ces deux personnages se groupent les figures les plus variées : les farouches habitants de la Roche-Mauprat, le généreux père d'Edmée, et don Marcasse le preneur de taupes, et le vertueux Monsieur Patience. Longue et méritoire sera la lutte de Bernard pour triompher de son naturel violent et de la sauvagerie héréditaire. Il ira guerroyer en Amérique, dans l'armée de La Fayette, et, lors de son retour, il sera soupçonné, accusé d'un attentat commis contre Edmée par le dernier des Mauprat félons. L'innocent est condamné, après des débats tragiques, mais un dénouement favorable vient réconforter le lecteur sensible. Bernard épouse sa cousine. Et George Sand, au sortir de toutes les amertumes d'un mariage malheureux, tient à affirmer son respect et son culte pour l'union de deux êtres harmonieusement attachés par l'amour.
    Abdiquant les théories révoltées de ses premières oeuvres, elle montra la sainteté du lien conjugal formé sous d'heureux auspices.
    C'est sa réponse aux outrages et aux calomnies de M. Dudevant. «Le mariage-écrit-elle dans la notice de Mauprat-dont jusque-là j'avais combattu les abus, laissant peut-être croire, faute d'avoir suffisamment développé ma pensée, que j'en méconnaissais l'essence, m'apparaissait précisément dans toute la beauté morale de son principe... Tout en faisant un roman pour m'occuper et me distraire, la pensée me vint de peindre un amour exclusif, éternel, avant, pendant et après le mariage. Je fis donc le héros de mon livre attestant, à quatre-vingts ans, sa fidélité pour la seule femme qu'il eût aimée. L'idéal de l'amour est certainement la fidélité éternelle.» A ceux qui incriminent George Sand et allèguent l'immoralité de son oeuvre, il n'est point inutile d'opposer la thèse de Mauprat, où le mariage est proclamé «une institution sacrée que la société a le tort de rabaisser, en l'assimilant à un contrat d'intérêts matériels.» Et cette déclaration mérite d'être retenue : «Le sentiment qui me pénétrait se résume dans ces paroles de Mauprat vers la fin de l'ouvrage : «Elle fut la seule femme que j'aimai dans toute ma vie ; jamais aucune autre n'attira mon regard et ne connut l'étreinte de ma main.»
    On retrouve cette même doctrine, au terme du chapitre XI de la cinquième partie de l'Histoire de ma Vie, après que George Sand a rappelé les péripéties de ses procès et tout l'effort de son travail pour subvenir à l'éducation de ses enfants. «D'où je conclus, dit-elle, que le mariage doit être rendu aussi indissoluble que possible ; car, pour mener une barque aussi fragile que la sécurité d'une famille sur les flots rétifs de notre société, ce n'est pas trop d'un homme et d'une femme, un père et une mère se partageant la tâche, chacun selon sa capacité.
    Mais l'indissolubilité du mariage n'est possible qu'à la condition d'être volontaire, et, pour la rendre volontaire, il faut la rendre possible. Si, pour sortir de ce cercle vicieux, vous trouvez autre chose que la religion de l'égalité de droits entre l'homme et la femme, vous aurez fait une belle découverte.»
    A l'année 1837, se rattachent trois oeuvres secondaires de George Sand, qui procèdent de l'inspiration ou du souvenir de Venise : les Maîtres Mosaïstes, la Dernière Aldini et l'Uscoque. Elle écrivit les Maîtres Mosaïstes pour son fils, qui n'avait encore lu qu'un roman, Paul et Virginie. «Cette lecture, dit-elle, était trop forte pour les nerfs d'un pauvre enfant. Il avait tant pleuré, que je lui avais promis de lui faire un

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