Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
George Sand et ses amis

George Sand et ses amis

Titel: George Sand et ses amis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Albert le Roy
Vom Netzwerk:
il la regarda, et la trouva si belle qu'il pleura, et il ne sut quelle rosée tombait de ses yeux, car jusque là l'homme n'avait pas pleuré. Et l'homme connut la femme dans les pleurs et dans la joie.»
    Au réveil, «quand l'étoile du matin vint à pâlir sur la mer,» il se demanda si c'était un rêve, et il attendit avec impatience que le jour éclairât l'obscurité de sa demeure. «Mais la femme lui parla, et sa voix fut plus douce à l'homme que celle de l'alouette qui venait chanter sur sa fenêtre au lever de l'aube.» Tout aussitôt il se mit à verser des pleurs d'amertume et de désolation. Pourquoi ? C'est qu'avec l'amour il a conçu la précarité de son destin. «Car tu vaux mieux que la vie, dit-il, et pourtant je te perdrai avec elle.» D'un regard, d'un sourire, elle le console en murmurant ces mots : «Si tu dois mourir, je mourrai aussi, et j'aime mieux un seul jour avec toi que l'éternité sans toi.» Il suffit de cette parole pour endormir la douleur de l'homme. La femme lui a apporté l'espérance. «Il courut chercher des fruits et du lait pour la nourrir, des fleurs pour la parer.» Et le Poème de Myrza, qui commence par une cantilène d'hyménée, se termine par un appel mystique sur la route qui mène au désert de la Thébaïde. En allant de l'homme à Dieu, Myrza peut encore dire : «Ma foi, c'est l'amour !»
    Lamennais et George Sand allaient suivre des chemins divers, elle vers le socialisme sentimental de Pierre Leroux, lui vers l'idéalisme d'une démocratie chrétienne. En février 1841, quand l'auteur des Paroles d'un Croyant, enfermé à Sainte-Pélagie, lança une sorte d'anathème contre les revendications féministes, George Sand lui répliqua en s'étonnant qu'il refusât estime et confiance à tout ce qui ne porte pas de barbe au menton. «Nous vous comptons, dit-elle, parmi nos saints, vous êtes le père de notre Eglise nouvelle.» Mais tous ces éloges ne sauraient ébranler la rigidité de Lamennais. Le 23 juin 1841, il mande à M. de Vitrolles dans une de ces lettres qu'a publiées en 1883 la Nouvelle Revue : «Je crois vraiment que George Sand m'a pardonné mes irrévérences ; mais elle ne pardonne point à saint Paul d'avoir dit : Femmes, obéissez à vos maris. C'est un peu dur, en effet.» Dans une autre lettre du 25 novembre 1841 au même M. de Vitrolles, Lamennais stigmatise les tendances anti-chrétiennes de la Revue Indépendante, et prédit que son directeur Pierre Leroux ne tardera pas à rester seul avec madame Sand. «Celle-ci, ajoute-t-il, fidèle au révélateur, prêche, dès la première livraison, le communisme, dans un roman [Horace.] où je crains bien qu'on trouve peu de traces de son ancien talent. Comment peut-on gâter à plaisir des dons naturels aussi rares !»
    Dans la Correspondance de George Sand, on ne rencontre, à partir de 1842, aucune lettre adressée à Lamennais. Mais elle lui dédia, le 4 mai 1848, un article recueilli dans le volume intitulé : Souvenirs de 1848. Elle y discute le projet de Constitution élaboré par Lamennais, et lui reproche de remettre aux mains d'un seul homme le pouvoir exécutif.
    «La présidence, dit-elle, serait forcée de devenir la dictature, et tout dictateur serait forcé de marcher dans le sang.» Pour n'être que d'une femme, l'argument avait sa valeur. Lamennais et la France en comprirent la portée au lendemain du 2 Décembre. George Sand avait été plus clairvoyante que les hommes politiques et les fabricants de constitutions.

CHAPITRE XX - INFLUENCE MÉTAPHYSIQUE : PIERRE LEROUX
    Lorsque la doctrine idéaliste, chrétienne et démocratique de Lamennais ne suffit plus à satisfaire la ferveur réformatrice de George Sand, elle trouva un nouveau guide et un autre Mentor, un peu nébuleux celui-là, en la personne de Pierre Leroux. Un enthousiasme non moins moindre, plus humain et sans doute mieux payé de retour, la posséda. Durant quatre ou cinq ans, elle jura sur la foi de ce métaphysicien socialiste. A propos de la traduction qu'il fit de Werther et qui était illustrée d'eaux-fortes de Tony Johannot, elle écrivit : «C'est une chose infiniment précieuse que le livre d'un homme de génie traduit dans une autre langue par un autre homme de génie.» Le mot dépasse, à coup sûr, le jugement que la postérité portera sur Pierre Leroux ; mais George Sand, comme on sait, n'était pas sans outrance dans ses admirations. Le philosophe, à qui Buloz refusait un jour certain

Weitere Kostenlose Bücher