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George Sand et ses amis

George Sand et ses amis

Titel: George Sand et ses amis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Albert le Roy
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d'intérêt de la part des hommes. Mais cet avenir est entre leurs mains. Les hommes seront un jour à leur égard ce qu'elles les feront.» Aussi bien George Sand s'abstient-elle de postuler pour la femme, soit la mission sacerdotale, soit l'action politique. Elle ne l'estime pas propre à tous les emplois. «Vous ne pouvez être qu'artiste, écrit-elle, et cela, rien ne vous en empêchera... Loin de moi cette pensée que la femme soit inférieure à l'homme. Elle est son égale devant Dieu, et rien dans les desseins providentiels ne la destine à l'esclavage. Mais elle n'est pas semblable à l'homme, et son organisation comme son penchant lui assignent un autre rôle, non moins beau, non moins noble, et dont, à moins d'une dépravation de l'intelligence, je ne conçois guère qu'elle puisse trouver à se plaindre.» Ce sont les fonctions et les joies de la maternité, ce sont les fatigues et les devoirs du ménage, c'est la tendresse consolatrice qui assiste et réconforte. George Sand a exprimé la même pensée en d'autres termes, dans ce récit de la guerre des Hussites, intitulé Jean Ziska :
    «Femmes, je n'ai jamais douté que malgré vos vices, vos travers, votre insigne paresse, votre absurde coquetterie, votre frivolité puérile, il n'y eût en vous quelque chose de pur, d'enthousiaste, de candide, de grand et de généreux, que les hommes ont perdu ou n'ont point encore. Vous êtes de beaux enfants. Votre tête est faible, votre éducation misérable, votre prévoyance nulle, votre mémoire vide, vos facultés de raisonnement inertes. La faute n'en est point à vous.» Elle reprenait là et développait une idée favorite de Lamennais, qui compare la femme à un brillant et folâtre papillon. Mais, chez cet être plus délicat que réfléchi, quelles ressources de sensibilité ! «Les larmes précieuses des âmes mystiques, écrit George Sand, fécondent un germe de salut.» Et quelle ardeur vers une foi religieuse qui est l'humaine figuration de l'idéal ! La femme a l'instinct ritualiste. Dans les cérémonies du culte, elle cherche les formes plus encore que la substance, elle croit et elle pratique plutôt par les sens que par la raison. Elle veut «la splendeur des rites, les émotions du sanctuaire, la richesse ou la grandeur des temples, ce concours de sympathies explicites, l'autorité du prêtre, en un mot tout ce qui frappe l'imagination.» George Sand s'inscrit là contre et répudie ce matérialisme religieux. «Il faudra, dit-elle, que les femmes renoncent à faire du culte un spectacle.» Elle demande une croyance plus mâle, des communications plus directes, plus intimes avec la Divinité. Elle formule ce qui nous apparaît comme la religion épurée et sublime. «Dieu, écrit-elle, a placé notre vie entre une foi éteinte et une foi à venir... Votre catholicisme, Marcie, est tombé dans les ténèbres du doute. Votre christianisme est à son aurore de foi et de certitude... S'il est encore des âmes croyantes, laissons-les s'endormir, pâles fleurs, parmi l'herbe des ruines.» Et voici le mystérieux appel qu'elle adresse à la vierge en qui se symbolisent le rêve et la recherche des vérités futures, aux clartés radieuses :
    «Marcie, il est une heure dans la nuit que vous devez connaître, vous qui avez veillé au chevet des malades ou sur votre prie-Dieu, à gémir, à invoquer l'espérance : c'est l'heure qui précède le lever du jour ; alors, tout est froid, tout est triste ; les songes sont sinistres et les mourants ferment leurs paupières. Alors, j'ai perdu les plus chers d'entre les miens, et la mort est venue dans mon sein comme un désir. Cette heure, Marcie, vient de sonner pour nous ; nous avons veillé, nous avons pleuré, nous avons souffert, nous avons douté ; mais vous, Marcie, vous êtes plus jeune ; levez-vous donc et regardez : le matin descend déjà sur vous à travers les pampres et les giroflées de votre fenêtre. Votre lampe solitaire lutte et pâlit ; le soleil va se lever, son rayon court et tremble sur les cimes mouvantes des forêts ; la terre, sentant ses entrailles se féconder, s'étonne et s'émeut comme une jeune mère, quand, pour la première fois, dans son sein, l'enfant a tressailli.»
    Vers qui se tournera l'espérance de ceux qui cherchent les horizons nouveaux de la Terre promise ? Vers Lamennais, au gré de George Sand. Il conduira l'humanité par des sentiers inconnus, il abaissera devant elle les barrières et les

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